Mohamed Khouna : Un parcours cinématographique remarquable

Mohamed Khouna : Un parcours cinématographique remarquable

Né en 1976 dans le quatrième arrondissement de Paris, l’Hôtel-de-Ville, de parents originaires d’Oujda, Mohamed Khouna est aujourd’hui fier de dire qu’il a grandi dans la banlieue Villiers-le-Bel au nord de la ville. Il en garde le souvenir de toute sa scolarité, puis de son service militaire auprès de l’armée française. D’un père peintre en bâtiment et d’une mère femme au foyer, il voyage avec ses trois frères et sa sœur au bastion du Maroc oriental deux fois par ans. Entre ici et là-bas, il découvre le cinéma à travers les sorties scolaires hebdomadaires, ou encore la salle de quartier qu’il fréquente depuis ses 13 ans. Devant le grand écran, il développe la capacité de s’émerveiller de l’imaginaire, ou du réel recréé en pellicule. Il n’aura cependant pas imaginé que des années plus tard, il deviendrait un acteur incontournable du secteur en France. «On allait regarder les films au bout de la troisième ou de la quatrième semaine, après que les multiplexes ont eu le privilège de les programmer pendant les deux premières. Nos parents n’avaient pas les moyens de nous emmener dans les grandes salles. Mais depuis le plus jeune âge, nous avons pu voir des films éducatifs ou de sensibilisation à la protection de l’environnement», se rappelle aujourd’hui Mohamed Khouna. Marqué par beaucoup d’opus cinématographiques français mettant en avant Jean Reno, Pierre Richard ou Alain Delon, il s’initie aussi à l’éducation à l’image à travers les film de bonne poche et ceux du réalisateur Luc Jacquet. Ritualisé ainsi à la salle de cinéma à Paris, Mohamed Khouna se rend aussi aux salles obscures d’Oujda, durant ses vacances scolaires. Il se rappelle particulièrement des cinémas Vox et Royal, programmant des films de combat avec Bruce Lee à l’affiche. Le cinéma Vox à Oujda, désormais inactif Plus que le temps du long-métrage en lui-même, ces sorties ont laissé chez lui le souvenir de toute une pratique urbaine de la sortie en salle, qui s’accompagne de rendez-vous en famille ou entre amis, le temps de partager des spécialités locales d’Oujda, dont les incontournables karan et barida. A Paris, il conserve par ailleurs le souvenir marquant des séances dans l’historique Grand Rex. «Comment imaginer, en étant gamin et en allant au Grand Rex, devenir un jour le partenaire de ce magnifique joyau…», nous confie-t-il. Une confiance auprès des grands studios internationaux Titulaire d’un brevet d’études professionnelles (BEP) en électrotechnique, Mohamed Khouna n’aura jamais exercé dans le domaine. Il décide d’arrêter ses études, pour s’orienter vers le transport. «Je ne savais pas ce que je voulais faire, puis j’ai rejoint TNT en tant que chauffeur livreur», nous confie-t-il. «Un jour, j’ai livré une société s’occupant des stocks de films de salles de cinéma et de la publicité. On m’a proposé de la rejoindre en tant que chauffeur également», ajoute-t-il. A Paris, Mohamed Khouna livre toutes les salles, ce qui lui a permis de se familiariser avec les studios et les distributeurs. Grâce à sa capacité d’écoute et d’observation, il apprend rapidement les ficelles du métier, en attendant de franchir le pas. Ce sera chose faite, puisqu’en 2010, il décide de quitter cette entreprise pour créer Facility Event, en partant pratiquement de rien. Mohamed Khouna avec Alexandre Hellman, directeur du Grand Rex Paris «Nous étions deux personnes, sans business plan, mais avec la grande volonté de développer la culture cinématographique, à travers la promotion des films et en apportant notre contribution à la logistique, avec un service garanti auprès de tout le monde du septième art en France», nous déclare Mohamed Khouna. Auprès des distributeurs à Paris, Facility Event devient «un passe-partout, un loup blanc, qu’on peut appeler et à qui on peut faire confiance». Au bout de 13 ans, l’entreprise se compose désormais de 24 salariés sur 2 800m². La structure s’occupe des prestations pour les studios Warner, Universal, Disney, Pathé et plusieurs autres. «On a la partie réflexion, de la fabrication de supports jusqu’à l’expédition auprès des 2 764 salles de cinéma en France, parallèlement à toute la partie promotionnelle, en ce qui concerne les avant-premières et les évènements autour des sorties», se félicite le fondateur. Elle se charge également du stockage, aussi bien pour Disney que pour Warner et Universal. «On apporte notre service derrière