Le dimanche 28 janvier 2024, c’est la Journée internationale des malades de la lèpre. Chaque année, dans le monde, 200 000 nouveaux cas apparaissent dans environ 145 pays. Michel-Yves Grauwin, chirurgien orthopédique lillois, a consacré plus de dix ans de sa vie à l’Afrique pour prévenir, informer, former et opérer contre la lèpre. À 74 ans, il vient de terminer sa carrière au CHRU de Lille et revient sur son combat contre la lèpre.
À la fin de sa formation de médecin, au milieu des années 1970, Michel-Yves Grauwin a rapidement su où il voulait aller. Deux aventuriers l’ont aidé dans cette orientation : Paul Grauwin, son cousin d’une soixantaine d’années, qui, en tant que docteur, avait soigné en Indochine française pendant la guerre, et le dynamique Bernard Kouchner, le “French doctor”, qui voulait embaucher Michel-Yves dès leur première rencontre, alors que ce dernier n’était pas encore diplômé.
Si Michel-Yves disait “non”, n’ayez crainte, ce n’était que partie remise : le jeune médecin avait des envies d’ailleurs pour exercer son métier, mais il voulait le faire une fois sa formation de chirurgien terminée. Après avoir obtenu son diplôme, il s’est rendu en Iran à l’âge de 30 ans, puis aux Philippines, en temps de guerre ou non, avant de découvrir la lèpre sur le continent africain.
Issu d’une famille de juristes, l’homme a suivi son cœur : son choix de devenir médecin a été une évidence. Son père lui demandera de s’installer une fois qu’il aura obtenu son diplôme de chirurgien, mais il finira par accepter les missions en Afrique que choisit le jeune homme.
À chaque fois, un leitmotiv, “comme disait le cousin Paul : ‘vas où tu dois aller ne te laisse pas guider”. L’envie de découvrir, une espèce d’appel, le conduit au Burkina Faso, puis au Mali, où il découvre donc la lèpre, “une deuxième marmite” dans laquelle il se construit. Passionné, il “enseigne, forme, opère, fait de la santé publique”. “Touche à tout”, il a conscience d’avoir trouvé sa voie. S’il se fait une réputation de médecin qui ne veut pas opérer, c’est qu’il axe son combat contre la maladie sur la prévention.
La lèpre, peut-être bénigne si elle est dépistée tôt, se manifeste par des tâches sur la peau qui doivent être traitées avec trois antibiotiques pendant un an. Mais si on n’y prête pas attention, le bacille de la lèpre s’installe dans le nerf périphérique, entraînant insensibilité et paralysie des extrémités, des yeux, des mains et des pieds, pouvant aller jusqu’à des plaies voire des amputations.
Pour autant, l’humanité, la force dont font preuve certains malades sont pour lui des leçons, des sources d’inspiration. Il se souvient d’une maman, son bébé dans les bras : “Cette femme est là avec ses griffes à la place des mains, non fonctionnelles, avec cette forme de sérénité, de calme et cela nous renvoie de la force et du courage… Des rencontres comme celle-là, construisent, renforcent, enrichissent”.
La Fondation Raoul Follereau du nom du journaliste et écrivain éponyme a été créée en 1943. En 1954, il lançait la première édition d’une journée mondiale des malades de la lèpre avec un double objectif : “obtenir que toutes les personnes atteintes de la lèpre soient considérées et soignées comme n’importe quels autres malades ; lutter contre les discriminations et la peur parfois criminelle que cette maladie engendre”. Cet appel s’est concrétisé au travers des actions menées et soutenues à l’international par la Fondation Raoul Follereau, dont le fondateur a contribué, durant 70 ans, à guérir 16 millions de malades.
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2024-01-28 09:05:01