L’Iran libère cinq otages américains après avoir débloqué 6 milliards de dollars

Les États-Unis et l’Iran ont rendu effectif l’échange de cinq prisonniers de chaque pays une fois achevé le transfert au Qatar de 6 milliards de dollars de fonds de la République islamique gelés en Corée du Sud.

Washington avait approuvé une exemption pour le déblocage des fonds des dettes contractées par les autorités coréennes à l’occasion de l’achat de gaz à l’Iran. Le montant susmentionné a déjà été transféré sur divers comptes de la petite et puissante monarchie du Golfe. L’accord qui a abouti à la libération des dix prisonniers avait été annoncé le 10 août.

L’échange de prisonniers a lieu au Qatar, qui a fait office de médiateur – il entretient de bonnes relations avec les deux parties – entre Téhéran et Washington. Les cinq citoyens américains et deux des cinq Iraniens ont atterri hier après-midi à Doha. Les trois prisonniers iraniens libérés restants ne retourneront pas dans ce pays du Moyen-Orient : deux resteront aux États-Unis et un se rendra dans un pays tiers qui n’a pas encore été précisé.

Cet accord se reflète au milieu des critiques internationales contre le régime des mollahs pour la répression brutale dirigée depuis des mois contre sa population.n à l’occasion de l’anniversaire de la mort de la jeune Mahsa Amini. Un flux d’informations que Téhéran aspire à contrecarrer avec ce mouvement. Par ailleurs, il note une apaisation des tensions entre Washington et Téhéran, même si un hypothétique accord nucléaire est encore loin pour deux pays ennemis jurés qui n’entretiennent pas de relations diplomatiques.

“Cinq citoyens iraniens détenus aux Etats-Unis seront libérés et cinq citoyens américains rentreront aux Etats-Unis”, a déclaré lundi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Naser Kanani. “Nous espérons avoir aujourd’hui la confirmation du transfert de la totalité” des fonds bloqués et que “l’échange des prisonniers aura lieu ce même jour”, a déclaré Naser Kanani depuis Téhéran.

Selon les mots du porte-parole de la République islamique, parmi les Iraniens libérés, « Deux retourneront en Iran, un autre se rendra dans un pays tiers en raison de la présence de sa famille dans ce pays et les deux derniers resteront » sur le territoire américain.

Parmi les cinq Américains qui seront libérés figure l’homme d’affaires Siamak Namazi, arrêté en 2015 et condamné à dix ans de prison en 2016 pour espionnage. À son arrivée à l’aéroport international de Doha, Namazi a déclaré :“en otage, 2 898 jours de ce qui aurait dû être les meilleurs jours de ma vie m’ont été volés et supplantés par le tourment”.

Après avoir célébré sa libération, le citoyen américain a prévenu que « Il reste beaucoup à faire » car « au cours des 44 dernières années, le régime iranien a maîtrisé le jeu désagréable consistant à mettre en cage des Américains innocents et d’autres citoyens étrangers et à commercialiser leur liberté ».

En revanche, parmi les cinq Iraniens qui seront libérés par Washington, se distinguent Reza Sarhangpour et Kambiz Attar Kashani, accusés d’avoir éludé les sanctions américaines contre l’Iran.

L’annonce a également eu lieu hier dans la capitale des États-Unis. Depuis Washington, un haut responsable de la Maison Blanche a confirmé lundi que cinq Américains emprisonnés en Iran avaient quitté la capitale du pays. Par ailleurs, le responsable susmentionné a assuré que cinq citoyens iraniens condamnés aux États-Unis pour des crimes non violents bénéficieront de mesures de grâce.. La Maison Blanche a également confirmé hier que l’échange de prisonniers s’accompagne de sanctions contre le ministère iranien du Renseignement et l’ancien président de la République islamique entre 2005 et 2013 Mahmud Ahmadinejad.

De son côté, le président américain Joe Biden a prévenu Téhéran qu’il continuerait à imposer des sanctions au régime « pour ses actions provocatrices » dans la région, avant d’annoncer que les susmentionnés Siamak Namazi, Morad Tahbaz et Emad Sharghi et deux autres citoyens dont l’identité n’a pas été révélée « retrouveront bientôt leurs proches » aux États-Unis.

L’échange de prisonniers réalisé ce lundi couronne de longues négociations, qui durent depuis des mois, entre Washington, Téhéran et Doha. La libération des fonds, détenus par la Corée du Sud dans le cadre des sanctions imposées par Washington au régime des ayatollahs, était une condition nécessaire à l’échange de cinq détenus de chaque côté. Une fois le transfert des fonds confirmé, le gouverneur de la Banque centrale d’Iran, Mohamad Reza Farzin, a annoncé que son pays poursuivrait la Corée du Sud en justice pour avoir retenu les fonds susmentionnés.