«Un moment historique»
Pour les associations LGBT+ et les couples homosexuels avec enfants, la Grèce a vécu un “moment historique” avec ce vote, tandis que le premier ministre de droite Kyriakos Mitsotakis a qualifié le jour du vote de “jour de joie” pour son pays. Il a déclaré : “À partir de demain, une barrière de plus entre nous (citoyens) sera supprimée et deviendra un pont de coexistence dans un État libre entre citoyens libres.”
L’adoption du projet de loi ne faisait guère de doutes en raison du soutien de plusieurs partis d’opposition de gauche. Cependant, les réactions de l’aile la plus conservatrice de son parti, Nouvelle-démocratie (ND), opposée à cette réforme, ont mis en difficulté Kyriakos Mitsotakis.
Mettre un terme à des situations ubuesques
Confortablement réélu l’année dernière, il a fait du mariage entre personnes du même sexe une mesure phare de son deuxième mandat. Il a jugé que cela “améliore considérablement la vie de nos concitoyens” homosexuels et de leurs enfants, soulignant qu’il s’agissait d’une “réalité sociale existante” et que les députés allaient lever “une grave inégalité pour notre démocratie” en votant pour le mariage homosexuel.
Depuis 2015, la Grèce dispose d’une union civile, mais elle n’offre pas les mêmes garanties juridiques que le mariage civil. Le premier ministre a également insisté sur la nécessité de mettre un terme à des situations ubuesques en ce qui concerne l’homoparentalité. Il a déploré que les couples de même sexe n’aient “pas encore les mêmes possibilités légales pour fournir à leurs enfants ce dont ils ont besoin, pour pouvoir les emmener à l’école, pour pouvoir voyager, pour aller chez le médecin ou à l’hôpital.”
La GPA toujours inaccessible aux couples homosexuels
Pour Konstantinos Androulakis, un Grec de 46 ans marié au Royaume-Uni avec Michael et père de deux enfants de 6 et 11 ans, la Grèce vit “un moment historique”. Il affirme que c’est “un tremplin important” et espère que “les droits des personnes LGTB+ s’améliorent en Grèce de manière générale.”
Certains ont toutefois déploré que le projet de loi n’accorde pas la gestation pour autrui (GPA) aux couples homosexuels. L’essentiel de l’âpre débat qui a agité le pays ces dernières semaines a concerné la question de l’homoparentalité. Les études d’opinion ont montré que les Grecs étaient plutôt favorables au mariage homosexuel mais opposés à l’adoption par les couples de même sexe.
L’Église orthodoxe désavouée
Dans un pays majoritairement orthodoxe, l’Église s’est totalement opposée au projet. Le Saint-Synode a affirmé que “les enfants ont un besoin inné et donc le droit de grandir avec un père de sexe masculin et une mère de sexe féminin” et a adressé une missive à tous les députés.
Mais seuls environ 4000 opposants, emmenés notamment par Niki, le parti d’extrême droite proche de la Russie, se sont retrouvés devant le parlement, brandissant des icônes de la Vierge et des croix chrétiennes. En septembre, Stefanos Kasselakis, affichant publiquement son homosexualité et récemment marié aux États-Unis à son partenaire, a pris les rênes du parti de gauche Syriza, première force d’opposition au parlement.