Ma première fois… dans l’avion ~ Badalfohmoh

2024-07-05 19:20:00

En route pour Praia ! Afin de prendre part aux assises africaines sur la démocratie, je suis montée dans un oiseau. Un oiseau métallique que je ne voyais jusqu’ici que dans les airs. Mama, j’ai pris l’avion-pour la première fois. Une première est toujours difficile, dans l’avion dit-on, c’est pire. Laisse-moi te conter mon périple dans ce billet.

Je ne me suis pas rendu compte qu’affréter un avion pour la première fois plonge la personne dans une situation de psychose et de non-maîtrise de soi, comme on me l’a souvent dit. Peut-être parce que j’avais à mes côtés des personnes s’étant déjà déplacées par avion. Goûter ainsi aux délices des entrailles de l’oiseau artificiel qui, depuis fort longtemps, n’étaient qu’imaginations, devenait une réalité.

Comme on a coutume de le dire, l’avion est le moyen de transport le plus sûr. Mais hier, quand j’ai pris l’avion, j’étais envahie par une multitude de sentiments. J’avais surtout peur qu’un policier de mauvaise humeur me fasse rater mon vol (rires). Entre camerounais, on se comprend. Mais la peur s’est dissipée lorsque j’ai croisé Atchinale, Arcy, Doris, Suzanne et Arielle, dès la salle d’embarquement.

Suzanne, Arcy, Arielle, Doris, Bienvenue et moi, en salle d’enregistrement à l’aéroport international de Douala. C: Suzanne (avec son consentement)

Avant le voyage

Mon vol avait lieu à 10 h 25 minutes avec la compagnie panafricaine Asky KP. Bien entendu, il fallait se rendre au moins deux heures avant à l’aéroport afin de remplir les nombreuses formalités d’usage.

Habituée de ponctualité, je suis arrivée à l’aéroport à 8 h 15 minutes, toute excitée de vivre les prochaines heures. Dès 5h du matin, c’était la veillée d’arme (vérifier mes affaires personnelles, m’assurer de la présence des documents de voyage, et surtout, apporter un soin particulier à ma mise vestimentaire du jour). Rires.
Après tout, j’allais à Praia par avion, c’était une première. Je devais marquer le coup en sortant ma grande artillerie, c’est-à-dire, une tenue d’apparat. À en juger le concert d’exclamations et la pléthore de sourire sur les visages de ma mère et de mes sœurs à ma sortie de la chambre, j’étais visiblement tirée à quatre, peut-être même cinq épingles.

Lire aussi: Moi, ambassadrice aux premières assises africaines de la démocratie

Après les au revoir et bonnes assises, mes sœurs (grande et petite) m’ont accompagnée à l’aéroport international de Douala, non sans être admiratives de ce hub aérien de la sous-région. Je n’y avais jamais mis les pieds jusqu’à vendredi dernier, lorsque j’y suis venue pour mon vaccin anti-amaril ou carte jaune. Et pour tout te dire, j’en étais quelque peu conquise, malgré toutes les histoires que j’ai auparavant entendues et lues sur cet aéroport.

De la vaste salle d’attente en passant par les galeries, les agences, la salle d’enregistrement et d’embarquement, j’en ai pris plein la vue. Mais, en bonne camerounaise, il ne fallait pas accuser le coup, c’est-à-dire, ne pas laisser paraitre outre-mesure mon émoi et mon stress liés à ce nouvel environnement.
J’ai surtout réalisé que prendre un avion relevait d’un ensemble de démarches et de formalités tatillonnes. Contrairement à mes voyages en car ou en bus très informels et anarchiques, tout était procédurier et passé au peigne fin. Figure toi que, en plus du contrôle des bagages au scanner, et du contrôle d’identité assorti de prise d’empreintes biométriques et de prise de vue par les services de la sécurité intérieure, nous sommes passés par un portique de sécurité avec à la clé une fouille au corps des plus minutieuses. Aussi, je tiens à préciser que nous avons été obligés de nous déchausser, d’ôter nos ceintures et tout ce qui était en partie composé de métal pour passer le portique de sécurité. Une véritable obsession du tout-sécuritaire qui n’a pas manqué de m’agacer un moment.

Passée cette étape fastidieuse et laborieuse, nous nous sommes dirigés vers la salle d’embarquement où nous pouvions enfin profiter de la quiétude et d’un certain confort douillet.

Cependant, il fallait que je parte non sans avoir battu le rappel de toutes mes forces et formulé une prière de protection. Nous franchissons ladite porte et nous sommes accueillis chaleureusement par de charmantes hôtesses de l’air qui nous invitent à rejoindre nos sièges respectifs. Avant le décollage, j’ai encore le temps d’écrire et d’envoyer des textos à ma grande sœur pour l’informer de ma présence dans l’avion avec une certaine pointe de fierté, car sous nos latitudes camerounaises voire africaines, prendre l’avion est loin d’être un acte banal.

Le commandant de bord au nom du personnel navigant nous souhaite la bienvenue et enclenche le décollage progressif, les vrombissements du moteur sont à peine perceptibles. On sent que l’avion prend de plus en plus de vitesse sur la piste. Dans une poussée ultime et de fortes secousses, il s’arrache à la terre. Nous voilà dans les airs, en partance pour le pays du poète-président Léopold Sédar Senghor…

Première escale: Lomé, au Togo

Pour cette première expérience, il m’avait fallu alors deux escales avant d’arriver à destination. Nous avions décollé de Douala à 10 h 40minutes. Après quarante-cinq minutes de vol, nous avions fait notre première escale en atterrissant à Lomé.

