Le président français Emmanuel Macron rend hommage dimanche à Buenos Aires aux victimes de la dictature militaire, dont certaines françaises, avant de rencontrer le président Javier Milei, critique du consensus des organisations de défense des droits de l’homme sur cette période sombre de l’histoire argentine.
Le chef de l’Etat français – arrivé ce samedi en Argentine avec son épouse, Brigitte Macron – est entré à 9h37 (12h37 GMT) dans l’église de Santa Cruz, qui a été déclarée monument historique en 2008 et abrite un espace de contemplation dans mémoire du défunt, pour déposer une offrande florale.
Chaque année, on commémore le 8 décembre 1977, lorsque plusieurs fondatrices des Mères de la Place de Mai, qui se sont réunies dans cette église pour exiger des informations sur leurs proches disparus, ont été arrêtées, torturées et assassinées. L’arrestation a été possible parce qu’un militaire avait infiltré leurs réunions.
Parmi les victimes kidnappées et assassinées par des agents de la dictature figurent les religieuses françaises Léonie Duquet et Alice Domon de Doubs, qui étaient en Argentine dans le cadre d’une mission à l’étranger.
Parmi les milliers de victimes de la dictature, de 1976 à 1979, Au moins 22 citoyens français sont retrouvés.
La France, “partenaire essentiel” de l’Argentine dans le travail de mémoire, a ouvert ses portes à des milliers d’exilés et maintenu une pression constante sur l’armée depuis qu’elle a publiquement condamné les abus de la dictature argentine. C’était l’un des premiers pays à le faire.
Milei, ainsi que sa vice-présidente Victoria Villaruel, issue d’une famille de militaires, ont été accusés de révisionnisme par des organisations de défense des droits de l’homme.
Tous deux affirment que cet épisode de l’histoire argentine était une guerre dans laquelle les deux parties avaient une responsabilité égale et Ils estiment le nombre de personnes disparues à moins de 9 000, au lieu des 30 000 reconnus par les organisations de défense des droits de l’homme, comme les Grands-mères de la Place de Mai.
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Macron a dîné ce samedi soir avec son homologue argentin Javier Milei, à la résidence officielle située dans la ville d’Olivos, dans la province de Buenos Aires.
Réchauffement climatique et business, les clés de la visite
Ce dimanche, les présidents se retrouveront à nouveau à la Casa Rosada, siège de l’Exécutif, pour une réunion bilatérale et, dans l’après-midi, le président français rencontrera des investisseurs argentins.
Selon l’Elysée, siège de la présidence française, l’objectif affiché de la visite de Macron est de tenter de “rattacher le président Milei aux priorités du G20”, un forum auquel les deux dirigeants participeront à Rio de Janeiro.
“On ne pense pas toujours la même chose sur beaucoup de sujets, mais c’est très utile de débattre” avant le G20, a déclaré samedi le chef de l’Etat français, fervent défenseur du multilatéralisme, dans une vidéo depuis son avion publiée sur TikTok.
Milei, un sceptique du réchauffement climatique, a retiré mercredi la délégation de son pays de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP29) à Bakou et des spéculations circulent sur son possible départ de l’Accord de Paris sur le climat, ce que Donald Trump a fait lors de son premier mandat (2017-). 2021).
Paris entend également approfondir ses relations économiques avec l’Argentine, notamment dans le domaine des métaux critiques, puisque le groupe minier Eramet vient d’inaugurer une mine de lithium dans ce pays sud-américain. Macron devrait également avoir parmi ses sujets la possible vente des sous-marins français Scorpène.
“La priorité n’est pas tant sur les questions politiques de l’agenda bilatéral, qui ne sont clairement pas très alignées, mais sur d’autres questions qui ont à voir avec la possibilité d’un accord sur la vente de matériel de guerre”, a-t-il déclaré à l’AFP. . Ariel González Levaggi, du Conseil argentin pour les relations internationales (CARI).
Les autres destinations de Macron en Amérique Latine
A 14h30 (17h30 GMT), Macron partira pour le sommet du G20, puis se rendra au Chili pour une visite les 20 et 21 novembre 2024, avec des escales dans les villes de Santiago et Valparaíso.
Le voyage de six jours de Macron en Amérique latine fait suite à sa visite au Brésil en mars dernier et s’inscrit dans la volonté de la France de redynamiser son partenariat avec la région, compte tenu de l’influence croissante de puissances comme la Russie et la Chine et de l’ancrage historique des États-Unis.
Lors de sa tournée en Amérique latine, Macron expliquera aux pays du Mercosur pourquoi il s’oppose à la signature d’un accord de libre-échange entre ce bloc régional et l’Union européenne.
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Les agriculteurs français comptent se mobiliser dans les prochains jours contre ce traité que la Commission européenne, soutenue par plusieurs pays comme l’Allemagne et l’Espagne, espère signer à la fin de l’année. Ils craignent entre autres la concurrence de produits qui ne sont pas soumis aux strictes normes environnementales et sanitaires en vigueur en Europe.
Avec l’EFE et l’AFP