Mehdi Djaadi : l’histoire d’un artiste aux multiples facettes

Mehdi Djaadi croit aux symboles. Jouer la dernière date de son spectacle à Tours, la ville qui est devenu son port d’attache, est le pur fruit du hasard. Mais quand même !

Depuis mai 2023, le comédien et son épouse ont emménagé dans le quartier Velpeau. Et accueilli une petite fille. C’est d’ailleurs avec elle que le jeune papa arrive place du Grand-Marché à Tours.

Casquette vissée sur la tête, la poussette bien calée à ses côtés, Mehdi Djaadi a le sourire collé aux lèvres. « Tours est la seule ville où j’ai joué deux fois mon seul en scène : en novembre 2023 à la Comédie et vendredi au palais des congrès. »

Avec Sortir, Mehdi Djaadi a été nommé aux Molières 2023 dans la catégorie « Seul(e) en scène ». Et rempli de nombreuses salles dont la Cigale et l’Olympia. Dans Sortir, il y est question de spiritualité, de liberté et de tolérance. « J’ai eu une grande quête spirituelle », explique le trentenaire, qui a grandi dans une famille musulmane pratiquante et converti au christianisme.

Tout au long de ce parcours initiatique, le jeune homme qui vient d’un milieu ouvrier de Saint-Étienne (Loire) va de rencontre en rencontre. « C’est ce chemin de vie que j’ai voulu raconter. »

Premier rôle et révélations des Césars 2016

Sur scène, le comédien – que l’on a vu tout récemment sur jusqu’à aux côtés de Pierre Arditi et Raphaël Quenard dans la série de Lætitia Masson Citoyens clandestins – joue « une quinzaine de personnages : des gars à l’école coranique, des escrocs, un pasteur, un prêtre ou encore un prof de yoga. » Dans cette « grande fresque » le comédien parvient à « faire rire, mais aussi à donner de l’émotion. Car c’est mon parcours, une histoire où tout est possible ».

Dans le quartier de Saint-Étienne où il a grandi, « il y avait une médiathèquese souvient celui qui n’accrochait pas avec les études. J’avais une curiosité débordante : j’ai toujours dévoré les bouquins et vu des tas de films ». Puis à 14 ans, Mehdi arrête l’école.

« J’ai fait des mauvaises rencontres. Et je me mets dedans, dit, cash, le tout jeune papa. J’étais moi-même une mauvaise rencontre. J’ai commencé à faire des bêtises de plus en plus grosses. » Les condamnations tombent. « De 16 à 20 ans, j’étais beaucoup arrêté par les flics. C’était mon quotidien. J’avais le Bateau ivre de Rimbaud dans la poche et le marque-page, c’était une barrette de shit. »

À 14 ans, Mehdi arrête l’école

Le déclic, le jeune homme l’a quand il se retrouve au cœur d’une arnaque à l’usurpation bancaire. « Les gars avec qui j’étais ont pris de grosses condamnations. » Avec son bagout et son envie d’ailleurs, Mehdi Djaadi prend « son baluchon sous le bras direction Valence (Drôme) parce qu’on m’avait donné le contact d’un éditeur ».

C’est le début d’une nouvelle vie : « Ce couple m’a hébergé et tendu la main. » C’est à Valence aussi que Mehdi découvre les planches : « Je me suis inscrit au conservatoire, c’était une révélation. J’étais à ma place sur un plateau de théâtre. »

Parce qu’il était bon, une copine du conservatoire lui demande d’être sa réplique lors d’une audition pour intégrer une école d’art dramatique à Lausanne (Suisse). Finalement, c’est lui qui est repéré.

Mehdi sort diplômé et se rend vite compte qu’on le cantonne à certains rôles : « Tu remplis des quotas qui n’ont rien à voir avec ton talent. » Quand même, pour son premier rôle au cinéma, dans Je suis à vous tout de suite de Baya Kasmi, il fait partie des révélations des Césars 2016.

Entre deux rôles au cinéma et au théâtre, le comédien décide « d’aller sur scène et de raconter cette histoire. Le début d’une aventure dingue ». Aventure qui est en passe de se terminer à Tours, vendredi 12 avril, après cinq ans d’un succès fou.