Mélanger les cartes : sur le budget de l’Union 2024-25

Le premier budget du gouvernement NDA dirigé par le BJP, premier mandat consécutif du gouvernement, est une tentative claire de dire aux électeurs indiens qu’il a entendu haut et fort le message angoissé des jeunes chômeurs du pays. Le BJP ayant subi des revers aux élections générales face à une campagne d’opposition concertée qui a mis en lumière les problèmes qui agitent les jeunes électeurs, comme le manque palpable d’emplois, la ministre a tenu à redresser la situation avant la série d’élections d’État qui auront lieu plus tard cette année. Affirmant que les pauvres, les femmes, les jeunes et les agriculteurs étaient les quatre « castes » que ce gouvernement s’efforçait de servir, Mme Sitharaman a souligné que le budget de cette année mettait particulièrement l’accent sur « l’emploi, la formation, les MPME et la classe moyenne ». Dans le cadre de cet effort, un ensemble de cinq programmes et initiatives a été proposé en vue de faciliter l’emploi, la formation et d’autres opportunités pour 4,1 crores de jeunes sur une période de cinq ans avec un investissement central de ₹2 lakh crore. La pièce maîtresse est un programme visant à fournir un mois de salaire en guise de subvention à toutes les personnes nouvellement entrées sur le marché du travail dans un emploi du secteur formel, ce qui impliquerait que l’employeur enregistre l’employé auprès de l’Organisation du Fonds de prévoyance des employés (EPFO). Le transfert direct des prestations d’un mois de salaire, sous réserve d’un plafond de ₹15 000, serait effectué en trois versements pour les nouveaux employés. La principale mise en garde est que l’employeur devrait rembourser la subvention si l’emploi du nouveau venu prenait fin dans les 12 mois suivant son embauche. Français D’autres programmes consistent à soutenir la création d’emplois dans le secteur manufacturier, l’un offrant un soutien direct aux employeurs qui augmentent le nombre d’emplois enregistrés auprès de l’EPFO, et un autre, un programme de compétences en concertation avec les États et le secteur privé qui s’appuie sur le réseau existant d’ITI pour stimuler l’employabilité des jeunes. Le cinquième de cette série de programmes, comme on pouvait s’y attendre crédité comme étant sous l’égide du Premier ministre, est une initiative intéressante pour faciliter les opportunités de stage aux jeunes dans 500 grandes entreprises. Le programme, qui semble refléter une proposition similaire contenue dans le manifeste du Congrès, implique que les stagiaires reçoivent une allocation mensuelle de ₹5 000 et une aide ponctuelle de ₹6 000, les entreprises participantes étant censées prendre en charge le coût de la formation pour la période de 12 mois ainsi que 10 % de l’allocation de stage provenant des fonds de RSE. Destiné aux chômeurs âgés de 21 à 24 ans qui ne suivent pas d’études à temps plein au moment de la demande, le ministre a déclaré que ce programme offrirait, sur une période de cinq ans, potentiellement à un million de jeunes la possibilité de se familiariser avec un environnement commercial réel et des professions variées. Tous ces programmes devront cependant être évalués dans le contexte du fait que l’Inde doit, en moyenne, créer 78,5 lakh d’emplois non agricoles par an jusqu’en 2030, comme l’a souligné le conseiller économique en chef dans son étude économique, en grande partie pour absorber la main-d’œuvre qui quitte l’agriculture.

Reconnaissant une fois de plus la primauté de l’économie politique dans l’élaboration des politiques, Mme Sitharaman a cherché à apaiser l’accusation stridente de l’opposition d’être trop proche des grandes entreprises en faisant un effort concerté pour relever certains des défis auxquels est confronté le secteur clé des MPME. En commençant par un système de garantie de crédit pour aider les MPME du secteur manufacturier à obtenir des prêts pour financer leurs achats de machines et d’équipements sans garantie ni tiers, les propositions du budget pour le secteur clé pourvoyeur d’emplois ont été adaptées pour faciliter leur accès non seulement au financement par emprunt et au fonds de roulement, mais aussi aux opportunités commerciales en tant que fournisseurs potentiels d’un plus grand nombre d’entreprises du secteur public central et de grandes entreprises. Les MPME, cependant, peuvent attendre de voir le résultat d’une autre assurance budgétaire du ministre – selon laquelle le gouvernement s’efforcera de simplifier davantage le régime de la TPS et de rationaliser la structure fiscale – avant de se réjouir, compte tenu des difficultés qu’elles rencontrent avec le système de taxes indirectes. Pour la classe moyenne, le menu des offres de Mme Sitharaman est presque entièrement axé sur les allègements fiscaux pour les salariés. Afin d’inciter davantage de contribuables à adopter sans réserve le nouveau régime d’impôt sur le revenu, la déduction standard a été augmentée et les tranches d’imposition avec leurs taux d’imposition respectifs ont été révisées de manière à laisser un peu plus d’argent entre les mains des salariés, après impôts. Les retraités devraient également bénéficier d’une augmentation marginale de ₹10 000 de la déduction autorisée sur les pensions familiales.

Le budget de Mme Sitharaman pour 2024-25 s’en tient une fois de plus à la trajectoire de consolidation budgétaire du gouvernement, avec un déficit budgétaire proposé de 4,9 % du PIB. Pour atteindre cet objectif budgétaire, le ministre a discrètement entrepris de réduire les dépenses dans plusieurs secteurs sociaux, notamment l’école et l’enseignement supérieur, qui ont vu leur part des dépenses budgétaires diminuer. La réduction la plus flagrante doit cependant être la réduction de la part des dépenses consacrées au programme de garantie d’emploi rural – MGNREGA -, l’estimation du budget fixant les dépenses consacrées au programme à une part de 1,78 % des dépenses globales, à son plus bas niveau depuis neuf ans, contre 1,92 % dans les estimations révisées pour 2023-24. Les subventions dans tous les domaines, des engrais à l’alimentation et au pétrole, ont également été réduites. Et l’absence flagrante dans le discours de Mme Sitharaman était la moindre mention de ce qui était autrefois le plus gros employeur du pays, les chemins de fer indiens. Les contraintes politiques ont, comme prévu, donné lieu à des allocations importantes pour le Bihar et l’Andhra Pradesh, les États où sont au pouvoir les alliés cruciaux du BJP. Dans l’ensemble, Mme Sitharaman semble avoir équilibré dans une certaine mesure les contraintes politiques et budgétaires.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.