C’était le temps de débarquement pour certains et d’embarquement pour d’autres.

Il était temps de laisser mon siège nº 33 B, dans lequel je me sentais plus ou moins à l’aise, pour un autre…

Nous devions affréter un autre avion dans lequel j’étais positionnée sur le siège nº 24 B. Ces sièges étaient collés aux fenêtres par lesquelles je pouvais observer toutes les étapes du décollage et de l’atterrissage. Depuis les airs, je voyais sur terre tout sur les endroits survolés. Le siège N°24 était situé au milieu du cockpit.
Ce changement de vol n’a pas apporté du nouveau pour moi en tant que débutante de voyages aériens. En cela, je disais au fond de moi que je profitais des avantages qu’offraient ces sièges « B », particulièrement la vue de l’extérieur.

Dans l’avion…

Je contemplais le paysage et l’architecture de la capitale togolaise. A peine décollée de l’aéroport de Lomé, j’ai eu une sensation de vertiges. La capitale était devenue à mes yeux comme un minuscule point sur le globe terrestre. Ma vue s’est brouillée, et quand j’orientais mon regard vers le hublot, c’est comme si une force invisible m’attirait vers le sol. Je me suis posé mille et une questions simultanément : et si ce que je vois souvent dans les films et séries arrive, que ferai-je ? Saurai-je me servir d’un gilet de sauvetage ? Aurai-je le droit à des funérailles ? Que deviendront mes enfants ? Et ma mère ? Verront-ils mon cadavre ? Serai-je une portée disparue ? Mon Dieu ! Ces questions m’ont traumatisée quelques minutes…

Pendant ce temps, les hôtesses et les hôtes continuaient leurs va-et-vient dans le couloir. Quelques passagers faisaient la queue devant les toilettes, soit pour des besoins naturels, soit pour fumer une cigarette. Puis, l’apéritif a été servi. Quelques amuse-gueules made in Togo, que j’ai d’ailleurs appréciés.

Après une heure de vol, le diner a été servi. Ce court temps m’a été d’une grande importance. J’ai enfin renoué avec l’un de mes moments préférés de la journée : manger.

Le repas servi à bord de l’avion. C: Badal Fohmoh

Arrivée dans les zones de turbulences, un autre épisode commençait. Même si le pilote et son copilote n’avaient rien dit de ce que je pouvais voir dans les films. Je fermais les yeux, sans pouvoir dormir. J’ai alors sortir le livre « les mots font mal » pour continuer de déguster le contenu.

Mon livre de sac ces dernières semaines. C: Badal Fohmoh

J’avais repris mon souffle lorsque l’avion a atterri sur le tarmac de l’aéroport de Dakar. On allait embarquer et passer les contrôles sans encombre dans 2 h. C’était le moment de souffler un peu en attendant de prendre la direction de Praia !

Dakar, au Sénégal : deuxième et dernière escale

A notre deuxième escale sur le tarmac de la capitale sénégalaise, il est 16h 10 minutes. Le prochain vol est prévu pour 19h.

Arcy, Bienvenue, Doris, Suzanne, Arielle et moi, avons croisé Auguste, Dorcas, Epiphane et plein d’autres participants attendant l’heure du vol pour embarquer. Nous nous sommes occupés à recharger nos appareils, à discuter ou à travailler avant d’embarquer de nouveau.

Puis, vint l’heure du vol. J’ai pris le temps d’apprécier le paysage, de faire des photos. Et la plupart du temps, ma tête était fixée sur le hublot. J’ai trouvé magnifique de voir les nuages de si près, de voir la terre de si haut. Aller sur une autre planète serait donc plus excitant, me suis-je dit.

Je me suis endormie pendant un long moment. J’ai beaucoup aimé la nourriture servie lorsque nous quittions le Togo pour le Sénégal. Le menu proposé de Dakar pour Praia était aussi appétissant pour moi… S’il y a une chose que j’ai énormément appréciée dans ce vol à bord de Air Sénégal, c’est bien les leçons qu’ont dispensées les hôtes. Tandis que l’hôtesse le faisait via un haut-parleur, les hôtes, eux, le démontraient : comment mettre sa ceinture de sécurité, comment enfiler un gilet de sauvetage et enfin, comment se porte un masque respiratoire. J’ai adoré !
Après, j’ai eu encore des vertiges… je ne sais vraiment pas pourquoi mais ils étaient présents presque tout le long du vol. Cette fois-ci, j’étais assise au siège nº 6 C et j’ai réellement senti le froid, contrairement aux vols précédents.

Finalement, nous sommes arrivés à 21h à Praia, soit 23h de Douala. Après contrôle, nous nous sommes dirigés vers Levy Transport, compagnie de bus réservée pour nous conduire à notre hôtel. J’avais sommeil, j’étais fatiguée, mais j’étais surtout impatiente de vivre les prochaines heures.

Moi, à mon arrivée à Praia. C: Atchinale (avec son consentement).

Bref, je te conte la suite dans les prochains articles. Alors, reste scotché !

Bien à toi !

Badal, la nouvelle voyageuse (hahahahaha).



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