Mégalopole, une œuvre titanesque à la limite de l’absurde

2024-10-18 09:26:00

«Maestro, vous avez réalisé un chef-d’œuvre, un film très philosophique !». Il fallait le dire à Francis Ford Coppola, après qu’une rue lui ait été dédiée de son vivant et après que les critiques du monde entier lui ont jeté de la boue et que le box-office s’est révélé implacable. Pour paraphraser un critique bien connu, on pourrait affirmer sans sourciller que « les artistes naissent, les critiques naissent, le public meurt ». Et puis, dans un certain sens, il avait lui-même dénoncé les critiques négatives, se lançant dans de fausses critiques émanant de journaux illustres. Le fait est qu’aujourd’hui, même les critiques sont affectés par ce refroidissement émotionnel que nous appelons culture éveillée ou quelque chose de similaire, à tel point qu’ils sont incapables de comprendre la verve du maestro et son “Huit et demi” très personnel. Ce qui n’aurait pas pu être présenté ailleurs : nous sommes à Cinecittà, c’est ici que naissent les illusions comme disait Fellini et c’est ici que François s’est envolé dans l’air du cinéma pur, du cinéma qui devient magique. Une magie que la critique autiste actuelle, incapable de ressentir des émotions, n’a pas saisi.

Un travail titanesque

Mégalopolis est avant tout une œuvre titanesque, fruit de décennies de gestation et d’une vision qui transcende les limites du cinéma contemporain. Avec un budget de 120 millions de dollars, entièrement autofinancé par la vente de ses vignobles bien-aimés de la vallée de Sonoma, Coppola a démontré une fois de plus qu’il est un dirigeant qui ne se plie pas à la logique du marché, mais qui façonne le marché lui-même avec la force de ses idées.

Et c’est un film qui défie toute définition. Il s’agit d’une œuvre visionnaire qui mêle des éléments de science-fiction dystopique à de profondes réflexions sur la nature humaine et le destin des civilisations. L’intrigue, qui se déroule dans un New York futuriste dévasté par un cataclysme imminent, suit l’architecte visionnaire César, interprété par un inoubliable Adam Driver, dans une tentative de reconstruire la ville selon des idéaux utopiques. Mais son projet se heurte à des forces politiques corrompues et à des intérêts personnels, dans une intrigue qui fait écho aux grandes tragédies grecques et shakespeariennes.

Megalopolis est avant tout une ode visuelle à la grandeur et à la chute de l’Empire romain, traduite dans la Nouvelle Rome imaginaire qui rappelle la Rome impériale à son apogée. L’antagoniste, le maire Frank Cicero, un Giancarlo Esposito en état de grâce, incarne toutes les contradictions d’un Catilina moderne, mêlant démagogie et corruption dans un cocktail explosif.

Vers la photo

La photographie de Mihai Mălaimare Jr. est un triomphe du clair-obscur numérique. Plutôt que de copier la tradition de composition classique, il crée un pont visuel entre l’esthétique de la statuaire romaine et un avenir post-humain. Ses clichés, souvent symétriques et grandiloquents, évoquent la splendeur de l’architecture impériale des Césars, avec des bâtiments qui semblent surgir des ruines tels de nouveaux Colisée. L’utilisation de la lumière, en particulier, est révolutionnaire : Coppola joue avec les ombres et les reflets pour créer un monde à la fois familier et étranger, où la frontière entre réalité et illusion devient de plus en plus floue.



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