Moustique tigre : les maladies qu’il peut transmettre en France et les risques de flambées épidémiques à venir

Moustique tigre : les maladies qu’il peut transmettre en France et les risques de flambées épidémiques à venir

Comme la tique, le phlébotome (petits moucherons présents dans le sud-est de la France) et près de 400 des 3.500 espèces de moustiques existantes au monde, le moustique tigre est un vecteur de maladies. Pour cela, il doit d’abord s’infecter, en prélevant l’agent pathogène en aspirant un peu de sang d’une personne malade.

“La femelle moustique pourra alors le transmettre à un sujet sain lors d’un nouveau repas sanguin. Il faut plusieurs jours pour qu’un moustique devienne infectant, c’est-à-dire que le virus franchisse la barrière digestive, se multiplie et passe dans sa salive” précise l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

Quelles maladies le moustique tigre peut-il transmettre?

“Le moustique tigre peut être vecteur de nombreux virus comme ceux de la dengue, du Zika ou du chikungunya”, précise l’Anses.

Initialement contenue dans les zones tropicales ou subtropicales, la dengue est la maladie virale la plus couramment transmise par l’Aedes albopictus sur le sol français.

Selon l’Institut Pasteurce virus se manifeste brutalement après 2 à 7 jours d’incubation par l’apparition d’une forte fièvre souvent accompagnée de maux de tête, de nausées, de vomissements, de douleurs articulaires et musculaires et d’une éruption cutanée ressemblant à celle de la rougeole.

Plutôt rares, ses complications peuvent être néanmoins sévères et entraîner des hémorragies létales.

Si les symptômes de Zika sont le plus souvent bénins (éruption cutanée, fièvre modérée, fatigue…), “le virus peut provoquer des anomalies congénitales en cas d’infection pendant la grossesse”met en garde Santé publique France.

Quant au chikungunya, originaire d’Afrique, d’Asie et du sous-continent Indien, ses symptômes ressemblent à un état grippal: fièvre et fortes douleurs articulaires.

Cas autochtones, cas importés

“Ces virus sont introduits en France par les voyageurs: hommes d’affaires, touristes…”constate Didier Fontenille, membre du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) et entomologiste médical spécialiste de ces maladies vectorielles.

Quand ces personnes arrivent en France métropolitaine et y développent des symptômes après avoir été contaminées par un moustique à l’étranger, on parle alors de cas importés.

En France, du 1er mai au 9 décembre 2022, Santé publique France a ainsi recensé 272 cas importés de dengue (importés de 41 pays, Cuba et l’Inde en tête), 22 de chikungunya (majoritairement contractés en Indonésie et au Brésil) et 2 du virus Zika.

En Paca, Santé publique France recense ainsi 35 cas importés de dengue et 1 cas de chikungunya.

Plus préoccupant, la région Provence Alpes-Côte d’Azur totalise le plus grand nombre de cas autochtones recensés en France en 2022.

Du 1er mai au 9 décembre, 52 personnes y ont ainsi contracté la dengue sans avoir voyagé au préalable dans une zone contaminée, sur 65 à l’échelle nationale.

Un effet ricochet de l’affluence de touristes, potentiellement porteurs de virus, et de moustiques tigres pour transmettre ces cas importés aux habitants du coin.

Dans les Alpes-Maritimes, à la fin du mois d’août, un foyer de 34 cas s’est ainsi déclaré autour de Saint-Jeannet, un autre de 10 cas à Saint-Laurent-du-Var et Cagnes-sur-Mer.

Dans le Var, 7 cas s’étaient aussi déclarés dans le même foyer, à Fayence, à la fin du mois de juin.

“Avec le phénomène El Niño, tous les voyants sont au rouge”, Didier Fontenille, membre du Covars

“On s’attend à une hausse des cas dans les années à venir, dans le Sud de la France et notamment autour de Nice, qui est clairement une ville hotspot du moustique tigre. Le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) a récemment alerté publiquement à ce sujet” rappelle Didier Fontenille.

Une augmentation des contaminations dûe à une addition de facteurs: “après l’épidémie de Covid-19, les voyages internationaux ont repris massivement. Le réchauffement climatique intervient aussi dans l’équation en diminuant le temps d’incubation des virus chez le moustique tigre et accélérant l’éclosion des larves. Or, plus il y a de moustiques tigres, plus y a de risques de contamination.”

Les scientifiques s’inquiètent aussi de l’impact d’un phénomène climatique à l’œuvre du côté de l’océan Pacifique tropical. Baptisé El Niño, ce réchauffement de la surface des eaux océaniques peut causer sécheresses prolongées, inondations et hausses des tempêtes tropicales et entraîner un effet papillon jusque sur nos côtes.

“Il va toucher les Antilles, l’Île de la Réunion, l’Amérique du Sud. On le surveille en ce moment comme le lait sur le feu. Car il va entraîner une hausse des épidémies ailleurs dans le monde… qui devraient nécessairement s’importer en France métropolitaine par les voyageurs, notamment via Nice, gros pôle touristique. Tous les voyants sont au rouge” prévient Didier Fontenille.

“Enfin, les comportements humains, qu’on ne voit pas évoluer significativement, sont un autre facteur aggravant”met en garde l’entomologiste médical, qui rappelle que l’Aedes albopictus prolifère avant tout grâce aux eaux stagnantes de nos balcons et jardins (soucoupes sous les pots de fleurs, arrosoirs, récupérateurs d’eau non couverts, etc.).

Exercices de simulations et Plan Orsec

Face à ce risque accru de multiplication des cas, le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires se prépare à “multiplier les simulations d’intervention à grande échelle”, explique Didier Fontenille.

D’autant qu’une forte inquiétude de flambées de foyers de contamination se profile avec l’approche des Jeux olympiques 2024, qui vont transformer Paris en Tour de Babel. “Ou encore la Coupe du monde rugby dès cette année [dont des matchs auront lieu à Nice] “prévient l’entomologiste.

“Le Covars doit vérifier qu’on a bien les capacités techniques et humaines pour intervenir sur des foyers de contamination à plus grande échelle. Jusqu’alors, on intervient autour de chaque cas. Mais si on passe de 65 cas autochtones à 500 voire 1.000, cette stratégie ne pourra plus fonctionner. L’idée
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