2023-04-24 17:50:38
Dl’humanité, peut-être surtout sa partie allemande, souffre d’ailleurs d’une perte de mémoire croissante, dans la mesure où l’information est toujours et partout disponible en même temps dans des appareils électroniques de plus en plus petits. Le grand oubli des contextes historiques – d’où l’on vient, par exemple, en termes de mentalité, où l’on n’a décidément pas envie de revenir en arrière – a depuis longtemps atteint des périodes historiquement proches, si l’on peut dire.
Des histoires qui devraient avoir une plaque d’immatriculation H s’il s’agissait de véhicules à moteur. Dont petits-enfants et arrière-petits-enfants ne connaissent que des phrases éparses, sur lesquelles leurs proches bientôt à la retraite se jettent régulièrement de rire lorsqu’ils apparaissent placés de manière incohérente dans la pièce.
“Je ne te crie pas dessus”, dit l’un d’eux. “Dieu, comme les hommes sont primitifs”, dit un autre. “Le canard reste dehors”, “Quel ton méchant” et : “Le chien ne sait même pas parler.”
Ce sont des phrases comme des machines à voyager dans le temps qui ramènent les personnes d’un âge avancé aux années soixante-dix. Des bribes de l’histoire allemande de la mentalité. Rédigé par un dissecteur de la vie quotidienne, de l’habitude et de la communication, polissant avec pédant les punchlines.
Un homme dont on aimerait bien savoir comment il déformerait ce qu’il a rencontré dans la salle des machines des comportements actuels de discussion entre les sexes, dans les médias, au Bundestag et à la table du petit-déjeuner en termes de comportement de parole auto-dévorant mécanique dans des dialogues absurdement drôles.
![M. Müller-Lüdenscheidt et Dr. Klöbner](https://i0.wp.com/img.welt.de/img/kultur/mobile244958342/0852507487-ci102l-w1024/Herren-im-Bad-FilmstillsAb-20-April.jpg?w=1170&ssl=1)
M. Müller-Lüdenscheidt et Dr. Klöbner
Source : Studio Loriot/Salzgeber
Cela nous amène enfin au premier constat de « La Grande Revue du Film d’Animation de Loriot », qui vient de sortir en salles : Douze ans après sa mort, il manque toujours en tant que déformateur virtuose de la culture allemande bourgeoise. Ou maintenant.
31 croquis sont dessinés sur l’écran en 80 minutes. Compilé par Peter Geyer. Redessiné, recoloré. Étincelant frais et non pelucheux retravaillé comme une Coccinelle VW nouvellement construite avec des fenêtres en bretzel dans la salle d’exposition d’un musée automobile. La rénovation des miniatures, qui sont bien sûr conservées vivantes et presque entièrement accessibles par l’éditeur maison de Loriot Diogène sur DVD, sur YouTube et régulièrement sur diverses chaînes de télévision allemandes, a été nécessaire afin de les amener au format toile.
Personne n’a à s’inquiéter, cependant, que M. Hippentraut, l’éleveur de lapins, ou le professeur Bartels, l’inventeur de l’utilisateur familial, Berta et Hermann et le petit déjeuner oeuf Des monstres similaires sont devenus comme Maya l’abeille et Wickie après leur dernière poussée de numérisation. Les couleurs sont saturées, les lignes sont subtilement lissées. Pas un iota n’a été modifié sur l’animation en bois. Une affectueuse prudence y était à l’œuvre. Les filles de Loriot étaient parmi les producteurs.
Bande-annonce de “La grande revue du film d’animation de Loriot”
Vous trouverez ici du contenu de YouTube
Que Geyer, le chien qui parle, M. Müller-Lüdenscheidt et le docteur Klöbner, la femme du forestier meurtrier et les scènes d’un mariage qui dégénère d’un état de calme passif-agressif défilent en fait comme une revue à numéros sans explications curatoriales, sans informations sur la façon dont c’est arrivé, même sans arrière-pensée dramaturgique évidente, c’est plutôt malheureux.
Malgré tous les efforts pour changer les choses, on a parfois l’impression d’être au bord d’un choc sucré humoristique. D’autant plus que tous les sketchs ne sont pas aussi bons que les phrases dont vous vous en souvenez, et que certains n’ont pas vieilli aussi bien que vous l’auriez souhaité.
Les baby-boomers qui vont au grand spectacle du nez bulbeux avec leurs enfants et petits-enfants auront beaucoup à expliquer par la suite (par exemple, qui était l’homme hanséatique décomplexé avec la banane grise et les dents découvertes à la fin). Mais c’est peut-être une bonne chose.
L’humour allemand et sa réputation
Nées de l’esprit de Beckett et de Monty Python, les œuvres d’art linguistiques de Loriot sont là où elles sont intemporelles (ce qu’elles sont généralement, comme le montre Geyer’s Revue) et ébouriffent affectueusement et vicieusement l’objet central de leur plaisanterie, le citoyen allemand, parfait antidote à plaisante platement l’humoriste présent. Des leçons pour tous ceux qui veulent savoir comment pousser à l’extrême une communication qui s’effrite, et qui est probablement plus nombreuse aujourd’hui que dans les années 1970.
Et pour le fait que l’humour allemand (comme la cuisine britannique) peut être meilleur que sa réputation. Au fait, il y a aussi un sketch dans la revue. Mais ce n’est pas si bon.
#Loriot #cinéma #peu #avant #choc #sucré #humoristique
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