Une réflexion sur le rôle de l’immigration dans la société et sur l’importance d’une citoyenneté inclusive et interculturelle,avec un regard sur un quartier romain.
Mon plombier s’appelle Gheorghe. Je l’appelle GicÄ, car c’était le surnom d’un oncle auquel j’étais attaché.
Mais nous sommes dans un quartier romain et Gheorghe est Gigi pour tout le monde, c’est ainsi qu’il se présente. Gigi a la cinquantaine, il est grand, il a les cheveux bouclés et chaque fois que je le rencontre, il porte un foulard coloré autour du cou qui lui donne un charme. Gigi est le plombier de confiance de tout le quartier. Gigi n’est pas seulement un magicien de la plomberie : il fixe des étendoirs rotatifs au mur, il repeint, il répare des assemblages maladroits de meubles d’une célèbre chaîne suédoise. Gigi est très demandé, car Gigi gets the job done.
Le dévouement de Gigi à son métier, son éthique du travail, est celui des immigrés du monde entier. Travailler dur,travailler toujours. Il suffit de regarder autour de soi. Le dévouement de Gigi est le même que celui de Bibo,le fleuriste égyptien qui a repris le magasin en août dernier. De Luis, le cordonnier du quartier, originaire du venezuela. De Marta, propriétaire de la blanchisserie, venue du Mexique et de la famille chinoise qui gère le magasin avec point de retrait de colis ouvert 7 jours sur 7.
Cet aperçu de la composition interculturelle et du placement sectoriel des résidents de mon quartier confirme les données fournies par un rapport sur les migrations. L’analyze des données sur l’emploi révèle que le secteur où la population migrante est la plus présente reste celui des services personnels et collectifs (31,6 %) ; suivent l’agriculture (17,7 %), la restauration et le tourisme (17,3 %) et la construction (15,6 %).
En offrant des services négligés par l’assistance publique et sociale, mais pourtant essentiels, comme les services dédiés aux soins de la personne, en revitalisant des secteurs négligés du petit artisanat et en créant des activités commerciales familiales, les migrants constituent une composante fondamentale de l’économie quotidienne. Grâce à leur esprit d’entreprise et à leurs compétences, ces travailleurs améliorent non seulement leur niveau de vie, mais ils renforcent l’économie du pays, au bénéfice de toute la communauté. En somme, Immigrants, get the job done.
Combien d’immigrés ?
Table of Contents
- L’Immigration, la Citoyenneté et l’Interculturalité : Un Regard sur un Quartier Romain
- Introduction
- Gigi, le Plombier du Quartier
- L’Immigration au Cœur de l’Économie
- Les Chiffres de l’Immigration
- L’Immigration et la Xénophobie
- le Mythe des 30 Millions
- La Dénigrement de l’Autre
- Les Causes de la Migration
- Combien d’Immigrés en Italie ?
- La Citoyenneté en question
- Acquisitions de Citoyenneté
- La Loi sur la Citoyenneté
- Le Rôle de la Famille Étrangère
- “Immigrants, We Get the Job Done”
- L’Hymne des Migrants
- L’Immigration, un Enjeu Actuel
- L’Importance de l’Interculturalité
- Le mythe d’Énée, l’immigrant fondateur
- FAQ
Il y a quelques semaines, dans un bus bondé, une altercation entre de jeunes immigrés a été suivie d’un monologue décousu d’un vieil homme qui expliquait à un passager comment nous avions ruiné le pays. « Vous êtes 30 millions, vous avez transformé l’Italie en un cloaque », disait-il en s’adressant au public. Le jeune homme assis en face de lui, et nous tous, sommes restés silencieux, même si lui et la majorité d’entre nous étaient directement concernés, même si nos visages, nos vécus étaient l’expression de l’interculturalité du pays, celle que le vieil homme insultait.
Il était peut-être fou, la capitale n’est pas une ville tendre avec ceux qui vivent en marge. Pourtant, des données de migrations hyperboliques, causes de tous les maux, caractérisent le discours public italien sur l’immigration, qui a pris ces dernières années des tons de plus en plus xénophobes.
