2024-11-06 15:46:00
Une deuxième expulsion depuis l’Italie vers l’Albanie de migrants secourus en mer est déjà en cours, après l’échec de la première, mais dès qu’elle a commencé, on peut dire que cela ressemble encore une fois à un fiasco et remet en question la viabilité de l’opération lointaine. -le projet du gouvernement de droite de Giorgia Meloni, qui est encore une fois très remis en question. Si lors du premier transfert un navire militaire avec un équipage d’environ 70 personnes a été mobilisé pour transporter seulement 16 migrants vers le port de Shengjin, cette fois il y en a encore moins, à bord du même navire : huit, selon les médias italiens, des que leur nationalité n’a pas encore été révélée et qu’ils devraient arriver demain, jeudi ou vendredi dans ce pays des Balkans.
Il s’agit d’une infime proportion de tous ceux qui sont arrivés sur l’île de Lampedusa en deux jours, soit plus de 1.200 personnes, et un infime groupe pour ce qui est prévu dans le grand camp d’internement de Gjadër, en Albanie, de plus de 1.000 places. C’est-à-dire qu’il est confirmé qu’en réalité très peu de migrants remplissent les conditions pour être expulsés. Et ces quelques-uns doivent encore passer le filtre du tribunal de l’immigration de Rome, qui doit valider leur rétention dans les 48 heures, une fois arrivés à terre, et la première fois, cela a fait échouer toute l’opération.
Un coût estimé à un milliard
Le faible nombre de migrants transférés, alors qu’on s’attendait cette fois à ce qu’il s’agisse d’un groupe plus important, remet une fois de plus en question le coût de l’opération. L’Italie prévoit un investissement pour le camp d’internement de Gjadër, à une heure de route au nord de Tirana, de 653,3 millions d’euros sur cinq ans. Parmi eux, 260 millions concernent uniquement l’envoi, le salaire et l’entretien du personnel, soit 295 fonctionnaires et agents déployés sur place et hébergés dans un complexe hôtelier cinq étoiles. Même si l’opposition affirme qu’il s’agit d’un chiffre minimum estimé, et qu’à terme le budget atteindra un milliard. Avec le premier transfert de 16 migrants, l’opposition a déjà calculé une dépense de 18 000 euros pour chacun d’eux, même si le ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, a ensuite assuré qu’il s’agissait de 8 400 euros pour l’ensemble du voyage. En tout cas, c’est désormais environ la moitié du nombre de personnes.
La clé du fait que l’Italie ne parvient à transférer que de petits groupes vers l’Albanie réside dans les critères de sélection rigoureux établis pour équilibrer les limites de la légalité. Ils limitent considérablement le nombre final et on s’attendait déjà à ce qu’ils entravent l’ensemble du plan, que l’UE suit avec intérêt car elle entend répéter la formule. Le protocole controversé de détention à la frontière et de rejet ultérieur de la demande d’asile ne peut être appliqué qu’aux migrants de sexe masculin, adultes et en bonne santé, secourus dans les eaux internationales par des navires battant pavillon italien (et non, par exemple, par des ONG étrangères). Et surtout, ils doivent provenir de 19 pays que l’Italie considère comme sûrs et qui respectent les droits de l’homme, c’est pourquoi les autorités prévoient que leurs demandes d’asile seront rejetées et qu’ils pourront entrer dans ce protocole rapide.
Mais c’est là qu’il y a encore un obstacle plus important, car selon les critères de l’UE, seuls sept de ces 19 pays peuvent effectivement être classés comme sûrs. C’est ce qu’a établi un récent arrêt de la Cour de justice de l’UE en octobre, sur lequel la Cour de Rome s’est appuyée le mois dernier pour rejeter le maintien des premiers migrants expulsés vers l’Albanie. La résolution soutient que si les droits fondamentaux sont violés dans une région ou si un groupe est persécuté, le pays tout entier doit être considéré comme dangereux. De cette manière, il a exclu de la liste les principaux pays d’origine des arrivées par voie maritime vers l’Italie, comme le Bangladesh, l’Égypte ou la Tunisie. En bref, cela a rendu inutile tout le modèle albanais. Les migrants lors de la première expulsion venaient, par exemple, du Bangladesh et de l’Égypte, considérés comme dangereux selon les critères de l’UE, et c’est pourquoi le tribunal romain a rejeté la demande de détention à la frontière.
Le gouvernement Meloni a réagi au revers judiciaire par un décret-loi qui, selon lui, renforçait l’obligation des magistrats d’appliquer la réglementation italienne et non la réglementation européenne. La grande majorité des experts et toutes les associations judiciaires ont rappelé au contraire que le droit communautaire est ce qui vaut en cas de conflit. En effet, les tribunaux de Palerme et de Catane, où sont arrivées la plupart des demandes du protocole rapide controversé, approuvé il y a un an et demi, ont jusqu’à présent rejeté 90 % d’entre elles. C’est-à-dire que l’obstacle juridique s’est également vu venir, mais Meloni a décidé d’aller de l’avant. Aujourd’hui, en fait, leur stratégie consiste à reprocher aux tribunaux d’outrepasser leurs pouvoirs et d’empiéter sur ceux de l’Exécutif.
Face au nouveau conflit qui se profile, le tribunal de Bologne qui devait se prononcer sur une demande d’asile a déjà adressé la semaine dernière une requête au tribunal de Luxembourg pour clarifier ce qu’il devait faire. Cependant, cela pourrait prendre des mois pour être prononcé. Au milieu de cette confrontation entre le gouvernement, la justice et les normes européennes en matière d’asile, arrive cette deuxième expulsion. Sa nationalité n’est pas encore connue, ce qui laisse présager une grande partie de ce qui pourrait arriver. Le tribunal de Rome pourra alors rejeter à nouveau la demande de rétention, ou l’accepter, ou renvoyer une consultation aux juges européens.
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