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Luz lauréat du Fauve d’or, un palmarès éclectique

by Nouvelles

Luz reçoit la prestigieuse récompense dix ans après les attentats qui ont frappé la rédaction de Charlie Hebdo, pour son magnifique album Deux filles nues. Tout un symbole. Le reste du palmarès met en évidence plusieurs autrices talentueuses.

C’est dans une atmosphère quelque peu tendue, marquée par les révélations de la journaliste Lucie Servin dans L’Humanité magazine sur la gestion de 9e Art+ et les accusations de viol par un prestataire du festival portées par une ancienne employée, que s’est déroulée au théâtre d’Angoulême la remise des prix de cette 52e édition du festival international de la bande dessinée (FIBD). La cérémonie s’est finalement déroulée sans heurts, certain(e)s lauréat(e)s faisant tout de même allusion au contexte de cette édition.Cette édition accouche finalement d’un beau palmarès qui, en dehors de la consécration de Luz aussi méritée que symbolique, met en évidence des autrices de talent et des albums marquants.

Si le Grand Prix de la Ville a été remis dès mercredi à Anouk Ricard, la cérémonie du samedi 1er février a été marquée par la remise d’un Prix d’honneur à l’Américain John Romita Jr, bien connu des amateurs de bandes dessinéespour l’ensemble d’une œuvre pléthorique. Il est l’un des dessinateurs emblématiques de Casse-cou et de Araignée.

Le Fauve d’or du meilleur album revient donc à Luz. Pour ce dernier, qui a quitté la rédaction de Charle hebdola bande dessinée constitue aujourd’hui une Catharsiscomme il l’a partagé dans le bel album qui a suivi les attentats qui fauché ses amis. AvecDeux filles nuesle dessinateur raconte l’histoire d’un tableau peint par l’allemand Otto Mueller en 1919, acheté par un collectionneur, spoliée par les nazis pour être présenté dans la tristement célèbre exposition consacrée à « l’art dégénéré ». Cet album réalise le tour de force de raconter l’ensemble de l’histoire du point de vue du tableau, que l’on ne voit qu’à la toute dernière page : les personnages – de l’auteur aux collectionneurs, en passant par le public – défilent devant l’œuvre… Une réflexion brillante sur la censure.

Deux albums se partagent le Prix spécial du Jury : Les météores (Delcourt) de Tommy Redolfi et Jean-Christophe Deveney, qui raconte la vie quotidienne de personnes peu avant qu’une météorite précipite la fin de l’humanité, et En territoire ennemi (l’Association) de Carole Lobel, qui raconte la vie du couple formé par Carole, qui se détache d’une famille catholique et s’isole dans sa relation avec Stéphane, lequel s’enfonce dans des discours masculinistes et se tourne vers l’extrême-droite.

Le Prix de la série revient à Shintaro Kago pour le deuxième tome du manga Démence 21 (Huber), qui plonge Yukie, aide à domicile, dans des aventures encore plus absurdes et dérangeantes. Avec son humour noir et son sens de la critique sociale, Kago explore une société vieillissante dans un style psychédélique et irrévérencieux.

La talentueuse Alix Garin reçoit le Prix du Public France Télévision verser Impénétrable (Le Lombard), autobiographie sidérante par sa sincérité, qui révèle le vaginisme de l’autrice, la manière dont ce trouble affecte sa relation de couple, et son combat pour reprendre possession de son corps. Nous avions rencontré l’autrice lors du festival Quai des Bulles de Saint-Malo.

Le Prix Révélation revient à Camille Potte pour Ballades (Atrabile), récit qui se déroule au Moyen-Âge pour mieux nous parler de sujets contemporains. Nous avions profité d’une rencontre à la librairie La régulière (Paris) pour échanger avec l’autrice, dont c’est le premier album.

Retour à Tomioka remporte le Prix Jeunesse : Michaël Crouzat et Laurent Galandon mettent en scène le folklore japonaise à travers les Yokaï pour parler de la catastrophe de Fukushima. Lorsque la grand-mère d’Osamu décède loin de Tomioka, placé dans la zone interdite, son petit-fils ne peut pas s’empêcher de revenir dans son village pour y déposer ses cendres…

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Déjà prix Coup de Cœur au festival Quai des Bulles, Revoir Comanche (Le Lombard) de Romain Renard est lauréat du Prix Polar SNCF.

Le Prix du Patrimoine revient à Lynda Barry et aux Éditions çà et là pour l’édition en français de Viens, viensrecueil de strips sur l’enfance d’une grande originalité. En s’appuyant sur un dessin underground, Lynda Barry imagine le journal intime de Maybonne, aux prises avec sa petite sœur dans une famille américaine dysfonctionnelle. Un titre plein de justesse.

Le Prix Éco-Fauve revient à Sébastien Piquet et Martin Boudot pour Vert de rage. Les enfants du plombenquête qui dévoile un scandale environnemental : dans le Nord-Pas-de-Calais, des centaines d’enfants sont atteints de saturnisme, la maladie d’intoxication au plomb entraînant des troubles neurologiques irréversibles.

Élisabeth Holleville obtient le Fauve des lycéens verser Les contes de la mansarde (L’employé du moi), recueil remarqué de trois histoires qui se déroulent dans un même appartement. L’autrice mobilise astucieusement le surnaturel pour mettre en exergue nos névroses.

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Enfin, le Prix de la bande dessinée alternativequi récompense un fanzine, couronne deux créations : Hairspray Magazineporté par un collectif berlinois, et Frustration féminine fanatiquerecueil réalisé par des autrices dont le numéro rend hommage à Aline Kominsky-Crumb récemment disparue.

En définitive, ce palmarès récompense à la fois une nouvelle garde d’autrices talentueuses (Alix Garin, Élisabeth Holleville, Camille Potte), une bande dessinée de reportage de qualité (Vert de rage) et de la fiction qui parle de nos angoisses contemporaines (Les météores) avec un équilibre entre grands éditeurs (Delcourt, Albin Michel, Le Lombard) et indépendants (L’Association, çà et là).

2025-02-02 15:06:00
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