Un baromètre a confirmé la tendance de ces dernières années, au cours desquelles nous avons assisté et continuons d’assister à des élections où le thème de la mobilité est associé à des affirmations discriminatoires et déshumanisantes visant à générer de la haine envers les migrants et les personnes issues de l’immigration.
L’analyse des contenus publiés par les politiciens révèle que lors des dernières élections, 53 % des contenus considérés comme problématiques se sont concentrés sur les thèmes de la migration. dans 29 % des cas, il s’agit de hate speech, de discours de haine associés aux thèmes de la migration. Un rapport a relevé des dynamiques d’antagonisation des minorités, catégorie qui comprend les réfugiés, les demandeurs d’asile et les migrants, ainsi que les citoyens issus de l’immigration.
Le processus de déshumanisation de l’étranger, du migrant, du réfugié, a été décrit en termes plus lyriques mais tout aussi efficaces par un prix Pulitzer, qui a écrit sur la condition du réfugié dans ses romans et dans plusieurs essais. Il suggère qu’aux yeux de ceux qui accueillent, les réfugiés sont caractérisés par l’extranéité. Vus comme « a stereotype, a joke, or a horror », ils sont déshumanisés.
En les déshumanisant, on ne peut pas sympathiser avec eux, et on ne peut pas s’identifier, les rendant soit invisibles, à ignorer, soit trop visibles, à craindre. Cette pratique, malheureusement devenue un paradigme commun dans le discours public des partis souverainistes européens, exhibe un sous-texte qui se réfère à des argumentations de caractère ethnique et racial, et révèle l’inquiétude de ceux qui croient que leur propre survie est dictée par la conservation du statu quo. La déshumanisation de l’autre révèle une profonde insécurité de son propre soi, qui ne parvient à s’affirmer qu’en antagonisant l’autre.
Les facteurs de la migration sont universels et concernent aussi les Italiens, traditionnellement un peuple de migrants. Bien que la motivation à migrer soit une expérience subjective, elle est liée à des facteurs communs : les conséquences de la colonisation européenne des siècles passés, des interventions militaires des grandes puissances dans le passé récent, des effets catastrophiques du changement climatique, ainsi que des profondes inégalités économiques. L’absence de mobilité sociale se reflète dans les histoires des émigrés italiens, du passé et du présent.
Combien sont-ils donc, ces immigrés ? Selon les données, l’Italie a commencé à être une destination de la mobilité internationale en 1973. Une sociologue des migrations écrit : « Cela fait presque cinquante ans que l’Italie est confrontée quotidiennement à l’immigration, mais certains la refusent encore, comme si l’on pouvait réellement renvoyer chez eux chacun des quelque 5,1 millions d’immigrés résidant régulièrement, certains en parlent encore comme d’un élément qui est arrivé mais qui est destiné à passer tôt ou tard ».
Les données mentionnées sont confirmées par un rapport, qui se réfère aux données du recensement de 2021 : 5 millions et 30 mille personnes, soit 8,5 % de la population italienne. Parmi ceux-ci, 853 mille ne sont pas du tout des immigrés, mais des citoyens étrangers nés en Italie.
Quelle citoyenneté
Une sociologue nous redonne une conception organique de la citoyenneté, entendue non pas comme une donnée immobile, fondée sur des éléments certains et immuables, mais comme un processus progressif et dynamique : « L’Italie est interculturelle, mais elle perd du temps depuis trop d’années à discuter de la pertinence de reformuler une loi sur la citoyenneté désuète, embourbée dans le passé d’une Italie qui n’existe plus, celle qui a donné tant de nouveaux citoyens à d’autres pays européens, comme la Belgique, mais aussi la France, l’Allemagne ou la Suisse pour rester dans la seule Europe. »
Un rapport révèle que dans l’intervalle 2011-2023,un million et 700 mille acquisitions de citoyenneté ont été enregistrées. Pourtant, la vague la plus récente d’acquisition de citoyenneté ne concerne pas ceux qui sont nés en Italie de parents étrangers ou ceux qui ont grandi en Italie, mais les acquisitions par ius sanguinis, demandes de citoyenneté présentées par les descendants de citoyens italiens qui ont émigré au cours des décennies précédentes. Un rapport enregistre que ces dernières années, le phénomène de l’acquisition italienne par descendance a enregistré une croissance extraordinaire : +160 % entre 2021 et 2022 et +30 % entre 2022 et 2023.
