Alfred Mamba n’avait que 12 ans lorsque le grand boxeur Muhammad Ali est arrivé à Kinshasa, alors capitale du Zaïre, en octobre 1974, dans le but de reconquérir son titre des poids lourds.
Mamba a vu son père – un arbitre de boxe – aider à porter les drapeaux dans l’arène avant le combat entre Ali et son compatriote George Foreman aux premières heures du 30 octobre.
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Le souvenir de l’événement, mieux connu sous le nom de The Rumble in the Jungle, lui est resté pendant 50 ans.
“C’était une ambiance impossible, on n’a jamais vu une ambiance pareille”, raconte-t-il avec enthousiasme à l’AFP en marge des Championnats d’Afrique de boxe amateur à Kinshasa.
Le Rumble in the Jungle, qui a inspiré le livre de Norman Mailer “The Fight” et le documentaire oscarisé “When We Were Kings”, est devenu un mythe de la boxe.
Financé comme un grand événement de relations publiques par le dictateur zaïrois Mobutu Sese Seko, le combat a eu lieu au stade du 20 mai, aujourd’hui appelé stade Tata Raphael, et a été projeté dans plus de 100 pays.
La structure géante en béton était pleine à craquer avec quelque 60 000 spectateurs chantant, dansant et scandant en prévision du match.
‘Hurlement’
“Les gens criaient à chaque instant, c’était vraiment génial”, se souvient Mamba les yeux écarquillés.
Tout en parlant, il feuillette des photos sur papier en noir et blanc de l’événement légendaire qui allait renverser le cours de la carrière d’Ali.
Foreman, médaillé d’or olympique aux Jeux olympiques de Mexico en 1968, était le favori : le joueur de 25 ans avait remporté ses 37 premiers combats après être devenu professionnel.
Il a commencé le plus fort, mais Ali, maintenant âgé de 32 ans et employant sa célèbre tactique de corde-à-dope, a renversé la situation et a décroché un crochet gauche et un droit droit qui ont envoyé Foreman sur la toile au huitième tour.
Foreman a tenté de se relever mais l’arbitre a signalé la fin du combat et une victoire par élimination directe pour Ali.
Ce fut un triomphe pour Ali qui récupéra le titre qui lui avait été retiré en 1967 lorsque sa décision de refuser de participer à la guerre du Vietnam lui valut une suspension de trois ans et demi.
“Les gens voulaient vraiment que Muhammad Ali gagne le combat”, explique Mamba.
Il n’y avait aucune raison claire pour laquelle les locaux penchaient en sa faveur mais, selon le magazine The Africa Report, Ali en a créé une.
Lorsque Foreman est arrivé au Zaïre – aujourd’hui la République démocratique du Congo – avec ses deux bergers allemands, une race favorisée par les colonialistes belges, Ali a déclaré que Foreman était belge et que la foule l’a soutenu.
“Quand Muhammad Ali a donné le (dernier) coup de poing, tout le monde a crié”, raconte Mamba.
« Ali était congolais »
Martin Diabintu, également arbitre dans la compétition de boxe amateur à Kinshasa, raconte à l’AFP que les locaux considéraient Ali “comme un frère”.
“Ali était congolais”, dit-il simplement.
Le combat devait avoir lieu le 25 septembre mais a dû être retardé après que Foreman ait subi une interruption de l’entraînement.
Cela n’a fait qu’augmenter l’anticipation dans le monde entier et, plus particulièrement, à Kinshasa.
“Tout le monde voulait voir ce combat, tout le monde voulait participer au combat”, explique Mamba.
Boniface Tshingala, un autre arbitre de la compétition de boxe amateur aux côtés de Mamba et Diabintu, se souvient des gens faisant la queue sur des kilomètres à l’extérieur du stade.
Quelques heures avant le début des combats, “il y avait des gens massés autour du stade, venus des quatre coins de la capitale”, raconte Tshingala.
“À l’extérieur du stade, c’était plein à craquer. Tout le monde voulait entrer.”
Le stade Tata Raphael, qui a depuis accueilli des événements sportifs, dont les Jeux de la Francophonie en 2023, a été quelque peu modernisé au cours du demi-siècle écoulé depuis The Rumble, mais les souvenirs restent vifs.
“Nous commémorons ce combat encore aujourd’hui”, déclare Diabintu, qui était également un ancien boxeur. “Nous appelons cela ‘le combat du siècle’.”
Aujourd’hui âgé de 64 ans, Diabintu n’était qu’un adolescent lorsqu’Ali et Foreman sont arrivés à Kinshasa. Il était tellement impatient de regarder le combat qu’il a parcouru 10 kilomètres (six miles) à pied depuis son domicile jusqu’au stade.
“Je suis venu à pied. Après avoir terminé mes études, je suis venu voir les combats”, dit-il.
En plus d’exciter sa curiosité, l’événement a eu un impact encore plus grand sur sa vie à mesure qu’il progressait de boxeur à entraîneur puis à arbitre.
“C’est cet événement qui m’a poussé vers la boxe.”
Les trois anciens boxeurs expriment leur fierté de voir la RDC accueillir cet événement qui résonne encore cinquante ans plus tard.
“Les gens ne croyaient pas que la RDC pouvait organiser ce combat (mais) nous avons réussi à 100 pour cent”, déclare fièrement Mamba.
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