L’OTAN a besoin d’une présence plus “visible” dans les pays baltes pour contrer la menace que la Russie représente depuis la Biélorussie, a averti vendredi le président lituanien Gitanas Nausėda.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a suscité une discussion au sein de l’alliance militaire transatlantique sur la meilleure façon de défendre ses membres orientaux, les dirigeants se réunissant à Madrid la semaine prochaine pour approuver de nouveaux plans.
S’exprimant avant le sommet, Nausėda a déclaré à POLITICO que “des changements fondamentaux très importants” dans la Biélorussie voisine rendent la Lituanie plus vulnérable à une attaque russe rapide – et nécessitent un changement dans les arrangements de sécurité de la région.
Le dirigeant lituanien a déclaré qu’il décrirait la Biélorussie d’aujourd’hui comme une “province supplémentaire” de Moscou, ajoutant que “l’armée russe peut faire ce qu’elle veut pour déplacer les forces, déployer l’équipement”.
Dans le passé, a déclaré Nausėda, la stratégie de l’OTAN reposait sur des renforts. Des forces relativement petites étaient stationnées sur le bord oriental de l’alliance, les alliés devant venir en aide à la région en cas d’attaque.
Mais la nouvelle réalité, selon le dirigeant lituanien, “ne nous laisse pas le temps de réagir”, car les troupes russes “pourraient être facilement déployées très près de notre frontière” et “il n’y aura pas de temps pour des renforts”, a-t-il déclaré.
Maintenant, les responsables baltes demandent plus de troupes, d’armes et de défense aérienne.
L’Allemagne, qui dirige déjà un groupement tactique de l’OTAN en Lituanie, a récemment annoncé qu’elle renforcerait sa contribution aux défenses du pays. Le plan comprend des troupes qui seraient affectées à la sécurité de la Lituanie mais toujours officiellement basées en Allemagne.
Ce modèle devrait trouver un écho dans d’autres pays. Les responsables et les diplomates de l’OTAN négocient un compromis par lequel certains alliés renforceront leur présence le long du flanc oriental – y compris en y plaçant plus d’armes et en affectant des troupes disponibles pour défendre la région – mais sans s’engager dans des bases permanentes à long terme et à grande échelle.
“La partie allemande a fait preuve d’un engagement fort pour accroître la présence avancée en Lituanie”, a noté Nausėda.
“Ce qui est le plus important” pour les pays baltes, a-t-il dit, c’est “d’avoir des assurances très claires” de la part des alliés sur une “présence avancée plus visible ici dans les pays baltes”.
Et tandis que les décideurs de la région ont fait pression pour plus de troupes – et une présence plus permanente – dans la région, le président a reconnu de nombreux obstacles logistiques.
Le stationnement permanent des forces de l’OTAN en Lituanie “serait notre priorité, mais cela dépend aussi de notre capacité, de notre capacité d’absorption”, a-t-il déclaré, citant le besoin d’infrastructures, de logements et d’installations d’entraînement adéquats.
Et c’est une voie à double sens, selon le dirigeant lituanien.
“D’une part, nous devons faire nos devoirs”, a-t-il déclaré. “D’un autre côté”, a-t-il dit, “nos alliés doivent se préparer à envoyer plus de troupes en Lituanie car c’est une priorité claire pour nous”.
« Nous voudrions atteindre le maximum dans les deux sens : d’abord augmenter notre capacité d’accueil. Et bien sûr, nous sommes très intéressés de voir ces troupes sur une base permanente », a-t-il déclaré.
“Comme je l’ai dit hier au chancelier Olaf Scholz ici à Bruxelles, mon rêve est de créer des conditions encore meilleures pour l’entraînement en Lituanie par rapport à l’Allemagne, afin que les Allemands veuillent venir chez nous pour vivre et s’entraîner.”