Au cours des 30 dernières années, plus de cent propositions de loi ont été présentées pour tenter de réformer la loi de 1992 qui régit l’octroi de la citoyenneté italienne. à l’exception des naturalisations et de l’acquisition par mariage, la citoyenneté italienne est accordée à ceux qui, étant nés dans un pays étranger hors UE, en font la demande après avoir passé légalement et sans interruption 10 ans sur le territoire italien. Ou bien, à ceux qui naissent en Italie de parents étrangers, résident sans interruption sur le territoire italien pendant 18 ans, et en font la demande dans l’année qui suit leur 18e anniversaire.
La décision de la Cour constitutionnelle de janvier dernier, qui a déclaré recevable le référendum abrogeant promu par un parti avec le soutien de plusieurs autres.L’initiative populaire, soutenue par plus de 70 organisations de la société civile italienne, offre une lueur d’espoir. Elle vise à réduire de 10 à 5 ans la durée de résidence légale en Italie nécessaire pour demander la citoyenneté. Près d’un million de jeunes nés et ayant grandi en Italie restent exclus de la citoyenneté.
Cette première étape nécessaire, avec l’atteinte du quorum, pourrait lancer un débat sur une réforme plus ambitieuse de la loi sur la citoyenneté. Le délai bref dans lequel les promoteurs de l’initiative référendaire ont recueilli les signatures nécessaires témoigne d’une sensibilité citoyenne. Une partie de la population conçoit la mobilité humaine au-delà des considérations économiques. Elle dépasse l’exaltation des travailleurs migrants comme simple force de travail.Le temps est venu d’une réflexion sur le rôle des communautés de migrants et de leurs enfants dans la construction du pays.
peu d’œuvres contemporaines parviennent à toucher un large public en parlant d’expérience migratoire. le single de 2017 « Immigrants, We get the Job done » est une rare exception.
Au-delà des critiques récentes concernant le concept du musical dont s’inspire le single, *Hamilton: An American Musical*, l’idée d’une nation américaine fondée par les immigrants occulte le colonialisme et l’oppression des populations indigènes.Le single reste un hymne à l’expérience migratoire.
Avec un rythme soutenu, typique du hip hop, le single met en scène l’épopée du migrant. Il évoque les motivations du départ, les difficultés du parcours migratoire et la fatigue de s’affirmer dans un pays étranger. Quatre artistes traversent magistralement les barrières linguistiques entre l’anglais et l’espagnol.
La chanson *Immigrants, we get the job done* invite à une réflexion sur le rôle des migrants dans la construction actuelle du pays. Cette réflexion est aujourd’hui plus nécessaire que jamais, pas seulement aux États-Unis.
Il peut sembler paradoxal de prétendre à une réflexion sur les politiques migratoires, l’octroi de la citoyenneté et la conception de notre société dans un contexte de crise des valeurs d’inclusion et des droits humains.Il n’y a pourtant pas de meilleur moment pour réaffirmer notre solidarité avec ceux qui font partie intégrante de notre société sans pouvoir pleinement jouir de leurs droits. Il faut reconnaître la participation active des migrants et de ceux qui ont un passé migratoire à l’économie, au bien-être social et au dynamisme culturel.
C’est le moment de réaffirmer que la société que nous voulons est une communauté de citoyens où les différences sont non seulement tolérées mais accueillies.Ces différences sont une partie intégrante de nos valeurs culturelles, sociales, économiques et politiques, reflet d’une société interculturelle. La mobilité humaine a façonné le pays et le continent que nous sommes, depuis la nuit des temps.
