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L’OMS alerte sur une nouvelle bactérie : Acinetobacter baumannii résistant aux carbapénèmes

L’OMS alerte sur une nouvelle bactérie : Acinetobacter baumannii résistant aux carbapénèmes

L’OMS alerte sur une nouvelle bactérie. Atlantico : Communément appelée CRAB, la bactérie Acinetobacter baumannii, largement considérée comme inoffensive, est devenue la principale préoccupation de l’OMS en termes de danger pour la santé mondiale. Pourquoi ? Dans quelle mesure est-elle dangereuse ? Victor Zosim : Tout d’abord, distinguons Acinetobacter baumannii des souches CRAB, car ce ne sont pas exactement la même chose. A. baumannii est une espèce de bactéries capable de provoquer diverses infections chez l’homme, dont la majorité se produit dans les hôpitaux. Il s’agit principalement de sepsis, d’infections respiratoires et urinaires, toutes associées à une mortalité brutale pouvant atteindre 65%. La raison de son apparition est complexe et loin d’être entièrement comprise, mais le facteur déclencheur semble être la création d’un environnement propice où cette bactérie peut exister et se propager. Cet environnement est constitué de l’hôpital lui-même et du patient qui y séjourne pendant une longue période, recevant de nombreux antibiotiques et étant soumis à du matériel médical tel que des sondes, des cathéters, du matériel d’intubation, etc. Les épidémies se sont intensifiées depuis les années 70 et le mythe de la bactérie inoffensive a rapidement été confronté à la réalité du terrain. Le clou du spectacle a été enfoncé avec l’apparition des souches CRAB. Ce terme est un acronyme anglais qui signifie “A. baumannii résistante aux carbapénèmes”. Les carbapénèmes sont des antibiotiques très précieux et constituent l’une des dernières lignes de défense. Selon les dernières estimations, il y a 3,6 millions de décès par an dans le monde dus à des infections bactériennes multirésistantes. Le CRAB est le quatrième agent pathogène le plus mortel. Étant donné qu’il existe peu (voire pas du tout) d’antibiotiques pour traiter ces patients, l’OMS l’a placé en tête de liste des agents pathogènes prioritaires pour lesquels de nouveaux traitements doivent être trouvés de toute urgence en 2017. Ces nouvelles molécules apparaissent timidement, mais la mauvaise nouvelle est que les résistances émergent très rapidement, d’où le principal danger de ces souches. Pour ne pas alarmer nos lecteurs et provoquer une panique totale, précisons tout de même que la France est relativement épargnée par ce problème. Ici, les CRAB représentent moins de 2% de toutes les souches invasives et les chiffres sont stables. Cela ne signifie en aucun cas que nous sommes particulièrement spéciaux et immunisés contre ce danger. Nous devons continuer à être vigilants. Qu’est-ce qui explique que l’hôpital soit pratiquement le seul endroit où cette bactérie se propage ? Plusieurs raisons sont en jeu. J’ai déjà mentionné le rôle des hôpitaux dans la création d’un environnement propice à la propagation de cette bactérie. Elle colonise très facilement les matériaux plastiques dans les hôpitaux, presque toutes les surfaces, les canalisations, presque tout le matériel médical. De plus, les carbapénèmes ne sont administrés que dans les hôpitaux. Une pression de sélection se crée dans cet environnement, où seuls les survivants les plus adaptés restent. C’est du darwinisme à l’échelle de l’hôpital, d’où l’importance d’une utilisation correcte et mesurée de ces traitements, dont nous avons malheureusement abusé. C’est en quelque sorte un “animal de l’hôpital”, un sous-produit indésirable de notre activité de soins. Nous prenons en charge un grand nombre de pathologies, et cela a créé un risque accru d’infections. C’est une conséquence non voulue mais bien réelle de nos soins, que nous essayons de combattre du mieux que nous pouvons. Quelles sont les origines de la découverte de cette bactérie ? Comment s’est-elle propagée ? Son histoire est particulièrement complexe, car depuis son isolement à partir du sol en 1911 par Beijerinck, un microbiologiste néerlandais, jusqu’à l’apparition d’outils suffisamment discriminants en microbiologie pour son identification correcte, plus d’un demi-siècle s’est écoulé. C’est aussi une raison expliquant la lenteur avec laquelle la communauté médicale a pu identifier son potentiel pathogène. Son nom d’espèce, “baumannii”, a été donné en l’honneur de Paul Baumann, qui a correctement défini le genre Acinetobacter en 1968. À cette époque, on ne savait toujours pas faire la distinction entre les espèces, et il existe en fait une multitude d’espèces d’Acinetobacter. Seules A. baumannii et rarement quelques autres espèces sont réellement impliquées dans la pathologie humaine. Les autres espèces sont des bactéries que l’on retrouve dans différents environnements et qui ne posent pas de danger réel à ce jour. Nous savons que seuls quelques clones dits “globaux” se sont propagés, mais les raisons de leur émergence et de leur domination sont des questions d’actualité. Il semble qu’il y ait eu récemment un “goulot d’étranglement” dans l’évolution de l’espèce, probablement lié à l’introduction des antibiotiques, ce qui a entraîné une nette baisse de la diversité des souches. Ces souches ont accumulé des mécanismes de résistance selon un phénomène appelé “capitalisme génétique” : les bactéries résistantes deviennent de plus en plus résistantes. Comment expliquer nos difficultés à lutter contre cette bactérie ? Je l’appelle la “résistance incarnée” et je plaisante en disant que ce sont les célèbres 0,01% de bactéries qui ne sont pas éliminées par les désinfectants. Elle a une capacité naturelle à résister à toutes sortes d’agressions physiques et chimiques. Elle peut persister dans l’environnement hospitalier pendant des semaines – une épidémie maîtrisée peut reprendre plus tard car la bactérie réapparaît à partir d’une source précédemment non contrôlée. Les soignants la transmettent également, principalement par les mains, mais aussi par contact avec tout type de matériel. En France, les patients atteints de CRAB sont isolés, ce qui permet de rompre la chaîne de transmission, mais si par malheur cela est fait trop tard, cela peut aller jusqu’à la fermeture du service. Vous pouvez imaginer les répercussions humaines et matérielles que cela peut engendrer. Sur quoi porte la recherche dans ce domaine ? En ce qui concerne la pratique
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2023-08-12 13:19:06

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