L’affaire avait pris une dimension politique lorsque, quelques jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, le père de la victime avait sollicité Éric Zemmour pour médiatiser le drame. Deux ans et demi après la mort de Jérémie Cohen, un jeune homme juif mortellement percuté par un tramway après avoir été frappé par plusieurs personnes, deux hommes pourraient bientôt faire face à la justice.
Le parquet de Bobigny a requis le renvoi de deux hommes, mis en examen dans ce dossier, devant la cour criminelle départementale de Seine-Saint-Denis, a-t-il fait savoir à l’AFP, mardi 13 août. Le premier, actuellement en détention provisoire, pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner » et le second, écroué également mais pour une autre affaire, pour « violences en réunion ». Il revient désormais au juge d’instruction de décider éventuellement leur renvoi en procès.
Le caractère antisémite évoqué
Le 16 février 2022, vers 20 heures, Jérémie Cohen, un homme de 31 ans, porteur d’un handicap léger, se fait percuter par un tramway à Bobigny en traversant les voies ferrées. Le jeune homme, de confession juive, tentait de s’échapper après avoir été frappé par un groupe. Le trentenaire, en arrêt cardio-respiratoire et victime d’un traumatisme crânien à l’arrivée des secours, est décédé quelques heures plus tard à l’hôpital.
Deux hommes, âgés de 28 et 24 ans, avaient été mis en examen et placés en détention provisoire, en avril 2022, deux mois après les faits.
L’affaire avait pris une dimension politique. Quelques jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, le père de la victime avait sollicité Éric Zemmour pour médiatiser le drame. Le candidat d’extrême droite s’était alors publiquement demandé si Jérémie Cohen était « mort parce que juif ». Mais le caractère antisémite brandi lors de la campagne de la présidentielle a été délaissé au profit d’une rixe.
Deux altercations succinctes
Lors de l’instruction, les deux hommes mis en examen avaient reconnu l’agression de Jérémie Cohen, mais ils avaient nié son caractère antisémite. Devant les enquêteurs, ils avaient expliqué avoir vu le trentenaire se masturber à côté d’une mère de famille tétanisée avant d’entendre la petite amie de l’un d’eux crier, affirmant avoir été agressée sexuellement.
Selon leur récit, une première altercation avait éclaté durant laquelle ils ont frappé Jérémie Cohen à coups de poing et de pied pour le « mettre hors d’état de nuire ». Le trentenaire s’était débattu, une agrafeuse à la main, toujours selon leur version. Un témoin de la scène a affirmé que Jérémie Cohen était au sol quand ils l’ont frappé.
Une seconde altercation avait éclaté quelques minutes plus tard. La scène, filmée par un témoin, montre le trentenaire recevoir de violents coups de poing, encerclée par une dizaine de personnes. Le jeune homme tombe à terre, se relève puis traverse en courant la chaussée, l’air désorienté, avant d’être percuté par le tramway, qu’il ne voit pas arriver.
« Une satisfaction totale de la famille de Jérémie »
Le 3 juillet dernier, plus de deux ans après les faits, le parquet de Bobigny a demandé dans un réquisitoire définitif le renvoi de ces deux hommes devant la cour criminelle départementale de Seine-Saint-Denis.
« Il y avait un risque de correctionnalisation des faits compte tenu de la position des accusés. Il y a une satisfaction totale de la famille de Jérémie », s’est réjoui l’avocat des proches de la victime, Me Franck Serfati, auprès de l’AFP.
Me Kamel Derouiche, avocat du mis en cause détenu, a indiqué ne pas avoir été informé de l’ordonnance de mise en accusation. L’avocat du deuxième homme n’a pas souhaité réagir.
2024-08-15 10:00:00
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