Monstres : le film de Stéphanie Di Giusto sur une femme à barbe

Le film de Stéphanie Di Giusto sur une femme à barbe tente, un peu pataud, de troubler les frontières du genre.

C’est un couple extravagant, elle qui porte la barbe et lui le corset. Elle, Rosalie (Nadia Tereszkiewicz), est une jeune femme joyeuse mais intranquille : chaque matin elle se rase, comme son père le lui a imposé, et cache comme elle peut une pilosité d’homme. Lui, Abel (Benoît Magimel), est le bistrotier endetté d’un triste village français des années 1870. Son dos le fait atrocement souffrir et l’oblige à porter une gaine de cuir et de métal. Abel épouse Rosalie contre une dot de 15 000 francs, sans connaître son secret. Bientôt furieux d’avoir été trahi, incapable de toucher ce corps étrange. Elle au contraire va assumer. Pour rembourser les dettes de son époux d’abord, elle va jouer la femme à barbe et ainsi attirer à nouveau les clients vers le café qu’ils avaient déserté. Cette barbe, elle ne la rasera plus, sans cesse tiraillée entre la soif de vivre en toute liberté, en toute joie, un physique hors norme et une tendance à s’avilir comme le voudraient les hommes.

Il est question dans ce film de Stéphanie Di Giusto (son premier film, la Danseuseretraçait en 2016 la vie d’une autre performeuse, Loïe Fuller) de désirs et de répulsion pour l’étrange, d’inversion des rôles et de «trouble dans le genre» (l’image qui devient floue quand Rosalie prend comme un homme cette