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Mon Warangal sur les traces du Père Colombo

Mon Warangal sur les traces du Père Colombo

2023-10-20 11:18:08

Il était son curé lorsqu’il entra au séminaire : aujourd’hui Mgr Udumala Bala est l’évêque du diocèse indien où pendant près de 60 ans le missionnaire a semé l’Évangile et promu de nombreuses œuvres éducatives. Qui se poursuivent avec le soutien de la Fondation PIME

Au début, ce furent les cheminots anglais : les premiers à apporter l’Évangile au diocèse de Warangal au XIXe siècle furent les ouvriers Tamil, s’est engagé pour construire la ligne reliant Hyderabad à Madras. Mgr Udumala Bala, 69 ans, qui est évêque depuis dix ans (la troisième) de cette communauté d’Andhra Pradesh, le raconte avec fierté. Sans oublier l’autre lien essentiel pour l’Église de Warangal : celui avec les missionnaires du PIME.
«Lorsque notre diocèse a été créé en 1952, Mgr Alfonso Beretta était évêque d’Hyderabad, à partir du territoire duquel il a été créé. Il a décidé de quitter le plus grand diocèse pour venir devenir évêque parmi nous. Un geste inhabituel, d’un vrai missionnaire”, commente Mgr Bala. Soixante-dix ans plus tard, le prélat originaire de cette terre dirige aujourd’hui une Église d’environ 75 mille fidèles dans une zone rurale où vivent 9,5 millions d’habitants. Une petite graine, mais du sein de laquelle sont déjà nés deux autres diocèses : ceux de Kammam et de Nalgonda. «Aujourd’hui, ils ont plus de fidèles que nous – sourit l’évêque – mais c’est la leçon que les missionnaires nous ont enseignée: travailler pour voler de leurs propres ailes».

Warangal a parcouru un long chemin, notamment sur le chemin tracé par un autre grand missionnaire du PIME qui a servi ici pendant près de soixante ans : le Père Augusto Colombo. «Il était mon curé lorsque je suis entré au séminaire et aussi lorsque j’ai été ordonné prêtre», éclaire l’évêque actuel. Originaire de Cantù, dans l’Andhra Pradesh de 1952 jusqu’à sa mort en 2009, le Père Colombo était véritablement tout pour ce coin de l’Inde rurale : bâtisseur d’églises et de chapelles, moteur d’innombrables œuvres sociales, mais surtout créateur d’un réseau d’initiatives éducatives qui vont aujourd’hui de l’école maternelle à la formation universitaire. Et c’est un engagement qui se poursuit près de quinze ans après sa mort, également avec l’aide de la Fondation PIME qui compte encore plus de 1 200 téléassistances actives à Warangal grâce à ses bienfaiteurs.

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Une étape importante sur ce chemin a eu lieu le 22 juillet, avec une cérémonie qui a permis de réaliser le rêve du Père Colombo : la création d’une grande université des sciences médicales dans cette banlieue de l’Andhra Pradesh. Au cours d’une messe présidée par le nonce apostolique en Inde, Mgr Leopoldo Girelli – avec les cardinaux indiens Oswald Gracias, archevêque de Mumbai, et Felipe Neri Ferrao, archevêque de Goa – la première pierre du collège des infirmiers et paramédicaux, la nouvelle aile de l’Institut des Sciences Médicales Frère Colombo, du diocèse de Warangal, qui comprend déjà un grand hôpital et la faculté de médecine, tous deux recherchés par le missionnaire du PIME.

Le tournant s’était déjà produit en mars lorsque le gouvernement indien avait officiellement reconnu la Medical College, qui est aujourd’hui une université à tous égards. Un sceau qui n’est pas acquis dans un pays comme l’Inde, où les réalités sociales et éducatives chrétiennes s’opposent souvent pour des raisons identitaires. Le caractère exceptionnel de cet acte est attesté par le fait qu’elle n’est que la troisième faculté de médecine catholique de toute l’Inde : avec ses 150 étudiants qui ont commencé leurs études, elle rejoint l’Académie nationale des sciences de la santé de St. John’s promue par le Conférence épiscopale indienne à Bangalore et au Collège médical Br. Muller du diocèse de Mangalore.

