09/04/24
Une mission d’évaluation à Eau Claire, après les décès liés à la rage
Trois médecins et deux vétérinaires se sont rendus dans le secteur d’où provenaient les trois personnes décédées de la rage entre le 17 février et le 1er mars. Ils n’ont retrouvé ni personnes ni animaux symptomatiques. Des doses supplémentaires de vaccin ont été livrés au centre antirabique de l’hôpital de Cayenne. Un arrêté préfectoral interdit l’accès à Eau Claire.
« En raison de la circulation du virus de la rage dans la zone », l’accès au secteur d’Eau Claire, sur le territoire de Maripasoula, a été interdit par arrêté préfectoral en fin de semaine dernière, ont annoncé la préfecture de Guyane et l’Agence Régionale de Santé dans un communiqué commun. Toutes les personnes présentes dans le secteur ont été invitées « à quitter les lieux dans les meilleurs délais ».
Avant cela, une mission a été menée dans le secteur où, entre le 17 février et le 1er mars, trois orpailleurs clandestins sont décédés de la rage – de façon confirmée pour l’un d’eux, vraisemblablement pour les deux autres. Le Dr Francky Mubenga, médecin de veille et sécurité sanitaire à l’ARS, Benoît de Thoisy, vétérinaire à l’Institut Pasteur de Guyane et spécialiste de la rage, Xavier Beaudrimont, vétérinaire au service alimentation de la Direction générale des territoires et de la mer, le Dr Maylis Douine, médecin au Centre Hospitalier de Cayenne et bonne connaisseuse des problèmes de santé des garimpeiros, ainsi que le Pr Loïc Epelboin, de l’unité des maladies infectieuses et tropicales (Umit), se sont rendus sur place mardi dernier. L’objectif était de réaliser une analyse de risque en santé animale et en santé humaine, en repérant d’éventuelles personnes symptomatiques, les animaux domestiques malades ou non, et en interrogeant les personnes vivant sur place à partir d’un questionnaire préparé par Santé publique France et ses partenaires.
Des morsures fréquentes
Les garimpeiros avaient été informés de cette mission par des médiateurs, via des groupes WhatsApp et des pages Facebook communs. Une petite centaine ont été vus sur les 200 à 250 qui vivraient sur place. La mission était sécurisée par les Forces armées en Guyane.
Cette mission a permis d’informer les personnes sur les conduites à tenir. En répondant au questionnaire, la plupart ont indiqué avoir été mordus ces derniers mois par des chauves-souris, mais ni plus ni moins que par le passé. En revanche, elles n’ont pas déclaré de morsure de chien. Dans le cadre de l’étude Orpal 3 menée l’an dernier (projet Malakit – Curema) des garimpeiros avaient déjà été interrogés sur ces sujets : 60 % déclaraient posséder un chien et 57 % disaient avoir été mordus par une chauve-souris dans l’année précédant l’étude. La quasi-totalité (96,9 %) rapportaient avoir été en contact avec des chauves-souris sur le dernier site d’extraction où ils s’étaient rendus.
Davantage de vaccins au CHC
Durant la mission, les personnes interrogées ont confirmé la possibilité d’un quatrième décès lié à la rage, mais pas davantage, d’une personne inhumée en forêt. Aucune personne ni animal symptomatique n’a été repéré. Aucun garimpeiro ne présentait un état de santé nécessitant une évacuation sanitaire. En revanche, nombre d’entre eux présentaient des problèmes cutanés.
La prophylaxie post-exposition consistant en plusieurs injections intramusculaires de vaccin réparties sur plusieurs jours, il n’était pas envisageable de la réaliser sur place. Les personnes rencontrées ont été informées de ce qu’elles peuvent recevoir le vaccin antirabique au centre délocalisé de prévention et de soins (CDPS) de Saint-Georges et à Oiapoque. Le centre de traitement antirabique de l’hôpital de Cayenne a reçu une commande exceptionnelle de 300 doses de vaccin, la semaine dernière. Une centaine ont été livrés dans les CDPS
En forêt, l’importance de dormir sous moustiquaire
Ces cas de rage viennent rappeler, si besoin, qu’il est indispensable de dormir sous moustiquaire en forêt, même en l’absence de moustique. Celles-ci sont de nature à empêcher les morsures de chauves-souris et les contacts avec divers insectes. Hormis chez les chiroptérologues, les morsures de chauves-souris demeurent rares en Guyane.
L’an dernier, plusieurs morsures ont été signalées le long de la Comté. Avant cela, d’autres étaient survenues dans le secteur de Nancibo, à Montsinéry-Tonnégrande, en 2014 et 2015. Du fait du faible rayon d’action des chauves-souris et de la circulation cyclique du virus au sein des colonies, la diffusion spatiale et temporelle de la rage est très faible.
Le seul décès lié à la rage en Guyane est survenu en mai 2008, à Rémire-Montjoly. Quatre ans plus tard, des chercheurs de l’Institut Pasteur, de Santé publique France, de la direction des services vétérinaires, de l’hôpital de Cayenne et de l’ARS avaient conclu, dans PLoS Maladies tropicales négligéesque « l’origine de la contamination n’avait pas été formellement établie, même si une morsure non décelée de chauve-souris vampire est de loin la voie de transmission la plus probable ». Ils indiquaient aussi qu’un chat de la victime était mort deux mois plus tôt, après avoir été mordu par une chauve-souris et qu’il était possible que ce soit lui qui ait transmis la rage à la victime.
En cas de morsure de chauve-souris ou d’un mammifère, il est indispensable de contacter le centre antirabique de l’hôpital de Cayenne, au 0594 39 51 00, du lundi au samedi, de 7 heures à 12 heures et de 14 heures à 17 heures. Des doses ont également disposées dans les centres délocalisés de prévention et de soins (CDPS). Sur son site Internetl’Institut Pasteur rappelle que le « traitement préventif comprend le nettoyage de toutes les plaies, juste après la morsure ou griffure (eau et savon pendant 15 minutes) puis une antisepsie soigneuse (un contrôle de l’immunité antitétanique est également recommandé ainsi qu’une antibioprophylaxie dans certains cas). »
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2024-04-09 16:23:30