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Nécrologie d’Aribert Reimann : La voix humaine

by Nouvelles
Nécrologie d’Aribert Reimann : La voix humaine

2024-03-14 21:20:24

SAribert Reimann a pu fêter ses 88 ans le 4 mars 2024. Et avant cela, le 8 février, il avait reçu le prix Gema des auteurs musicaux allemands pour l’ensemble de son œuvre. Mais ce sera sa dernière apparition publique. Le 13 mars, cet important compositeur allemand, timide mais très déterminé, décède.

“Lear” en vaut la peine. Pas vraiment de nouvelles connaissances. Shakespeare l’a bien présenté. De toute sa vie, Verdi n’a jamais osé le mettre en musique. Mais le théâtre musical pour dirigeants d’Aribert Reimann, créé à Munich en 1978 et célébré dès le début, a depuis longtemps eu plus de 30 représentations dans le monde entier. On peut actuellement le voir à l’Opéra national de Hanovre. C’est devenu l’opéra le plus réussi de Reimann.

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La pièce présente une multitude de rôles merveilleux, accrocheurs et surtout maléfiques – comme nous le savons tous, ce sont toujours les plus reconnaissants sur scène. Le librettiste Claus H. Henneberg a adapté le matériel de manière à ce qu’il soit facile à comprendre, extrêmement pratique et dans un langage clair. Mais surtout, Aribert Reimann, alors âgé de 42 ans, a donné à l’événement et à ses protagonistes une forme musicale qui est encore captivante aujourd’hui : forte, brutale, atavique, tendre, calme, déterminée par une profonde compassion envers les protagonistes, qui étaient généralement en réalité antipathique. Seuls l’imbécile cynique qui a disparu à un moment donné (qui n’est qu’un rôle parlant) et l’amoureuse stéréotypée Cordelia sont différents.

C’est une partition d’extrêmes accrocheuse, reconnaissante, difficile, mais gérable – toujours étroitement liée au contenu dramatique, mais très particulière dans l’instrumentation sophistiquée, notamment dans le langage, qui oscille entre murmures pâles et mélismatiques exaltés. L’opéra commence par une instruction non accompagnée de Lear. Et ça se termine avec lui aussi. En silence. Cette musique est bien sûr inspirée et alimentée par la fantaisie sonore classique d’Aribert Reimann. Cela permet à l’orchestre de chanter fort, à une flûte alto solitaire de préluder ou à la puissance concentrée des percussions de s’envoler. Mais cela ne devient jamais trop fort, ni trop lumineux. C’est une vingtaine d’extrêmes consciemment fixés, qui sait bien sûr gérer ses ressources.

Air de Cordélia de “Lear”

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Aribert Reimann, l’étranger, mais pas seul, parce qu’il a été joué, apprécié et aussi aimé, se révèle être le grand continuateur d’une tradition lyrique littéraire allemande de Strauss à Orff en passant par Henze. Ses seuls huit opéras (plus deux ballets) sont joués régulièrement – de « Traumspiel » d’après Strindberg de 1964 à « L’invisible », composé en français. Trilogie lyrique d’après Maurice Maeterlinck, créé à nouveau en 2017 au Deutsche Oper Berlin ; bien sûr avec « Lear » en haut. Même son collègue Wolfgang Rihm, également doué pour la voix, a attesté avec envie à Aribert Reimann que personne ne connaît mieux la voix humaine et ne peut donc en exiger autant, mais aussi quelque chose de si sensuel et significatif.

Reimann, né en 1936, est issu d’une famille de musiciens berlinois. Lors d’un concert à la maison, il a rencontré le pianiste Michael Raucheisen, qui a jeté les bases de sa carrière d’accompagnateur de chant, pas assez louée, et lui a inculqué un amour de toujours pour cette forme d’art. Le jeune étudiant a ensuite entendu le contrepoint d’Ernst Pepping à l’Université de Berlin. Son professeur de composition était Boris Blacher. Plus tard, il n’a jamais rejoint l’une des écoles traditionnelles qui ont façonné la jeune République fédérale, mais a toujours suivi sa propre voie. Le solitaire développe sa propre individualité qui, même si elle est parfois lourde et fragile, se fait entendre. Il suffit de parcourir l’immense œuvre de Reimann composée d’œuvres orchestrales et instrumentales, de chansons et de musique de chambre.

L’opéra comme centre de travail

Et il aimait s’occuper de la grande littérature – pour lui, il ne s’agissait pas simplement de mettre des notes, mais plutôt d’une lutte autocritique avec ses propres moyens sonores, en constante expansion et sublimés sur la base d’un texte étranger : en fin de compte il y avait une langue musicale tout à fait unique comme reflet de sa propre historicité au milieu d’un vaste ensemble artistique. Aribert Reimann, le néo-ton dur, a toujours été un traditionaliste. Qui luttait pour une actualité intemporelle, même s’il n’était pas étranger à la participation politique.

Les opéras étaient son centre de travail. Il y racontait des histoires en utilisant des moyens vocaux et instrumentaux. Souvent des femmes comme victimes comme dans « Troades » (1985) ou « La Maison de Bernarda Alba » (2000), mais aussi comme agresseurs comme dans « Mélusine » (1970) et « Médée » (2009). L’empathie honnête et l’humanité de son approche du théâtre musical ont toujours captivé le public.

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Même dans la tragédie la plus sombre ou dans des pièces de cauchemar comme la « Sonate fantôme » (1983), la mise en scène de Kafka « Le Château » (1992) ou le dernier théâtre musical de Maeterlinck. « L’isolement de l’homme dans une solitude totale, exposé à la brutalité et au doute de toute vie » était ce qui l’intéressait.

La maîtrise absolue de la matière tout en recherchant la plus grande liberté possible est ce qui a caractérisé Aribert Reimann tout au long de sa vie. Et un amour emphatique de l’humanité, surtout en tant que personne timide et privée, l’avait attiré hors de sa coquille. C’est dommage qu’il n’ait pas pu achever son tout dernier opéra, sur lequel il travaillait depuis des années.



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