«Le 31 août 2022, jour anniversaire de la mort du père Colombo, nous avions déjà changé le nom : auparavant il s’appelait Warangal Medical College, maintenant il porte son nom. Et je crois que cette reconnaissance a été son premier miracle…”, sourit Monseigneur Bala. Il a vu beaucoup de grâces reçues grâce à l’intercession de son ancien curé. Parce que le Père Augusto reste un atout pour tous à Warangal : « Il vit dans le cœur des pauvres – dit Mgr Bala -. Même de nombreux non-chrétiens viennent prier sur sa tombe : ils demandent son intercession pour une maladie, il y a eu des guérisons même de cas très graves. Ils l’appellent à avoir des enfants, ils lui confient leurs histoires dans le registre des visiteurs. C’est pour cette raison que nous travaillons à l’ouverture de la cause de béatification. Tout le monde se souvient de tout ce que le Père Augusto a fait pour l’éducation des jeunes. Même les hommes politiques locaux citent son nom dans leurs discours comme une source de fierté, un peu comme ce qui se passe au niveau national en Inde avec Mère Teresa. »

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En outre, au cours de nombreuses années de mission, le Père Colombo a réalisé un grand nombre d’initiatives pour la promotion des pauvres : de l’entreprise de production de « riz miracle » aux banques rurales, de l’assistance aux lépreux au travail artisanal pour les femmes. Dans le domaine de l’éducation, il a quitté l’Institut de technologie et des sciences, qui a formé des milliers d’ingénieurs à Warangal. «Le Père Auguste avait vu loin là aussi, il y a 25 ans – commente Mgr Bala -. Notre capitale Hyderabad, à 120 kilomètres d’ici, est devenue une grande référence mondiale pour le monde de la haute technologie et Warangal a également pu en bénéficier. Même si beaucoup d’ingénieurs formés à l’institut du Père Colombo ont pris le chemin de l’émigration vers des pays lointains…”.
Mais à côté des œuvres sociales, il y a la marque laissée par le Père Colombo dans l’évangélisation avec une grande attention au contexte local. «Dans l’église qu’il a construite à Warangal – se souvient Mgr Bala – les images sur les murs étaient son catéchisme : elles représentaient toute l’histoire du Salut, de la création à l’incarnation jusqu’à la seconde venue de Jésus. Les enfants n’avaient qu’à regarder autour d’eux. . Il a employé des artistes indiens locaux parce qu’il voulait que les images soient inculturées. »

C’est un domaine dans lequel il reste beaucoup à faire : « Dans nos communautés, nous sommes encore trop occidentalisés, l’inculturation avance trop lentement – ​​observe l’évêque de Warangal -. C’est aussi pourquoi il devient plus facile pour les fondamentalistes hindous de nous accuser, nous chrétiens, d’être des étrangers. Mais l’inculturation doit être une rencontre authentique entre la foi et notre culture. On a parfois prétendu insérer simplement dans la liturgie des gestes empruntés à d’autres contextes religieux : nous risquons ainsi d’hindouiser notre foi, au lieu de la rendre plus inculturée. Il y a des aspects dans lesquels nous avons développé une sensibilité indienne, par exemple le chant dans la liturgie. Mais dans d’autres domaines comme la théologie, nous n’en sommes encore qu’au début. »

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Parmi les héritages du Père Colombo, il y a aussi son action en faveur de la première proclamation de l’Évangile, malgré le climat hostile aux conversions religieuses instauré aujourd’hui par la défense exaspérée de l’identité menée par les mouvements radicaux hindous. «Il n’y a jamais eu de violence contre nous – rassure Mgr Bala – mais certains pasteurs protestants ont été frappés. Ils ne veulent pas que nous évangélisions et, dans certains États indiens, ils ciblent désormais ouvertement nos écoles ou nos structures sociales. Il y eut aussi des destructions de statues de Jésus ou de la Madone ou encore des chapelles dévastées. Ils deviennent plus forts.”
Mais l’annonce de l’Évangile est néanmoins une dimension indispensable pour le diocèse de Warangal. Par exemple dans les villages des banjara, les tribus qui vivent dans les montagnes du district de Mahabubabad. «Ils représentent 8% de la population de notre territoire, mais ils restent en marge – dit l’évêque de Warangal -. Aujourd’hui, nous avons 15 paroisses qui s’occupent d’eux avec des écoles, des foyers, des dispensaires. De nombreuses religieuses vivent leur ministère dans ce quartier. Nous avons également lancé une campagne contre l’avortement sélectif des filles, très répandu dans cette région. Pendant ce temps, la dévotion à la Madone de Banjara grandit, un très beau signe pour ces communautés. »

«Nous devons continuer à toucher de nouvelles personnes, c’est le défi le plus important pour notre Église – conclut l’évêque -. Sans oublier aussi combien de personnes en Inde sont aujourd’hui économiquement un peu mieux loties et n’ont plus besoin de notre aide matérielle. L’Évangile est pour eux aussi une parole de salut.”



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