2024-11-26 11:12:00
La rencontre de formation continue des missionnaires du PIME opérant en Asie a été l’occasion de réfléchir sur des questions actuelles et urgentes, telles que l’intelligence artificielle, le post-humanisme et les implications éthiques et pastorales pour l’annonce de l’Évangile. Un défi pour le présent et le futur
Du 18 au 23 novembre 2024, 40 missionnaires PIME de divers pays asiatiques se sont réunis à Hyderabad, en Inde, invités des moniales catéchistes de Sainte-Anne (fondée par le Père Silvio Pasquali, du PIME), pour un cours de formation continue. Le thème « Les défis de la mission à l’époque post-humaine » a ouvert un horizon de réflexion sur des questions actuelles et urgentes, telles que l’intelligence artificielle (IA), le transhumanisme, le post-humanisme et la sollicitude éthique et pastorale de l’annonce. de l’Évangile. Le cours poursuivait un double objectif : favoriser la fraternité entre les missionnaires, à travers le partage de leurs expériences, et approfondir les grands thèmes qui influencent déjà leur travail dans différents contextes.
Les perspectives du cours
Trois intervenants ont animé la formation : Arockia Selvakumar et Arokya Raj MariasusaiSalésiens indiens très impliqués dans l’étude et les projets d’application de l’intelligence artificielle, et Ermenegildo Conti, philosophe et prêtre du diocèse de Milan. Ils nous ont montré systématiquement en quoi consistent l’intelligence artificielle, le trans-humanisme et le post-humanisme. Leurs perspectives complémentaires ont enrichi la discussion.
Don Selvakumar a présenté l’IA et les nouvelles technologies comme une opportunité missionnaire. Un possible « nouvel aréopage » pour l’annonce de l’Évangile, pour paraphraser les paroles de Jean Pale II, un lieu à vivre avec discernement. Il a souligné l’importance d’être présent dans cet environnement numérique, en valorisant son potentiel, mais avec conscience et sans naïveté, pour éviter les risques que peuvent comporter ces mêmes technologies.
Don Arockia Raj a analysé l’impact éthique et politique du post-humain. Ces technologies, bien qu’utiles, risquent d’accroître les inégalités, de compromettre la justice sociale et d’être gérées par des politiciens sans scrupules. Le post-humain a, dans un certain sens, déjà commencé, comme le montre l’histoire de Sophie, le premier robot umanoide dans le monde avec des applications d’intelligence artificielle, construites à Hong Kong et qui ont obtenu la nationalité saoudienne et ont visité plusieurs pays, dont l’Italie en 2018.
Don Conti, enfin, propose une analyse philosophique, mettant en garde contre un avenir dans lequel le corps humain pourrait devenir superflu, niant l’anthropologie chrétienne enracinée dans les mystères de l’incarnation et de la résurrection des corps.
Quatre points pour le discernement missionnaire
A la fin du cours, le Père Gianni Criveller, coordinateur de la commission pour la formation continue, a proposé quelques réflexions. Un partage commun s’ensuit. Je résume autour de quatre thèmes quelques-unes des choses qui ont émergé, qui touchent non seulement à l’impact de la technologie sur notre activité missionnaire, mais aussi à la nécessité de repenser la manière d’annoncer l’Évangile dans un monde transformé par le post-humain.
Science et survie: Même si l’IA promet des avancées extraordinaires, de nombreuses personnes luttent encore pour leur survie, leur justice et leur liberté. La technologie, notamment lorsqu’elle est utilisée dans l’armée, risque d’amplifier les inégalités et d’intensifier les crises humanitaires. La mission doit être une voix prophétique qui dénonce ces risques, s’engage pour la justice et défend les droits des plus petits.
Théologie du corps: le mystère de l’incarnation nous rappelle que le corps humain est le lieu de Dieu et que notre foi se fonde sur la réalité du Fils de Dieu incarné et ressuscité. L’innovation technologique qui réduit le corps à un support secondaire ou modifie profondément sa signification anthropologique doit être abordée avec un discernement critique. Chaque personne est une unité de corps et d’esprit, irremplaçable et irremplaçable, et l’Évangile annonce la résurrection de la personne, qui n’existe pas sans corps.
