En ce début d’année, nous vous proposons une série d’interviews de décideurs économiques de la région sur leurs espoirs et visions pour 2024. Déléguée générale de la French Tech Saint-Étienne Lyon, déclinaison locale de la Mission French Tech, Lucie Texier est au cœur de l’écosystème de l’innovation. Dans un contexte de financement plus difficile pour les start-up, elle revient sur les faits marquants de l’année 2023, entre émergence de l’IA, mais également une plus forte présence des projets dits à impact.
Bref Eco : L’accès au financement a été plus difficile en 2023*, après une année 2022 record où les start-up de la région Aura avaient levé près de 700 millions d’euros. Quel a été l’impact sur les entreprises de la French Tech Saint-Étienne Lyon ?
Lucie Texier : On a observé, comme partout en France, des difficultés dans le financement des start-up… Mais au cumul, le montant levé en 2023 par les start-up de la French Tech est un peu plus important, mais il se concentre sur moins d’opérations. Cela veut dire que les levées de fonds sont plus grosses, mais qu’il y a moins d’élus, notamment les jeunes start-up qui ont un plus de mal à trouver des financements. On attend désormais d’elles qu’elles soient plus vite rentables.
Quelles ont été les levées de fonds marquantes de 2023 ?
LT : La concentration des levées de fonds s’est faite principalement dans deux secteurs : la greentech, avec les levées de fonds de MyLight System (100 millions d’euros), Mecaware (40 M€), E-Totem (15 M€), Mob- Energy (10 M€) ; et la fintech, avec Indy (40 M€) et Dougs qui a levé 25 M€ pour son premier tour de table. Cette start-up lyonnaise a développé une plateforme innovante pour les TPE qui allie expertise comptable et conseils personnalisés. Dans une moindre mesure, la medtech a aussi attiré des financements. Il est également intéressant de noter que plusieurs des start-up de la greentech ayant levé des fonds ont un projet de production derrière. On observe la capacité des start-up industrielles à se lancer grâce notamment aux aides de l’État.
Vous relevez également une proportion de plus en plus importante de projets dits à impact…
LT : Oui, il y a de plus en plus d’entrepreneurs qui veulent porter un projet alliant à la fois la technologie et l’impact, qu’il soit environnemental, social, sociétal… Je pense par exemple aux lauréats du concours Lyon Start-Up que nous portons. Oligofeed a développé un complément alimentaire destiné aux abeilles afin de lutter contre le déclin actuel de l’espèce. Awoken, lui, développe un pyjama équipé de capteurs pour diagnostiquer l’apnée du sommeil chez les enfants.
Chez nos adhérents aussi (500 start-up et 60 entreprises « traditionnelles »N.D.L.R.) la question de l’impact est au cœur de leur action. En 2023, nous avons lancé le programme MERIT, pour Mouvement des Entreprises Responsables et Inclusives du Territoire. Ce Do-Tank rassemble des entrepreneurs engagés du territoire qui souhaitent bénéficier d’un accompagnement innovant et gratuit qui portera leur entreprise vers la transition. Nous lançons la deuxième promotion, avec une quinzaine d’entrepreneurs du territoire.
Quelle place prend l’IA aujourd’hui dans tout ça ?
LT : L’IA est à la fois un outil pour les entreprises et un marché sur lequel émergent de nouveaux acteurs français tels que Mistral IA (qui vient de boucler une levée de fonds de 385 millions d’euros, N.D.L.R.). Au sein de la commission Financement de la croissance de la French Tech Saint-Étienne Lyon, nous avons mis au point un chatbot, Financements GPT, sur la recherche de financements non dilutifs pour les start-up. Cet outil renseigne sur des dispositifs tels que subventions, prêts d’honneur, prêts à taux zéro… En renseignant leur secteur d’activité, leurs nombres d’employés, les montants de financement recherchés, sous quelle forme (prêt, subvention, etc.), les entrepreneurs peuvent obtenir auprès de l’IA conversationnelle les options de financement les plus pertinentes et disponibles.
À quoi faut-il s’attendre en 2024 ?
LT : Je pense que ça risque d’être encore plus compliqué sur le financement des entreprises car on s’attendait à un peu plus de croissance économique. Néanmoins, l’État soutient l’innovation en France et il y aura encore des aides et subventions disponibles.
Les levées de fonds en France*
Au cours des 9 premiers mois de 2023, les montants levés ont reculé de 41 % en France et de 36 % en Europe (avec respectivement 6,8 Md€ et 39,5 Md€ récoltés par la Tech française et européenne) par rapport aux montants spectaculaires enregistrés sur la même période en 2022.
* Selon le Baromètre des levées de fonds In Extenso Innovation Croissance, ESSEC Business School et France Angels (3e trimestre 2023).
Cet article est issu de notre hebdo n°2564, à retrouver ici.
2024-01-17 08:45:00
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