l’écran, en tant que maillon entre le distributeur et la salle de cinéma», explique-t-il. «La chance qu’on peut avoir est que toutes les salles en France sont désormais logées à la même enseigne, qu’elles soient petites ou grandes. C’est aussi ma volonté au Maroc. Le box-office américain parle en chiffres. Nous, en France ou au Maroc, on parle en nombre d’entrées. Au Maroc, j’ai l’avantage de ne pas avoir l’impératif d’un ayant-droit qui me dicterait de privilégier des salles sur d’autres, en termes de distribution.» Mohamed Khouna Cet avantage, Mohamed Khouna veut en faire une nouvelle possibilité pour redynamiser les sorties en salles de cinéma au Maroc, de manière à rendre différents genres de films accessibles à la plus large catégorie de spectateurs possibles. «Lorsqu’on sort un film d’auteur, il est peut-être difficile de le mettre dans un multiplexe dès le départ et inversement, surtout en France. Mais aujourd’hui, un film comme Io Capitano de Matteo Garrone va faire sauter ce verrou, car c’est un long-métrage très fort qui parle au tout public», ajoute-t-il. Lors du 20e Festival international du film de Marrakech, tenu du 24 novembre au 2 décembre 2023, c’est sa structure qui s’est d’ailleurs chargée de montrer ce long-métrage, en première régionale. Elle le sortira en salles au Maroc, au début de l’année prochaine, au même titre que «Winter Break» d’Alexander Payne. Prix de la mise en scène lors de cette grand-messe cinématographique, «Banel & Adama» de la réalisatrice franco-sénégalaise Ramata-Toulaye Sy est déjà dans les salles marocaines à travers le même distributeur, en partenariat avec Pathé BC Afrique. Pris du jury ex-æquo avec le documentaire «Bye Bye Tiberias» de la réalisatrice franco-algéro-palestinienne Lina Soualem, le long-métrage de fiction «Les Meutes», du réalisateur marocain Kamal Lazraq, fera par ailleurs sa sortie nationale en 2024. Mohamed Khouna a par ailleurs assuré la sortie du nouveau film d’animation américain à succès, «Wish», de Fawn Veerasunthorn et Chris Buck. «Au Maroc, j’ai cette chance de pouvoir sortir un film, qu’il soit catégorisé art et essai, d’auteur ou blockbuster, de le donner à toutes les salles, tant que les possibilités techniques et logistiques sont réunies. C’est formidable», a-t-il commenté auprès de notre rédaction, lors de sa participation au 20e FIFM. Rendre un cinéma international de qualité accessible aux spectateurs du Maroc Mohamed Khouna multiplie les diffusions de films internationaux au Maroc, la mise en place d’une antenne locale de sa structure ayant aidé à avoir un pied auprès des exploitants nationaux. «Je travaille sur le festival de Cannes depuis 23 ans. Chaque année, j’allais voir le pavillon marocain, avec la fierté que le pays est bien là. Les années de 2017 à 2019 ont été très bonnes pour toute la distribution cinématographique. Je me suis dit qu’il serait temps de faire quelque chose pour le pays, de mon côté», nous a-t-il indiqué. Le discours royal faisant appel aux compétences marocaines du monde l’aura fait décider davantage à investir au sein de la mère patrie. «Avec la Marche Verte, les discours royaux de sa majesté le roi Mohammed VI sont les deux grands moments que nous, Marocains du monde, aimons vivre à chaque fois avec nos parents. Le discours du roi est important pour la nation. Nous avons grandi en France et le Maroc reste notre patrie. Lorsqu’il est question du pays, on est constamment à l’écoute. On a très mal, lorsqu’un drame de l’ampleur du récent séisme survient. Nous souhaitons aussi contribuer à l’essor de notre royaume. C’est cet attachement affectif qui m’a fait réfléchir.» Mohamed Khouna Mohamed Khouna décide ainsi d’apporter une pierre à l’édifice, «non pas d’un point de vue financier, mais surtout pour créer de la synergie, de l’emploi, du réseau et du contact, surtout que notre jeunesse est talentueuse et qu’elle mérite d’être accompagnée, sans que nous MRE arrivions pour autant en donneurs de leçons, puisque nous sommes là d’abord pour partager des acquis, selon nos parcours», souligne-t-il. Dans ce sens, le distributeur estime que «les valeurs portées par notre société et sa cohérence l’ont fait émanciper et nous en avons grandement besoin, au Maroc, pour l’essor de nos secteurs artistiques et de notre industrie du septième art». Au Maroc, Mohamed Khouna crée Film Event Consulting à Oujda, sa région d’origine. Au-delà de l’attache familiale, le fondateur a fait…
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