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Macron revendique le “soft power” face au déclin de l’influence française en Afrique

Macron revendique le “soft power” face au déclin de l’influence française en Afrique

De l’illusion de la nouveauté au pragmatisme résultant d’une certaine résignation. Le président français, Emmanuel Macron, a expliqué ce lundi après-midi son stratégie pour l’AfriqueFrance subi des revers notables tant au domaine militaire et géopolitique. Discours prononcé depuis le Palais de la Élyséedeux jours avant de commencer un tournée diplomatique dans quatre pays d’Afrique centrale : Gabon, Angola, Congo et République démocratique du Congo (RDC). Les retraits forcés des troupes françaises au Mali et au Burkina Faso ont porté un coup sévère au dirigeant centriste, qui considère que les liens de son pays et de l’Union européenne avec le continent africain sont essentiels. Malgré la présence croissante de puissances rivales comme la Russie ou la Chine, Macron a défendu la nécessité de poursuivre un retrait progressif des soldats français d’Afrique et de renforcer leurs liens à travers l’économie et la société civile (‘douce puissance‘).

Le président a revendiqué une recette très similaire à celle exposée en novembre 2017 à Ouagadougou. Puis un dirigeant centriste de 39 ans nouvellement élu a juré de tourner la page sur les politiques néocoloniales du ‘Afrique française‘. Cinq ans plus tard, il affirme défendre la même voie. Un pari raisonnable sur le plan théorique, bien que fragilisé par la perte d’influence de la France et les quelques succès diplomatiques depuis 2017. Le conseil d’administration africain reflète le caractère compétitif et chaotique des relations mondiales actuelles. L’influence gauloise n’est pas seulement alourdie par la présence croissante de puissances rivales, comme Russie de Chinemais aussi de théoriciens alliés agissant de plus en plus seuls et avec leur propre agenda, comme la Turquie ou Israël.

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“Je ne crois pas” à la compétition militaire

« Beaucoup aimeraient nous emmener à une compétition (entre pouvoirs). Je n’y crois pas. Cette voie représente une impasse”, a déclaré Macron dans son discours, faisant référence, sans le citer explicitement, à l’influence croissante de la Russie. Par le biais de son groupe de mercenaires Wagner, Moscou a remplacé la présence militaire française au Mali et pourrait faire de même en Burkina Fasoen plus d’avoir une présence de premier plan en République centrafricaine.

S’il est évident que l’Afrique est une « terre de compétition », comme le reconnaît Macron, le leader centriste ne veut pas contrer cette influence russe grandissante en s’enfermant dans une politique de déploiement militaire. Dans son discours à l’Élysée, il a annoncé un nouveau “modèle de partenariat militaire”. Celle-ci consistera à maintenir les bases militaires françaises actuelles, mais avec une « moindre présence » de militaires français et une plus grande responsabilité de « nos partenaires africains ». La France déploie actuellement environ 5 500 soldats sur le sol africain, dont 3 000 dans les pays sahéliens comme le Niger et le Tchad.

“Aujourd’hui, trop de nos entreprises continuent de ne pas offrir leurs meilleurs produits de qualité lorsqu’elles essaient de les vendre sur le continent africain”, a déploré Macron. Il a appelé à passer “d’une logique d’aide économique à l’investissement” dans un continent qu’il a décrit comme “l’un des marchés les plus dynamiques d’avenir”. En plus de l’économie prétendait renforcer les liens éducatifs, sportifs, culturels —a annoncé une nouvelle loi qui établit un cadre pour le retour des œuvres d’art africain— ou dans la lutte contre le changement climatique et la défense de l’environnement. Tout cela, a déclaré le président, il tentera de réfléchir sur la tournée africaine de cette semaine, qui débutera par un sommet contre la déforestation à Libreville.

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Pari critiqué par le realpolitik

Macron entamera ce voyage à travers quatre pays d’Afrique centrale mercredi. Aucun d’entre eux ne fait partie de la région instable du Sahel, où la France a été contrainte de retirer ses troupes (au Mali et au Burkina Faso) et il y a un fort sentiment anti-français, qui se répand dans le reste du continent. Le Gabon, l’Angola, le Congo et la République démocratique du Congo représentent des “pays stables”, ils se démarquent de l’Elysée. Le revers de la médaille de cette stabilité, ce sont ses gouvernements caudillesques, au moins dans deux d’entre eux (Gabon et Congo).

En outre, Gabon, Congo et Angola ils se sont abstenus la semaine dernière lors d’un vote de l’Assemblée générale de l’ONU appelant au retrait des troupes russes d’Ukraine. “Il faut combattre l’histoire qui dit qu’il y a une séparation entre l’Ukraine et le reste du monde (pays non occidentaux)”, a déclaré le président, qui avait déjà reproché l’été dernier à plusieurs dirigeants africains leur indifférence à la cause ukrainienne et opposition à l’adoption de sanctions contre la Russie. Cette fois, il se veut “plus modeste” et revendique son “pragmatisme”.

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En fait, Macron a été critiqué pour ses multiples rencontres ces dernières semaines avec certains des les dirigeants africains les plus controversés. Par exemple, début février, il a reçu à l’Elysée Abiy Ahmed, président de l’Ethiopie, dont l’armée a été accusée de “crimes de guerre” dans le conflit sanglant de la région du Tigré. La veille, il avait rencontré le Tchadien Mahamat Idriss Déby, qui a pris les rênes de son pays après avoir fait un coup d’Etat et succédé à son père, au pouvoir depuis 30 ans.

Et sa tournée cette semaine a été remise en question pour avoir rencontré au milieu de la campagne électorale gabonaise le président Ali Bongo, dont la famille dirige le pays riche en pétrole d’une main de fer depuis plus de 50 ans. Ongle realpolitik qui semble être le résultat du déclin français en Afrique. Et la nécessité de le contrer cependant. Macron défend un maintien d’influence, mais basé sur une stratégie de “soft power”, moins de présence militaire et plus de ponts culturels et économiques.

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