Montauban : une professeure sous protection policière après une remarque sur le vêtement d’une élève

Montauban : une professeure sous protection policière après une remarque sur le vêtement d’une élève

Plus rien ne va au lycée Antoine Bordelle de Montauban (Tarn-et-Garonne). Depuis la mi-septembre, et une remarque faite par une professeure à une élève portant un abaya, la situation s’est envenimée. À tel point, révèle ce vendredi France Bleu sur son site Internetque l’établissement a été placé sous protection policière, mais aussi le domicile de l’enseignante.

Il faut remonter au 23 septembre pour comprendre comment la situation en est arrivée là. Ce jour-là, une lycéenne de 17 ans porte un abaya. Il s’agit d’une longue robe, que l’on retrouve traditionnellement dans les pays musulmans du Moyen-Orient et du Maghreb. Celle-ci raconte avoir été moquée par sa professeure d’espagnol pendant son cours, au sujet de cette tenue.

À la sortie de la classe, la lycéenne et la professeure discutent. France Bleu raconte alors que la première filme la seconde sans son accord. L’enseignante la réprimande sur son vêtement. « Elle va voir ce qu’Allah va lui faire », dit la lycéenne dans cette vidéo, ensuite diffusée sur le réseau TikTok. Le visage de la professeure y est flouté, sa voix est modifiée.

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Un port de l’abaya fréquent

Que fallait-il comprendre de cette vidéo ? Il s’agissait de « propos pour que l’enseignante soit finalement sanctionnée, absolument pas d’une manière radicale, mais de manière hiérarchique voire judiciaire », défend auprès de la radio l’une des avocates de la jeune fille. « Ces propos-là ont été interprétés d’une façon dure, et lui ont valu d’être considérée comme une petite radicalisée », regrette-t-elle.

Mais la situation s’est tendue d’un grand quand, au retour des vacances, la lycéenne a appelé ses camarades, en signe de protestation, à venir avec un abaya. Selon le rectorat, ce mouvement n’a que peu voire pas du tout été suivi, sans pour autant dissimuler le « phénomène ». « Sur 2 500 élèves au lycée Bourdelle, il y a une vingtaine de jeunes filles qui portaient l’abaya depuis la rentrée scolaire », explique le recteur de l’académie de Toulouse Mostafa Fourar. « Nous avons mis en place une procédure qui permet de sanctionner automatiquement toute tentative d’atteinte à la laïcité de manière graduée », précise-t-il.

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Le port de l’abaya n’est pas interdit par la loi, mais une atteinte à la laïcité peut être constituée « si l’élève le porte de manière régulière, assumée en tant que symbole d’une identité religieuse », explique le recteur de l’académie de Toulouse. « Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit », précise la loi de 2004qui régit les signes religieux à l’école.

Deux plaintes déposées

La jeune fille, car elle porte cette tenue « de manière systématique en le revendiquant », a fait l’objet d’une procédure disciplinaire. Elle a également été entendue par les forces de l’ordre pour atteinte à la vie privée, après la plainte de la professeure et du chef d’établissement pour la diffusion de la vidéo. « Cet enregistrement est illégal et sa diffusion renforce le caractère de dangerosité de l’acte », justifie le recteur auprès de France Bleu.

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Si elle a quitté l’établissement depuis lundi, la lycéenne a elle aussi porté plainte pour propos discriminatoires. « Elle a essuyé bien en amont de cette affaire de récurrentes réflexions de la part tant du corps enseignant que du personnel administratif. Et ce jour-là elle s’est sentie profondément humiliée », justifie son avocate.

France Bleu révèle que, « par précaution », l’établissement est désormais sous protection policière aux heures d’entrée et de sortie. Même s’il n’y a pas de « menace avérée » envers la professeure, selon le rectorat, son domicile a également été placé sous protection policière.

En octobre, il a été recensé 720 signalements pour des atteintes à la laïcitéa rapporté mercredi le ministère de l’Education. Ce chiffre a plus que doublé par rapport à septembre, avec toujours une forte part des incidents lié au port de tenues religieuses. 40 % des incidents recensés en octobre le sont pour « port de signes et tenues » religieux, contre 54 % en septembre.

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