Obsédé par le fantôme d’un amour perdu, un vieil homme raconte à son nouveau secrétaire l’histoire de Melody, disparue juste avant leur mariage. Dans son dernier roman, qui oscille entre passé et présent, Martin Suter s’interroge sur le poids des souvenirs fictifs ou réels.
Martin Suter aime écrire des livres qu’il aimerait lire. Tous comportent leur part de mystère, de secret. Pour l’auteur, ses personnages sont toujours différents entre le début et la fin du roman. “C’est une dramaturgie classique”, avoue-t-il avec modestie, mais c’est ce qu’il recherche: l’étincelle, le basculement. “Qui suis-je et qui pourrais-je être encore sont des thèmes qui m’ont toujours fasciné”, indique l’auteur.
Ici, le secret, c’est Melody. Qui est-elle? Pourquoi son portrait est-il suspendu partout dans cette demeure qui ressemble à un mausolée? Pourquoi a-t-elle disparu juste avant les noces? Est-elle morte ou vivante? Que s’est-il passé? Cette femme et son absence ont littéralement pétri, changé le Dr. Peter Stotz et tout son entourage.
Sachant qu’il lui reste peu de temps à vivre, Peter Stotz, ancien conseiller national, industriel, militaire, membre de la bonne société zurichoise, engage un jeune avocat, Tom Elmer. Celui-ci, sous couvert d’archiver et d’écrire en sous-main une biographie de Peter Stotz expurgée de scories, devient surtout le récipiendaire d’une fabuleuse histoire d’amour. Grâce à cette relation, Tom est le fil que nous suivons pour tenter de comprendre Melody, sa vie, sa disparition.
Livre de la maturité, “Melody” sent le café, la pipe, le cognac, la cuisine italienne et le passé. Dans cette maison où plane l’image et la mémoire vive de la jeune femme s’activent des êtres de chair, toutes et tous au service de Peter Stotz: intendante, majordome, ami écrivain, jeune avocat, ancienne secrétaire particulière. L’atmosphère sert ainsi l’enquête philosophique, l’évocation de souvenirs de ce livre puzzle. “Melody” est un miroir à multiples facettes, à l’image de ce que nous laissons quand nous partons.
Fin gourmet, épicurien, Martin Suter aime faire gargouiller les estomacs, frisotter les moustaches et s’activer les glandes salivaires de ses lectrices. L’histoire de Melody s’inscrit dans la continuité d’un rituel culinaire. De plus, pour l’auteur, un roman doit s’attacher au concret, s’ancrer dans la réalité.
“Plus je vieillis, plus je vois que c’est l’amour qui nous reste”, confie l’écrivain alémanique. Et “Melody” est un très beau roman d’amour.
Pour ceux qui aiment les histoires d’amour et les mystères, “Melody” est donc une lecture incontournable.
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