«Mixed by Erry», le film sur l’empire de la pièce née Forcella

«Mixed by Erry», le film sur l’empire de la pièce née Forcella

Midi1 mars 2023 – 09:43

Sydney Sibilia raconte la véritable histoire des frères Frattasio, roi des cassettes piratées

De Antonio Fiore

Le film Sibilia de Sydney a été présenté hier, par respect pour leGenius Loci, en avant-première à Naples. D’où exactement en 1976 l’aventure d’un garçon qui voulait être “seulement un DJ” et qui pendant quelques années se retrouvera à la tête de la plus puissante maison de disques italienne, bien qu’illégale. L’histoire de «Mixed by Erry» commence à Forcella. Levez la main si vous n’avez jamais enfoncé une cassette “Mixed by Erry” dans votre lecteur de cassette : soit vous êtes un menteur, soit vous n’étiez même pas né dans les années 1980. Tous les autres (mais peut-être aussi la génération Z l’apprécieront-ils, ne serait-ce qu’en tant qu’œuvre d’art moderne) apprécieront grandement le film de Sydney Sibilia présenté hier, par respect pour legenius loci, en avant-première à Naples. D’où exactement en 1976 l’aventure d’un garçon qui voulait être “seulement un DJ” et qui pendant quelques années se retrouvera à la tête de la plus puissante maison de disques italienne, bien qu’illégale.


Histoire

Tout commence à Forcella, où pour joindre les deux bouts un père “très honnête” produit du thé en le faisant passer au chemin de fer comme du pur whisky écossais : les trois enfants de Frattasio ont cependant de plus grands rêves. Surtout Enrico, celui du milieu, très passionné de musique. Il aimerait être animateur de boîte de nuit, mais la compétition est rude et les opportunités rares. Jusqu’à ce que lui, qui nettoie un magasin de disques, découvre le talent extraordinaire de jouer des compilations de chansons sur cassettes : d’abord pour les amis ou copines des frères, puis pour les fans du quartier, puis pour tout Naples, enfin pour toute l’Italie. Tous Mixés par Erry, tous contrefaits, tous au mépris de la loi. Depuis les étals (où même les faux-faux apparaissent, copies des faux “originaux” griffés Erry) à Sanremo : les frères Frattasio parviennent même à publier les recueils du festival lors de festivals encore en cours. Jusqu’à l’inévitable, l’affrontement avec la Guardia di Finanza qui a arrêté Enrico et ses frères en 1991, s’emparant de dizaines de laboratoires clandestins et mettant fin à l’empire que trois garçons s’étaient créé de toutes pièces.

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En prison

Le jeu était devenu trop risqué ; les fabricants de cassettes audio, qui même grâce aux Frattasios avaient fait des milliards, laissent Erry à son sort de “pirate”, 4 ans et 6 mois de prison pour faux et ainsi de suite. Et c’est dès l’entrée d’Erry à Poggioreale que le film commence (produit par Matteo Rovere avec Groenlandia et Rai Cinema) de Sibilia : qui, à la manière hitchcockienne, a convaincu qu’un film c’est comme la vie mais sans les parties ennuyeuses, surtout en première mi-temps (en seconde mi-temps le rythme scorsien des « bons gars » du Bronx napolitain, il boite un peu, mais on l’aime quand même) crée une histoire fluide et serrée, immergée dans une Naples reconstruite avec une affection et un plaisir débridés. D’autres se lèveront en arguant qu’ils sont encore des faussaires, et que l’auréole romanesque dont les enveloppe l’histoire n’est pas le comble du politiquement correct ; et que le faux, même s’il était perçu à l’époque presque comme un non-crime, était en réalité un crime très grave ; et que le piratage musical permettait aux organisations de la Camorra de gagner des revenus dignes de la contrebande et de la drogue… D’accord, Sibilia & C. naviguent facilement dans le problème en imaginant que les clans, bien qu’ayant flairé l’affaire du siècle, l’abandonnent ensuite parce qu’ils sont distrait des luttes fratricides (et la rencontre, qui sait si elle a vraiment eu lieu, entre les Frattasio Bros et le patron de Forcella aux cheveux bouclés et au pull rouge assis sur un canapé-coque à l’époque de Maradona, réveillera bien des souvenirs. ..) .

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Le rêve américain

Mais ce film n’est pas un traité de sociologie, mais « c’est essentiellement l’histoire d’une tentative de rédemption sociale, de rêver d’un grand rêve américain », comme le rappelait Sibilia lors de la conférence de presse du Modernissimo à laquelle assistaient également les trois les jeunes « frères » Luigi D’Oriano (Erry), Giuseppe Arena (Peppe) et Emanuele Palumbo (Angelo) tous semi-nouveaux donc pas encore contaminés par les tics d’acteur des séries télévisées, en plus de leurs « parents » Adriano Pantaleo et Cristiana Dell’Anna, très efficace. Mais il faut aussi citer Francesco Di Leva : pour Sibilia le personnage “le plus difficile à construire : c’est le capitaine des Finances, le défenseur de la propriété intellectuelle, donc en théorie le “bon gars” de l’histoire, mais on lui a donné les caractéristiques d’un “méchant” ». La moustache, les lunettes noires, le chewing-gum : l’ennemi juré de la pièce, persuadé à juste titre que – pour ne citer qu’un succès d’Iglesias de ces années – un pirate n’est pas exactement un gentleman. Mais le cœur du film, comme celui des autres films de Sibilia qui composent la trilogie (Je peux m’arrêter quand je veux et L’incroyable histoire de l’île Rose) bat évidemment ailleurs : celui des amoureux obstinés d’utopies ou de missions impossibles. Histoires d’hommes voués à des échecs triomphants et kiplinghiens.

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1 mars 2023 | 09:43

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