L’Iran accepte de libérer cinq prisonniers américains en échange d’un accès à 6 milliards de dollars

Cinq Américains emprisonnés depuis des années en Iran ont été placés en résidence surveillée dans un hôtel de Téhéran avant d’être rapatriés. En échange, Washington libérera plusieurs Iraniens et permettra à ce pays un accès éventuel et contrôlé aux 6 000 millions de dollars du business pétrolier, bloqués par les sanctions.

Dans cette première étape et après deux ans de négociations plus que discrètes avec l’un des grands ennemis des États-Unis, les prisonniers en Iran, qui ont la double nationalité, ont quitté jeudi la prison d’Evin, un pénitencier de mauvaise réputation, et ils ont été transférés dans un hôtel, où ils seront surveillés par la police iranienne jusqu’à ce qu’ils embarquent dans quelques semaines dans l’avion qui les ramènera aux États-Unis.

Sans confirmation officielle, divers médias ont indiqué que l’administration Biden libérerait les ressortissants iraniens qui purgent des peines de prison pour avoir enfreint les sanctions imposées à leur pays, bien qu’on ne sache pas qui ils sont et ce qu’ils ont fait.

En outre, les États-Unis transféreront également quelque 6 milliards de dollars d’actifs de l’Iran détenus en Corée du Sud. L’exécution de l’accord établit que cet argent sera déposé sur un compte de la banque centrale du Qatar. Le gouvernement de ce pays, toujours selon les sources citées par les médias américains, sera chargé de contrôler et de réguler l’accès de l’Iran à ce capital. Cette somme doit être utilisée pour payer des achats humanitaires tels que des médicaments et de la nourriture, des biens qui sont rares dans ce pays précisément en raison du blocus économique dû à son défi nucléaire.

Dans un communiqué, la Maison Blanche a applaudi le mouvement des personnes incarcérées, qui, tout en espérant, “n’auraient jamais dû être arrêtées et nous n’aurons pas de repos tant qu’elles ne seront pas de retour”, a-t-on fait remarquer. Mais ils ont refusé d’ajouter quoi que ce soit d’autre car “les négociations sont en cours et délicates”.

La famille de l’un des prisonniers à double nationalité, Siamak Namazi, 51 ans et condamné à dix en 2015, avait déjà confirmé l’accord. Namazi est en prison depuis huit ans, historiquement plus longtemps que tout autre Américain. Deux autres personnes transférées à l’hôtel sont Emad Sharghi et Morad Thahbaz, tous deux arrêtés en 2018. Tous trois ont été inculpés d’accusations d’espionnage non substantielles.

Les familles des deux autres ont choisi de ne pas révéler les noms. L’un est un scientifique et l’autre est engagé dans les affaires. Les trois identifiés et un autre ont été transférés jeudi. L’autre prisonnier, apparemment une femme, les a précédés à la situation d’arrestation.

Jared Genser, l’avocat de Namazi, a fait preuve de retenue dans ses déclarations. Il a exprimé sa confiance que c’est le premier pas vers la libération définitive, le début de la fin. Mais il a reconnu que rien ne garantit que cela se produira désormais.

L’accord avec l’Iran fait partie d’une série d’échanges de prisonniers secrètement négociés par l’administration Biden dans ses efforts pour ramener chez eux des Américains que le Département d’État qualifie de détenus injustifiés. Les cinq personnes impliquées dans cet échange ont nié les accusations portées par l’Iran contre elles.