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Mort de l’écrivain Michel del Castillo à l’âge de 91 ans

by Nouvelles

2024-12-18 10:22:00

L’auteur français est mort mardi 17 décembre en laissant derrière lui une oeuvre pléthorique et couronnée de succès, écrite sur les ruines d’une enfance tragique.

L’écrivain Michel del Castillo, auteur de plusieurs romans et essais à succès dont Tanguy (1957), inspiré de sa propre histoire, est mort mardi 17 décembre à Sens (Yonne) à l’âge de 91 ans, ont annoncé ses proches à l’AFP.

Auteur de quelque 45 livres parfois inspirés de son enfance tragique, des romans en majorité dont son dernier L’Expulsion paru en 2018, il a reçu le prix des libraires et des Deux Magots en 1973 pour Le Vent de la nuitle Renaudot en 1981 pour La Nuit du décretRTL-Lire pour Le crime des pères (1993), Femina-essai pour Colette, une certaine France (1999) et Méditerranée pour son Dictionnaire amoureux de l’Espagne (2005).

“Écrivain populaire, il était un auteur d’une grande générosité et un passeur de culture entre la France et l’Espagne”, a écrit la ministre démissionnaire de la Culture Rachida Dati sur X (ex-Twitter).

Abandonné par ses parents

Michel Janicot del Castillo, son vrai nom, était né le 2 août 1933 à Madrid d’une mère espagnole et d’un père français. Abandonnant femme et enfant, ce dernier rentre en France à la veille de la guerre civile espagnole.

Proche des républicains, sa mère, Candida, passe un an en prison puis se réfugie avec son fils, à la fin des années 1930, en France. Son ancien époux, à qui elle réclame sans cesse de l’argent, la dénonce aux autorités comme “étrangère indésirable” et la fait interner, avec Michel, dans un camp de réfugiés à Mende (Lozère), aux conditions de vie éprouvantes.

Candida livre elle-même le petit garçon à la police allemande en échange de sa propre liberté. Il est envoyé en 1942 dans des fermes de travail en Allemagne jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

“Contrairement à ce que tant de gens imaginent, l’écriture ne console de rien. Plus je fore dans les mots, plus mon malheur se creuse”, disait ce passionné de Dostoïevski, à qui il a consacré un essai, “Mon frère l’Idiot” (1995).

Ses parents, “deux monstres”

L’errance semble sans fin. Il se retrouve durant quatre ans dans un centre de redressement à Barcelone d’où il s’évade en 1949: c’était “un bagne. J’étais classé ‘fils de rouge’, on nous battait, on était affamé”.

L’adolescent trouve du répit dans une école de Jésuites en Andalousie où, grâce à un religieux, il découvre la littérature. Dans les années 1950, il revoit son père – qui lui apparaît arrogant, raciste, franchement odieux – puis sa mère : “l’enfant que j’avais été l’aimait, l’adulte que j’étais devenu ne l’aimait pas”. Lui qui se croyait fils unique découvrira qu’elle eut six enfants, de pères différents. “Elle nous a tous abandonnés à peu près au même âge, 8 ou 9 ans”, dira-t-il.

“C’était deux monstres, lui médiocre, elle d’envergure. Ils n’aimaient pas”.

Recueilli par un oncle, il étudie les lettres

Un oncle généreux et sa femme recueillent Michel à Paris. La vie commence. Il étudie les lettres et la psychologie, se met à écrire. Son premier roman, Tanguy (1957), largement autobiographique – écrit en français, comme le reste de son oeuvre – est un succès.

“J’ai une mémoire éléphantesque. J’ai dû, très tôt, me sentir en danger de mort et ma mémoire affective a travaillé pour me sauver”, a-t-il dit au magazine L’Express.

De père français (1998) commence comme un polar tragique: “J’ai rendez-vous avec mon assassin. C’est mon père”. Et dans Mètres (2010), inspiré par sa mère, il écrit: “Tout, dans cette existence tissée de mensonges et de parjures, inspirait de l’épouvante”.

Outre des fictions et un peu de théâtre, Michel del Castillo, dont une école de Mende porte le nom, est l’auteur d’essais comme Algérie, l’extase et le sang (2002) ou Le temps de Franco (2008). Membre du comité d’honneur de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, il a passé une grande partie de sa vie en Provence, près de Nîmes.



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