Battu par une défaite aux élections du Parlement européen, le président français Emmanuel Macron a dissous dimanche le Parlement du pays et a convoqué des élections législatives plus tard ce mois-ci.
Voici ce que vous devez savoir sur la suite des événements et pourquoi c’est important :
Que s’est-il passé en France ?
Les électeurs français ont porté un coup dur à Macron lors des élections de dimanche au Parlement européen.
Les résultats préliminaires ont montré que le Rassemblement national (RN) d’extrême droite de Marine Le Pen a obtenu plus de 30 pour cent des voix, contre 14,5 pour cent pour le parti Renaissance (RE) du président français.
Renaissance a échappé de peu à la troisième place, terminant au coude à coude avec le centre gauche, qui a recueilli 14 pour cent des voix.
Les élections européennes offrent à près de 370 millions d’Européens la possibilité de voter et de choisir leurs représentants au Parlement européen. Dans le même temps, leurs choix sont considérés comme reflétant leurs sentiments à l’égard des partis politiques nationaux d’une manière qui n’est pas sans rappeler un vote national.
Pourquoi Macron a-t-il dissous l’Assemblée nationale ?
Le dirigeant français a toujours soutenu l’Union européenne (UE), composée de 27 pays, mais avec l’évolution des sentiments politiques, de nombreux citoyens français semblent désormais moins enclins à l’égard du bloc.
Selon les analystes, cela est dû en grande partie au mécontentement suscité par des questions telles que l’immigration, la criminalité et le coût de la vie.
“Pour moi qui ai toujours considéré qu’une Europe unie, forte et indépendante était une bonne chose pour la France, c’est une situation que je n’arrive pas à accepter”, a déclaré Macron dimanche.
« La montée des nationalistes et des démagogues constitue un danger pour notre nation. Et aussi pour la place de la France en Europe et dans le monde », a-t-il ajouté.
Selon Jacques Reland, chercheur principal au Global Policy Institute, la décision de Macron de briguer des élections anticipées est un appel de sa part aux citoyens français pour qu’ils fassent un choix.
« Etes-vous prêt à voter pour un parti qui sapera l’Europe, ou pensez-vous que la France est plus forte dans une Europe plus forte ? » — C’est le message, c’est le message qu’il va essayer de faire passer aux Français”, a déclaré Reland.
Les analystes estiment que Macron pourrait tenter de donner au parti de Le Pen une chance de gouverner partiellement le pays avant l’élection présidentielle de 2027 – en espérant qu’il perde un peu de son éclat d’ici là.
Une défaite aux prochaines élections législatives n’évincera pas Macron du pouvoir. Si son parti perd, il devra nommer un nouveau Premier ministre issu de l’opposition – y compris, éventuellement, du Rassemblement national.
«Je pense que son pari est que le parti de Le Pen remportera ces élections, et ensuite [someone from her party] doit devenir Premier ministre sous sa direction jusqu’en 2027 », a déclaré Olaf Bohnke, directeur berlinois de la Fondation Alliance des démocraties, une organisation à but non lucratif. « D’une certaine manière, il espère [they will wear out] … et être moins favorable à l’électorat.
Si le parti de Macron perd les élections, le nouveau Premier ministre serait chargé de sélectionner les ministres, ce qui conduirait à une situation connue sous le nom de cohabitation.
Qu’est-ce qu’une cohabitation ?
Alors qu’il reste trois ans à la présidence de Macron, son influence sur les affaires intérieures diminuera considérablement dans ce scénario.
Il conservera le rôle principal en matière de défense en tant que commandant en chef et en matière de politique étrangère – la constitution dit qu’il négocie les traités internationaux – mais il perdrait le pouvoir de définir la politique intérieure.
Cette dernière situation s’est produite en 1997, lorsque le président Jacques Chirac a dissous le Parlement pensant qu’il obtiendrait une majorité plus forte, mais il a perdu contre une coalition de gauche dirigée par le Parti socialiste.
Le socialiste Lionel Jospin devient Premier ministre pendant cinq ans, période durant laquelle il fait voter une loi sur les 35 heures.
A quoi pourrait ressembler une cohabitation avec le parti de Le Pen ?
Le Pen, dans son manifeste présidentiel de 2022, préconisait de donner la priorité à l’accès au logement social pour les ressortissants français, de traiter les demandes d’asile hors de France et de supprimer les droits de succession pour les familles de classe moyenne et à faible revenu.
Macron est un fervent europhile tandis que Le Pen et son parti rêvent de démanteler l’UE de l’intérieur. Une cohabitation entre un président pro-européen et un parti nationaliste eurosceptique serait un terrain inconnu pour la France.
Quelle a été la réaction de Le Pen ?
Le Pen a célébré la victoire et a salué la réponse de Macron.
«Nous sommes prêts», a-t-elle déclaré.
« Nous sommes prêts à exercer le pouvoir si les Français nous font confiance lors de ces prochaines élections législatives. Nous sommes prêts à redresser le pays, prêts à défendre les intérêts des Français, prêts à mettre fin à l’immigration de masse, prêts à faire du pouvoir d’achat des Français une priorité”, a ajouté Le Pen.
Quand auront lieu les élections anticipées en France ?
Les élections législatives se déroulent en deux tours. Celles-ci auront lieu les 30 juin et 7 juillet.
Les candidats se présenteront pour 577 sièges au Parlement ou à l’Assemblée nationale française.
Un nombre illimité de candidats peuvent participer au premier tour dans chaque circonscription, mais il existe des seuils spécifiques pour passer au second tour. En règle générale, le second tour inclut les deux meilleurs candidats. Le candidat qui obtient le plus de voix au second tour est élu.
Si un candidat obtient la majorité absolue et un total de voix supérieur à 25 pour cent au premier tour, il est élu sans second tour.
Paris devrait également accueillir les prochains Jeux Olympiques à partir de fin juillet. Les bouleversements politiques en France n’affecteront pas les préparatifs du spectacle sportif, a déclaré lundi le président du Comité international olympique, Thomas Bach.