Félix Auger-Aliassime a eu toutes les raisons de croire que sa folle et étrange épopée à Madrid, marquée par le forfait de trois de ses rivaux, se conclurait par le plus prestigieux titre de sa carrière. Mais le Québécois a finalement perdu sa première finale dans un Masters 1000 au terme d’une longue bagarre, dimanche.
Félix a bien eu le huitième mondial dans les câbles pendant une manche, mais le Russe Andrey Rublev a ensuite retrouvé le niveau de jeu qu’il a présenté tout au long des 12 jours derniers jours pour finalement l’emporter 4-6, 7-5 et 7-5, après près trois heures de jeu qui se sont conclues par… une double faute du Québécois.
«Félix, je te l’ai déjà dit, mais j’ai un grand respect pour toi, l’a louangé le champion dans ses remerciements d’après-match (à voir ici). Tu es une inspiration pour tous, de par ton professionnalisme. […] Je te souhaite le meilleur et beaucoup de succès.»
«FAA» tentait dans ce match de devenir le premier joueur canadien à remporter en simple un titre de la catégorie Masters, la plus importante après les quatre tournois du Grand Chelem. Ces trophées Masters 1000, ils sont l’apanage de l’élite: à lui seul, Novak Djokovic en compte 40, un record.
Il était aussi en quête d’un premier sacre sur terre battue, de son sixième en carrière toutes surfaces confondues, et d’une 200e victoire sur l’ATP.
Du bon dans la défaite
Malgré la déception que l’on imagine immense, Auger-Aliassime quittera tout de même la capitale espagnole fort d’une belle remontée au classement – de la 35e à la 20e place – et aussi, avec une dose supplémentaire de confiance dans ses bagages.
Parce qu’après avoir connu une saison 2023 pénible et un début de campagne en demi-teinte, Félix pourra se targuer d’avoir démontré de très belles choses sur la terre battue rapide de Madrid.
À commencer par ce superbe match de ronde des 16 contre le Norvégien Casper Ruud, cinquième tête de série, un joueur généralement dominant sur l’ocre.
Un match qu’Auger-Aliassime a remporté 6-4 et 7-5 grâce à une solide prestation, qui lui conférait sa première victoire sur cette surface contre un joueur aussi bien classé.
Mais ça, c’est quand il a pu jouer. Car son match de troisième ronde face à Jakub Mensik s’est arrêté après un set remporté 6-1, le Tchèque abdiquant, blessé.
Puis, son quart de finale contre le favori Jannik Sinner n’a jamais eu lieu, l’Italien déclarant forfait, blessé à la hanche. Et en demi-finale, la 30e tête de série, le Tchèque Jiri Lehecka, s’est retirée au septième jeu après s’être fait mal au dos.
Cette étrange succession d’abandons aurait d’ailleurs pu se poursuivre dimanche: dans son discours, Rublev, fiévreux, a révélé qu’il n’avait presque pas dormi depuis quatre jours et qu’il avait songé à faire l’impasse sur cette finale.
Sensationnel, puis…
Bien sûr, il est impossible de dire si «FAA» se serait rendu aussi loin dans le tournoi, n’eût été ces multiples coups du destin.
Mais dans le match ultime, l’ancien sixième joueur au monde semblait en voie d’offrir une performance aussi sensationnelle que celle de mardi.
Félix, 23 ans, a dominé la première manche contre un Rublev chancelant – on comprend maintenant mieux pourquoi –, menant à un moment par deux bris.
Son rival, face à qui le Québécois a toujours disputé des rencontres serrées malgré sa fiche d’une victoire contre cinq revers, a toutefois miraculeusement retrouvé sa superbe à la deuxième.
Puis à la troisième et ultime, durant laquelle «FAA» à dû faire appel deux fois au soigneur pour masser ses cuisses endolories, le Montréalais d’origine a fait face à six balles de bris dans ce set, qu’il est toutes parvenu à sauver.
Sauf la dernière, bien sûr.
«J’ai tout tenté, a garanti Auger-Aliassime sur le court, avant de recevoir son trophée de finalistes. Andrey, tu es un excellent joueur, on passe toujours du bon temps ensemble sur le circuit, et tu mérites absolument cette victoire.»