Manipur : des milliers de déplacés alors que des affrontements ethniques secouent l’État du nord-est

Des dizaines de personnes ont été tuées dans des affrontements ethniques dans l’État de Manipur, dans le nord-est de l’Inde, avec des foules attaquant des maisons, des véhicules, des églises et des temples, disent les responsables.

La violence a commencé la semaine dernière après que les communautés indigènes ont organisé un rassemblement pour protester contre les revendications du principal groupe ethnique de l’État pour le statut tribal.

Les membres de la communauté Meitei, qui représentent 53% de la population de l’État, réclament depuis des années leur inclusion dans la catégorie des tribus répertoriées, ce qui leur donnera accès aux terres forestières et leur garantira une proportion d’emplois gouvernementaux et de places dans les établissements d’enseignement.

Les communautés déjà reconnues comme tribus répertoriées, en particulier les Kukis qui vivent dans les districts des collines, craignent de perdre le contrôle de leurs terres forestières ancestrales si la demande des Meitei est acceptée.

Lundi, le ministre indien de l’Intérieur, Amit Shah, a déclaré à un chaîne d’information que la situation au Manipur était sous contrôle et appelait la population à maintenir la paix. Le gouvernement du Manipur consultera toutes les parties prenantes avant de prendre une décision sur la question, a-t-il déclaré.

Des milliers de soldats ont été déployés dans l’État pour maintenir l’ordre et un couvre-feu est en place dans plusieurs districts et l’accès à Internet a été suspendu. La semaine dernière, le gouverneur de l’État a émis des ordres de “tir à vue” dans des “cas extrêmes” pour maîtriser la situation.

Plus de 23 000 civils ont été secourus et déplacés vers des abris temporaires, a annoncé dimanche l’armée dans un communiqué.

Les évacués comprennent un grand nombre de femmes et d’enfants.

Les habitants se disent inquiets pour leur avenir. “Nous ne nous sentons pas en sécurité en ce moment”, a déclaré L Sanglun Simte, un habitant de la capitale de l’État, Imphal, à l’agence de presse AFP. Kuki, 29 ans, campe à l’extérieur de l’aéroport d’Imphal avec 11 membres de sa famille.

L’armée a déclaré dimanche qu’il y avait eu une accalmie dans les combats après que les soldats ont travaillé “sans relâche au cours des 96 dernières heures pour secourir les civils dans toutes les communautés, freiner la violence et rétablir la normalité”.

Mais la situation est toujours tendue dans plusieurs parties de l’État.

Alors que les résidents locaux restent dans des abris de l’armée, d’autres États ont envoyé des équipes de secours pour faire sortir leur peuple du Manipur.

Certains États comme le Maharashtra et l’Andhra Pradesh ont organisé des vols spéciaux pour les évacués.

Les violences ont commencé mercredi dernier. Des foules ont vandalisé des véhicules et incendié des maisons et des magasins à Imphal et dans plusieurs autres districts.

Des vidéos et des photos montraient des bâtiments incendiés, avec une épaisse fumée noire engloutissant les rues.

L’armée dit qu’elle est en train de maîtriser la situation.

Lundi, les gens sont sortis pour acheter de la nourriture et des médicaments après que les couvre-feux aient été assoupli pendant quelques heures dans les zones touchées, a rapporté l’agence de presse PTI.