L’ONU et l’UE critiquent les exécutions par asphyxie à l’azote, les qualifiant de « particulièrement cruelles »

L’Union européenne et les Nations Unies ont critiqué le exécution d’un prisonnier dans l’État américain de l’Alabama par hypoxie à l’azote et ils ont souligné que la méthode utilisée n’avait pas été testée auparavant.

“Je regrette profondément l’exécution de Kenneth Eugene Smith en Alabama malgré de sérieuses inquiétudes quant au fait que cette méthode nouvelle et non testée d’asphyxie à l’azote pourrait impliquer des actes de torture ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants”, a déclaré le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Turk. Il a souligné dans une déclaration que « la peine de mort est incompatible avec le droit fondamental à la vie » et a demandé à « tous les États » de « mettre en œuvre un moratoire sur son recours, comme une étape vers son abolition ».

De son côté, le Service européen pour l’action extérieure a “regretté” l’exécution du prisonnier Kenneth Smith par asphyxie à l’azote gazeux, une méthode “particulièrement cruel et inhabituel”.

“Nous demandons aux Etats qui maintiennent la peine de mort d’appliquer un moratoire et d’avancer vers l’abolition, conformément à la tendance mondiale”, souligne le texte, qui salue le fait que 29 Etats américains ont déjà aboli la peine de mort ou appliqué des moratoires sur les exécutions.

En ce sens, la diplomatie européenne réitère sa ferme opposition à ce châtiment « en tout temps et en toutes circonstances ». “C’est une violation du droit à la vie et un déni définitif de la dignité humaine”, a-t-il indiqué, soulignant que la peine de mort “ne dissuade pas le crime” et “représente une punition ultime qui rend irréversibles les erreurs judiciaires”.

L’UE rappelle qu’aux États-Unis 196 innocents ont été exonérés de la peine capitale quand ils étaient dans le couloir de la mort. La condamnation à mort à l’azote gazeux a été critiquée par les experts comme étant expérimentale et potentiellement inutilement douloureuse et dangereuse pour le condamné et les personnes présentes dans la pièce.

L’exécution a eu lieu à la prison William Holman à Atmore, après que la Cour suprême des États-Unis a refusé d’intervenir dans cette affaire. Smith, qui a passé trois décennies dans le couloir de la mort, a survécu à une exécution par injection mortelle en novembre 2022, une procédure qui a été bâclée.

Smith a été reconnu coupable en 1988 du meurtre pour compte d’autrui d’Elizabeth Sennett, dont le mari – Charles Sennett – a engagé plusieurs hommes pour tuer sa femme et faire croire qu’elle était morte dans un vol. Le mari s’est suicidé une semaine plus tard, alors que les enquêtes se concentraient sur lui. L’Alabama est l’un des trois États des États-Unis qui autorisent l’hypoxie à l’azote comme alternative à l’injection létale et à d’autres méthodes traditionnelles de peine capitale. L’Oklahoma et le Mississippi sont les autres États qui ont autorisé ce type de peine capitale, même si jusqu’à présent aucun d’entre eux n’avait été utilisé.