Viennent ensuite un accueil avec les honneurs militaires, des discussions politiques, une conférence de presse, une promenade par la porte de Brandebourg et, le soir, un banquet d’État au château de Bellevue. Macron est accompagné de son épouse Brigitte.
Du point de vue de l’hôte Steinmeier, la visite vise à souligner et à célébrer le caractère unique de l’amitié franco-allemande. Lui et Macron souhaitent également profiter de cette visite pour encourager les Allemands à voter aux élections européennes dans deux semaines. Cela s’appuie notamment sur la crainte que l’expérience montre que le faible taux de participation électorale fait le jeu des partis de droite. Aux élections européennes de 2019, la participation en Allemagne était de 61,4 pour cent.
Afin de souligner le caractère unique des relations franco-allemandes, Steinmeier a invité Macron comme seul invité étranger aux célébrations du 75e anniversaire de la Loi fondamentale, selon la présidence fédérale. “Nous voulons envoyer symboliquement le signal que cette amitié franco-allemande est profondément ancrée dans le cœur de l’Allemagne et dans l’image politique de cette république”, soulignent les proches de Steinmeier.
Aussi bonnes que soient les deux chefs d’État, les relations entre Berlin et Paris sont actuellement considérées comme quelque peu difficiles au niveau gouvernemental. Il y a toujours des désaccords entre les deux capitales sur des questions clés. Cela s’applique aussi bien à la question du soutien adéquat à l’Ukraine qu’à la question de l’orientation de la politique économique à l’égard de ses concurrents, les États-Unis et la Chine. Ces questions seront discutées après la visite d’État lors d’un conseil ministériel franco-allemand mardi après-midi au château de Meseberg, la maison d’hôtes du gouvernement fédéral, au nord de Berlin.
Macron prône une plus grande autonomie européenne avec sa propre stratégie de défense et la protection de l’économie contre la concurrence déloyale de la Chine et des États-Unis. Le chancelier allemand Olaf Scholz (SPD) reste quant à lui fidèle à son orientation transatlantique et à la Chine comme partenaire commercial important. Et dans le conflit ukrainien, Macron a surpris Scholz avec ses idées sur l’envoi de troupes terrestres, que Scholz rejette catégoriquement.
Scholz rejette également la livraison de missiles de croisière Taurus à longue portée au pays attaqué par la Russie. La France, en revanche, met à disposition depuis longtemps ses missiles Scalp. En retour, Berlin accuse Paris de faire bien trop peu pour l’Ukraine, deuxième économie de l’UE.
Le président de la CDU, Friedrich Merz, critique le fait que les relations entre les deux pays sont pires qu’elles ne l’ont été depuis des décennies. Juste avant la visite de Macron, il a exigé du gouvernement fédéral un signal politique européen clair. Merz a critiqué le fait que Macron n’ait reçu aucune réponse de l’Allemagne lors de ses deux grands discours européens à la Sorbonne à Paris. “Cela a, à juste titre, suscité une grande irritation à Paris, dans tous les partis”, a déclaré Merz à la station rbb24 Inforadio. Le premier discours a eu lieu sous le gouvernement d’Angela Merkel (CDU).
Dans son deuxième discours en avril dernier, Macron avait prévenu qu’il existait un risque majeur que l’Europe soit « affaiblie, voire surclassée » au cours de la prochaine décennie. Il a appelé à une stratégie de défense européenne avec une industrie d’armement commune et un réarmement accéléré financé par les fonds de l’UE afin de faire face à la menace russe. Scholz a commenté le discours sur Platform Il a ajouté, s’adressant à Macron : « Votre discours contient de bonnes idées sur la façon dont nous pouvons y parvenir. »
Le deuxième jour de la visite de Macron sera également consacré à l’Europe. Lui et sa femme se rendront à Dresde avec leurs hôtes. Le président français souhaite prononcer un nouveau discours sur la politique européenne devant la Frauenkirche dans l’après-midi. Certains spéculent que Macron pourrait profiter de l’occasion ici, non loin de la frontière avec la République tchèque, pour tourner son attention vers ses partenaires d’Europe de l’Est. Parmi eux, on craint beaucoup qu’ils ne deviennent les prochaines victimes de la politique expansionniste du patron du Kremlin, Vladimir Poutine. Mardi, nous continuerons vers Münster, où Macron recevra le Prix international de la paix en Westphalie. Steinmeier prononcera le discours élogieux.