Mort Luca Di Meo, l’écrivain qui fut Wu Ming 3 et Luther Blissett- Corriere.it

Mort Luca Di Meo, l’écrivain qui fut Wu Ming 3 et Luther Blissett- Corriere.it

2023-07-31 22:39:31

De HORATIO LABBATE

Disparu à Bologne à seulement 59 ans. L’annonce sur le blog du collectif dont il fut l’un des fondateurs en 2000 et dont il est parti il ​​y a 15 ans. Avec les autres membres du projet Luther Blissett, il avait réussi en 1999 avec «Q»

L’écrivain Luca Di Meo est décédé à l’âge de 59 ans des suites d’une terrible maladie. Connu dans le monde littéraire sous le pseudonyme de Wu Ming 3, il fut membre fondateur de la Projet Luther Blissett (1994-99), ainsi que le célèbre collectif d’écrivains Wu Ming. Avec les quatre autres auteurs – Roberto Bui, Giovanni Cattabriga, Federico Guglielmi et Riccardo Pedrini -, il a marqué le monde de l’édition par le choix précis d’un anonymat controversé et dur (parfois interrompu par des événements publics de groupe), capable d’introduire une vision innovante de l’œuvre littéraire, grâce avant tout à la force d’une identité fondée sur le poids charismatique de l’opacité.

Avec Wu Ming – qui signifie « sans nom » -, Di Meo a participé à la rédaction d’une excellente série d’ouvrages qui ont marqué une nouvelle façon de faire et de comprendre la littérature. Il s’agit de la création de romans historiques, articulés selon des époques différentes et des sous-intrigues tentaculaires, avec une puissance narrative audacieuse. Un vaste monde composé d’un nombre incroyable d’événements, marqués sous un prisme grave et carnavalesque, à travers un langage à la force imaginaire, guerrière, sociale, presque anti-politique, au goût transversal insolent.

Entrez Manitouana (Einaudi, 2007), premier feuillet du « Triptyque de l’Atlantique » dans lequel, dans les trente dernières années du XVIIIe siècle, on leur raconte, à travers une magnifique gestion aventureusenon seulement les guerres entre loyalistes et rebelles qui ont conduit à la fondation des États-Unis d’Amérique, mais aussi des événements à l’aura puissamment pirate et éthique mettant en vedette les tribus indiennes du lieu.

Mais ce n’est pas seulement dans Manitouana ce qui est apprécié la profonde qualité narratologique de Wu Ming (il semble lire sur les pages les colossaux cinématographiques des années 60 d’Universal Pictures, désormais beaucoup plus underground), c’est aussi dans 54 (Einaudi, 2002), où l’ampleur historique – à partir de 1954 – s’entremêle, avec inventivité, le long des questions d’espionnage relatives au Parti Communiste de l’époque (entre l’Italie, la Yougoslavie, la Côte d’Azur), impliquant aussi la figure absurde de Cary Accorder.

Mais c’est surtout avec Q (Einaudi, 1999), un roman finaliste du prix Strega 1999, signé par le collectif Luther Blissett, qui Di Meo et les quatre autres auteurs acquièrent une notoriété. Sans jamais perdre leur tension face à une radicalité polluant l’histoire de façon pittoresque, voire la teintant d’une hérésie furieuse et colorée. Q se déroule au XVIe siècle. Il voit comme protagoniste un hérétique anabaptiste, contraint de se cacher, changeant constamment d’identité, en raison de l’Inquisition qui a envoyé l’espion d’un cardinal de Rome sur sa piste, Q.

Un livre collectif, qui, grâce à une première personne envahie par des données historiques jamais linéaires (le but du roman est en effet d’être un rébus dans et contre l’histoire que le lecteur doit accepter), se confirme comme un genre de puzzle effrayant, plein d’idéaux, ainsi le manifeste littéraire le plus connu du collectif. C’est un manifeste réussi qui est, tout compte fait, centré sur un récit radical où l’histoire est une carte qui peut être envahie par des éléments réels et non réels. C’est au-delà de la fonction mystérieuse que possède l’invisibilité de façade des auteurs. C’est leur écriture, donc, capable de permettre une attaque charismatique sur les enjeux les plus abyssaux du monde contemporain : du politique au religieux, en passant par les enjeux existentiels.

Luca Di Meo (Wu Ming 3) il s’était alors détaché du groupe entre 2008 et 2009, son projet sur le football Fútbologia comme documentaire Dans le ballon. Cependant, comme dans l’esprit du collectif – qui se souvient de lui avec une délicatesse sincère et touchante en annonçant sa disparition -, il ne perdra ni la grandeur de son masque fondateur, ni le rôle apical, ni le talent silencieux, désormais dans l’invisible et jamais.

En plus de DiMeo, ils se cachaient derrière le nom du collectif Luther Blissett, puis Wu Ming, trois autres auteurs bolognais : Roberto Bui, Giovanni Cattabriga et Federico Guglielmi. Parmi les romans du collectif publiés par Einaudi avec la collaboration de Luca Di Meo figurent « 54 » (2002), dans lequel trois histoires se déroulant en 1954 s’entremêlent ; «Manituana» (2007), dont l’action se déroule en 1775, au moment des «guerres indiennes» menées par la nation iroquoise; « Altaï » (2009), narration se déroulant entre 1569 et 1571 qui reprend certains personnages déjà apparus dans « Q ».

Salutations du Wu Ming

L’annonce de la mort de Luca Di Meo, survenue dimanche 30 juillet, a été publiée par le collectif Wu Ming, dont il avait été membre. « Dans la seconde moitié des années 90 – rappelle le collectif – Luca était, entre autres, Luther Blissett dont le nom était légion. A cette époque, nous avons écrit le roman qui allait changer nos vies. En l’an 2000, nous avons fondé Wu Ming. Il a quitté le collectif huit ans plus tard». «Entre-temps – écrit encore Wu Ming – nous nous étions perdus de vue, et nous nous étions retrouvés, et nous allions nous perdre et nous retrouver. De temps en temps on faisait des retrouvailles, comme tout groupe qui se respecte ».

31 juillet 2023 (changement 31 juillet 2023 | 21:39)



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