Esprit critique et ouverture d’esprit: Les médias sociaux utilisent l’IA pour créer des « chambres d’écho » qui isolent les gens dans des bulles de pensée, alimentant ainsi la division et la polarisation. En tant que missionnaires, nous sommes appelés à promouvoir une formation qui développe une pensée critique, capable de discerner la vérité du mensonge, et à éduquer en comparaison avec différentes perspectives. Cette éducation doit contribuer à jeter des ponts et à favoriser une compréhension mutuelle qui surmonte les barrières culturelles et idéologiques. Les bulles ne font pas que créer des bulles fausses nouvellesmais aussi le pas de nouvelles: c’est-à-dire des informations qui n’arrivent jamais, car nous sommes enfermés dans notre bulle.
Relations authentiques et racines internes: la mission ne peut se réduire à des interactions virtuelles. L’Évangile se transmet à travers des rencontres réelles et des liens authentiques, en chair et en os, qui nous permettent d’écouter les histoires des gens, de marcher avec eux et d’offrir des signes concrets d’espérance et d’amour. Nous, missionnaires, enfants de notre temps, vivons au sein de nombreuses cultures, et de nombreuses cultures vivent en nous ; nous appartenons à des langues différentes et cela comporte le risque de perdre notre centre intérieur. Une fois en mission, l’utilisation spasmodique des médias sociaux peut nous faire rester ancrés à nos points de départ, nous empêchant d’entrer véritablement dans la nouvelle réalité, et donc de nous sentir étrangers et, à long terme, d’abandonner notre mission. Mais nous, êtres humains et missionnaires, sommes essentiellement des relations. Le bonheur d’un missionnaire, ce sont les liens d’amitié authentiques et profonds qui se créent avec les personnes qui nous entourent. Ce n’est pas seulement un don précieux, mais aussi une manière d’annoncer l’Évangile.
Intercession et présence : l’expérience du Myanmar
Nos frères du Myanmar, où la dictature et la guerre détruisent des millions de vies, ont partagé le sens profond de leur mission d’intercession et de présence. Comme Jaïrus dans l’Évangile, qui se jette aux pieds de Jésus en le suppliant pour la vie de sa fille (Lc 8,40-41), ils entendent trop souvent la même prière sortir de leur cœur : « Seigneur, aie pitié, ton peuple est en train de mourir ! ».
Malgré les difficultés et la possibilité de quitter le pays, nos frères ont choisi de rester proches des gens, partageant leurs souffrances et écoutant leurs histoires. Comme Jésus avec la femme hémorragique, qui s’arrête pour accueillir son expérience de douleur et lui apporter la guérison, eux aussi essaient d’écouter profondément les gens. De leur témoignage, il ressort que leur présence va au-delà de l’aide matérielle : ils s’efforcent de créer un environnement de foi dans lequel les gens peuvent « toucher le manteau de Jésus » et trouver consolation, soin et espérance dans le Seigneur. Cet engagement à être proche des gens, même dans les moments les plus difficiles, démontre comment la mission, dans des contextes d’extrême souffrance, devient un acte de proximité capable de transformer la douleur en opportunité de rencontre avec le Seigneur.
Annoncer l’Évangile, c’est être aux côtés des gens
Le cours d’Hyderabad a montré que, à l’époque post-humaine, la mission ne peut se limiter à utiliser les technologies pour l’évangélisation, mais nécessite de repenser profondément la manière même d’annoncer l’Évangile. L’IA devient utile et change ce que signifie être humain. Les missionnaires du PIME en Asie croient en la priorité de rencontrer les gens et d’écouter attentivement leurs histoires. Annoncer l’Évangile, c’est être du côté des gens, du côté de ceux qui souffrent. La joie d’être missionnaire vient de la vérité, dans la chair, des relations.
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