Le mythe fondateur de notre pays plonge ses racines dans une ancienne narration qui se réfère aux exploits d’Énée. Il est traditionnellement décrit comme un étranger, un voyageur, un migrant, un immigré. Fuyant la ville de Troie en flammes, il arriva en tant que réfugié sur les côtes du Latium, en quête de salut pour lui-même, son père âgé et son jeune fils. Il n’est pas difficile d’imaginer une transposition contemporaine du mythe d’Énée où, quelques années après son arrivée, on l’entendrait réciter : Look how far I’ve come / Immigrants, we get the job done
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L’Immigration, la Citoyenneté et l’Interculturalité : Un Regard sur un Quartier Romain
Introduction
Ce texte explore le rôle de l’immigration dans la société, l’importance d’une citoyenneté inclusive et interculturelle, en s’appuyant sur l’exemple d’un quartier romain.
Gigi, le Plombier du Quartier
Gheorghe, surnommé Gigi, est le plombier du quartier. Il est l’incarnation de l’éthique du travail et du dévouement des immigrés.Son expertise et sa capacité à “get the job done” le rendent indispensable.
L’Immigration au Cœur de l’Économie
Le dévouement de Gigi est partagé par d’autres commerçants immigrés, soulignant la contribution essentielle des migrants à l’économie locale.
Les Chiffres de l’Immigration
Un rapport révèle que le secteur des services personnels et collectifs est le principal employeur des migrants.
| Secteur d’Activité | pourcentage |
| ————————— | ———– |
| Services personnels et collectifs | 31,6 % |
| Agriculture | 17,7 % |
| Restauration et tourisme | 17,3 % |
| Construction | 15,6 % |
L’Immigration et la Xénophobie
Malgré leur contribution, les immigrés sont victimes de discours xénophobes et de discrimination.
le Mythe des 30 Millions
Un homme dans un bus accuse les immigrés de “ruiner” le pays, illustrant la propagation d’une image négative de l’immigration.
La Dénigrement de l’Autre
La déshumanisation des immigrés est une pratique courante, les rendant invisibles ou craints.
Les Causes de la Migration
Les facteurs de la migration sont universels et incluent les conséquences du colonialisme, des conflits et des inégalités économiques.
Combien d’Immigrés en Italie ?
L’Italie accueille l’immigration depuis 1973. En 2021, les immigrés représentent 8,5 % de la population italienne, soit 5,03 millions de personnes.
La Citoyenneté en question
La citoyenneté en Italie est un sujet de débat, notamment en ce qui concerne la loi de 1992. Une conception organique de la citoyenneté est nécessaire.
Acquisitions de Citoyenneté
Entre 2011 et 2023, 1,7 million de personnes ont acquis la citoyenneté italienne.
La Loi sur la Citoyenneté
La loi actuelle pose problème, surtout pour les jeunes nés et ayant grandi en italie de parents étrangers.
Le Rôle de la Famille Étrangère
Un référendum populaire soutenu par la société civile vise à faciliter l’acquisition de la citoyenneté.
“Immigrants, We Get the Job Done”
Le single de 2017 célèbre l’expérience migratoire.
L’Hymne des Migrants
La chanson souligne les arduousés et la détermination des migrants.
L’Immigration, un Enjeu Actuel
Il est essentiel de réaffirmer la solidarité envers les migrants.
L’Importance de l’Interculturalité
La société que nous voulons est une communauté où les différences sont accueillies et valorisées.
Le mythe d’Énée, l’immigrant fondateur
Le texte souligne le rôle fondateur de l’immigration dans la construction de la société italienne.
FAQ
Combien d’immigrés vivent en Italie ?
Environ 5,03 millions en 2021, soit 8,5 % de la population.
Quels sont les secteurs d’activité qui emploient le plus de migrants ?
Les services personnels et collectifs (31,6%), l’agriculture (17,7%), la restauration et le tourisme (17,3%), et la construction (15,6%).
Qu’est-ce que le “ius sanguinis” ?
C’est le droit du sang, qui permet aux descendants de citoyens italiens émigrés d’acquérir la citoyenneté.
Quels sont les principaux obstacles à l’acquisition de la citoyenneté italienne ?
La loi actuelle impose des délais de résidence importants, notamment pour les jeunes nés de parents étrangers.
quels sont les enjeux de la réforme de la loi sur la citoyenneté ?
Faciliter l’accès à la citoyenneté pour les jeunes nés et ayant grandi en Italie.