Mort de Nahel : l’utilisation illégale d’une photo par un soutien d’Eric Zemmour pour une cagnotte GoFundMe

Mort de Nahel : l’utilisation illégale d’une photo par un soutien d’Eric Zemmour pour une cagnotte GoFundMe
Mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterre
dossier

Le soutien d’Eric Zemmour a utilisé sans autorisation une photo d’un article du média «20 Minutes» pour illustrer son appel aux dons en faveur de la famille du policier de Nanterre. Une entorse aux conditions d’utilisation de la plateforme GoFundMe. Depuis l’appel de «Libé», Jean Messiha a changé le cliché.

Certains l’appellent la «cagnotte de la honte»d’autres s’en servent pour afficher leur soutien sans faille aux policiers, même quand ils abattent un adolescent de 17 ans. L’initiative lancée après la mort de Nahel par le soutien d’Eric Zemmour, Jean Messiha, atteint ce mardi 4 juillet la somme de 1,4 million d’euros. Un chiffre démesuré, à la hauteur de la violence des débats et des émeutes depuis la mort de Nahel le 27 juin, suscitant de nombreuses demandes de fermeture de cette cagnotte. En vain, pour l’instant.

Outre le plan moral ou judiciaire, le problème de cette cagnotte porte aussi simplement sur l’aspect technique et réglementaire : l’image utilisée par Jean Messiha pour illustrer l’appel aux dons à sa création était en fait une photo d’un journaliste de 20 minutes. Celle-ci avait été utilisée le 14 septembre 2018 pour illustrer un article intitulé : «Rennes : Les motards de la police sauvent des vies, et pas seulement sur les routes». Contacté par Libérationle journaliste auteur de la photo et de l’article confirme ne jamais avoir été prévenu par Jean Messiha de son intention d’utiliser cette photo.

Or, les conditions générales d’utilisation de la plateforme GoFundMe stipulent qu’«en ce qui concerne le contenu utilisateur, vous déclarez et garantissez que vous possédez tous les droits, titres et intérêts relatifs à ce contenu, ou que vous disposez de tous les droits et consentements nécessaires pour (et pour permettre à d’autres) exploiter pleinement ce contenu utilisateur, y compris, sans limitation, en ce qui concerne tous les droits d’auteur, les droits de marque et les droits de publicité ou de protection de la vie privée qui s’y rapportent». En outre, il est possible de signaler une cagnotte au motif qu’elle «comporte du contenu protégé par des droits d’auteur».

Si la question des photos ne figure pas expressément dans les conditions de la plateforme américaine, le droit d’auteur concerne de toute façon l’utilisation de clichés par un tiers.

Selon nos informations, le dossier est désormais entre les mains du service juridique de 20 minutes.

Contactés par Libérationles services de GoFundMe n’ont pas encore répondu. De son côté, Jean Messiha affirme n’avoir «aucun commentaire à faire» à ce sujet et a immédiatement changé la photo de la cagnotte après notre appel.

Comme Eric Zemmour en 2019

Alors que Jean Messiha fanfaronne sur les réseaux sociaux «1 million d’euros. Leur monde s’écroule. Le nôtre renaît. Merci et bravo !» –, de nombreuses voix s’étaient élevées pour argumenter en faveur d’une fermeture de cette cagnotte, pouvant être considérée comme un trouble à l’ordre public. Un argument avancé par la justice en 2021 pour fermer celle en soutien au boxeur gilet jaune Christophe Dettinger. «Le fait que ce soit une personne proche de l’extrême droite qui a lancé cette cagnotte ne contribue pas sans doute à apporter l’apaisement»a reconnu la Première ministre Elisabeth Borne lundi soir à la sortie d’une réunion avec l’ensemble des groupes politiques pour échanger sur la mort de Nahel et les violences urbaines qui ont suivi.

Lundi 3 juillet au matin, l’entreprise américaine a assuré à plusieurs médias que la cagnotte est «conforme à [ses] conditions d’utilisation car les fonds seront versés directement à la famille en question. La famille a été ajoutée comme bénéficiaire et donc les fonds leur seront directement versés».

Reste que la méthode et l’amateurisme de Messiha rappellent la vidéo de l’annonce de la candidature à la présidentielle d’Eric Zemmour le 30 novembre 2021. Les équipes du polémiste d’extrême droite avaient utilisé de nombreuses images d’archives sans jamais demander l’autorisation à leurs propriétaires. Zemmour et son parti Reconquête avaient été condamnés le 4 mars à verser un total de 70 000 euros aux plaignants.

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