2024-06-01 00:46:01
Les secouristes retirent les décombres d’un immeuble endommagé par l’attaque nocturne de missiles russes dans le district de Novobavarskyi à Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, le 31 mai 2024. Photo : Vyacheslav Madiyevskyy / NurPhoto / AFP
La Russie a accusé l’OTAN et les États-Unis de « provoquer un nouveau niveau de tension » après que les États-Unis et l’Allemagne soient devenus les derniers alliés à permettre à l’armée ukrainienne d’utiliser des armes fournies par l’Occident pour frapper des cibles en Russie.
Un porte-parole de Berlin a déclaré que l’Allemagne était convaincue que l’Ukraine avait le droit de se défendre contre la Russie, notamment contre les attaques transfrontalières contre sa deuxième plus grande ville, Kharkiv.
Les responsables américains ont déclaré que les armes fournies par les États-Unis pourraient être utilisées pour contrer les tirs russes près de la région de Kharkiv, soit là où les forces russes « les frappaient, soit se préparaient à les frapper ».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que cette décision contribuerait à protéger les civils vivant dans les villages proches de la frontière russe.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que les pays de l’OTAN, en particulier les États-Unis et plusieurs pays européens, étaient “entrés dans une nouvelle phase d’escalade des tensions et qu’ils le faisaient délibérément”, dans des propos cités par l’agence de presse Tass.
“Ils incitent par tous les moyens l’Ukraine à poursuivre cette guerre insensée.”
Les forces russes ont progressé dans la région de Kharkiv ces dernières semaines après une offensive surprise dans cette zone proche de la frontière avec la Russie.
Le Royaume-Uni et la France avaient déjà indiqué qu’ils étaient disposés à assouplir les restrictions imposées aux frappes ukrainiennes sur des sites militaires sur le territoire russe, avant que le président américain Joe Biden ne déclare jeudi soir que des armes fournies par les États-Unis pourraient être utilisées.
Cependant, un responsable américain a déclaré à la BBC : « Notre politique concernant l’interdiction de l’utilisation du système de missiles tactiques de l’armée [ATACMS] ou les frappes à longue portée à l’intérieur de la Russie n’ont pas changé. »
Le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, a déclaré vendredi que Berlin était “convaincu conjointement” que l’Ukraine avait le droit de se défendre contre une attaque russe.
“Pour ce faire, il peut également utiliser les armes fournies à cet effet conformément à ses obligations juridiques internationales, y compris celles fournies par nous”, a-t-il déclaré.
L’Allemagne n’a pas encore fourni à l’Ukraine ses puissants missiles Taurus, tandis que le Royaume-Uni a fourni des missiles Storm Shadow et que la France a remis ses missiles de croisière Scalp.
La Russie a affirmé vendredi avoir repoussé les forces ukrainiennes jusqu’à 9 km de la frontière dans la région de Kharkiv, ajoutant qu’elle contrôlait désormais les collines proches du village de Lyptsi. Kharkiv se trouve à un peu plus de 30 km de la frontière russe.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a réitéré son message du début de la semaine, selon lequel les États-Unis continueraient à faire ce qu’ils ont fait jusqu’à présent, « c’est-à-dire, si nécessaire, s’adapter et s’ajuster ».
Il s’adressait aux journalistes lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN à Prague, au cours de laquelle le secrétaire général de l’alliance, Jens Stoltenberg, a salué la décision d’assouplir les restrictions sur l’utilisation des armes par l’Ukraine.
Des questions ont également été soulevées par les alliés de l’OTAN quant à la possibilité de déploiement d’avions de guerre F-16 de fabrication américaine au-delà de la frontière russe.
Les pilotes ukrainiens se sont entraînés sur les F-16 ces derniers mois et les premiers avions devraient arriver en Ukraine cet été.
Le ministre danois de la Défense, Troels Lund Poulsen, a déclaré que ses F-16 pourraient être utilisés pour cibler des dépôts d’armes en Russie, qu’il a qualifiés de cibles légitimes.
Le Danemark devait remettre 19 F-16 à l’Ukraine au cours de l’été et le ministre des Affaires étrangères Lars Lokke Rasmussen a clairement indiqué : “Ce n’est pas une carte blanche pour l’Ukraine pour utiliser les F-16 pour lancer des attaques arbitraires contre la Russie.”
Vendredi, la Première ministre Mette Frederiksen a refusé de confirmer que les F-16 danois pourraient être utilisés au-dessus du territoire russe. Elle a déclaré que les avions étaient sur le point de survoler l’Ukraine, mais “nous n’entrerons pas dans les détails”.
Les Pays-Bas ont évité de faire toute déclaration claire sur les F-16. Le ministre des Affaires étrangères Hanke Bruins Slot a simplement confirmé que le gouvernement néerlandais “autoriserait l’Ukraine à utiliser des armes sur le sol russe si elle est en pleine légitime défense”, conformément à la charte des Nations Unies.
Le Belge Alexander De Croo a exclu d’autoriser l’Ukraine à utiliser ses F-16 contre la Russie lors de sa rencontre avec le président Zelensky plus tôt cette semaine. De Croo rencontrait vendredi le président Biden à la Maison Blanche.
Les responsables russes ont clairement exprimé leur colère face à la perspective de voir des F-16 être utilisés sur leur territoire. Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que les F-16 seraient détruits comme tout ce qui est fourni par l’OTAN, et que cela ne changerait en rien la situation.
Cependant, comme les F-16 étaient utilisés depuis longtemps dans les « soi-disant missions nucléaires conjointes » de l’OTAN, il a prévenu que leur fourniture à Kiev ne pouvait être considérée que « comme un signal délibéré de l’OTAN concernant les armes nucléaires ».
– BBC
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