Neruda, Merini mais il y a aussi Vuong La poésie nous apprend la liberté – Corriere.it

Neruda, Merini mais il y a aussi Vuong La poésie nous apprend la liberté – Corriere.it
De FRANCO MANZONI

A partir du mardi 21 mars en kiosque la série éditée par Daniele Piccini en 25 volumes. Cela commence par Neruda. Les paroles d’auteurs célèbres tels que Montale et Garca Lorca sont juxtaposées aux œuvres d’artistes émergents

Vous devriez toujours vous promener avec un poème dans votre poche. Rêver ou retrouver des certitudes et des utopies perdues, ou peut-être déclamer des vers imitant le Coin des Poètes d’autrefois. Avec le devoir de porter atteinte aux règles corporatives du conditionnement éditorial, visant à s’entretenir le plus souvent presque exclusivement avec des spécialistes et des initiés. Il faudrait structurer délibérément l’extension des destinataires vers une circulation des recueils de poésie suffisamment large pour impliquer tout le monde sans aucune limitation. Comme le souhaitait le poète milanais Giancarlo Majorino lorsqu’il fonda en 1984 la revue Incognita. Un poème en poche serait un habile stratagème naturel pour nous protéger du stress quotidien et de l’esclavage inhumain de la numérisation globalisante omnivore, que nous subissons passivement tout en restant constamment interconnectés. Ou un expédient pour laisser un espace de réflexion et la possibilité pour le lecteur d’imaginer de manière indépendante.

Ainsi, la sortie imminente (mardi 21 mars, Journée mondiale de la poésie) du premier livre de la série La poésie de tout le monde, édité par Daniele Piccini et produit par Corriere della Sera, 25 volumes consacrés aux voix les plus originales des 150 dernières années, des classiques modernes et contemporains à ceux qui entrent maintenant sur la scène littéraire internationale avec élan et innovation linguistique. Une fusion savante, traditionnellement répétée depuis des décennies, entre poésie et Corriere, à partir d’un texte en vers ou d’un aphorisme longtemps offert à l’ouverture des pages culturelles, jusqu’aux nombreuses initiatives éditoriales entre le journal et les poètes de de tous les temps, à la création de Danted sur l’idée de Paolo Di Stefano, chroniqueur du Corriere della Sera, qui fut le premier à le lancer dans un de ses articles en juin 2017 : ainsi le 25 mars est devenu en Italie, officiellement à partir de 2020, jour de célébration du poète suprême.

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Une combinaison qui se répète aujourd’hui à juste titre : la possibilité d’accéder chaque semaine à un nouveau livre de poésie de poche peut signifier se procurer une clé bigarrée pour tenter de comprendre le sens de l’existence, un refuge irrationnel de beauté et de chant face aux brutalités perpétuelles de la guerre, de l’exil, de la migration. Dante en était un exemple clair, tout comme Pablo Neruda, l’auteur qui ouvre la nouvelle série le mardi 21. Mêlant réalisme et vers romantiques-intimistes, surréalisme et poèmes civils, l’auteur chilien alterne vers d’amour pour les femmes latines (et pas seulement) et de colère contre les dictatures.

Pour cette initiative, Daniele Piccini a choisi des auteurs mondialement connus : la polonaise Wisława Szymborska, prix Nobel de littérature en 1996, Alda Merini, la soviétique Anna Achmatova, ouvertement opposée au stalinisme, et l’Américaine Emily Dickinson, considérée comme l’une des plus grandes parolières modernes. Une envie de conquérir enfin une plénitude de vie inspire Alda Merini, après la terrible expérience de l’internement dans un hôpital psychiatrique. Oscillant entre les pulsions des sens et la tension mystique, sa condition de refoulement se transforme en une extraordinaire énergie créatrice, faisant de Merini la voix des exclus, des parias, des marginalisés et le symbole de la réaction au malaise social.

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Poète de l’éros et de la nostalgie, il a continuellement lutté pour affirmer son anticonformisme le grec Constantin Cavafis, habilement traduit en Italie par Nicola Crocetti. Dans ses vers la mémoire des anciens classiques, la célébration de l’amour homoérotique, le désenchantement, l’auto-ironie, la douleur pour la vie qui s’enfuit.

L’autre nouveauté de la série est la combinaison réussie d’auteurs célèbres tels que Montale, Luzi, Caproni, Saba, Campana, Sereni, Lorca, Salinas, Pessoa, Auden, Shelley, Keats, Byron, Ritsos, Novalis, Pasternak, Rilke, Baudelaire , Rimbaud , à des poètes émergents comme l’Afro-américain Jericho Brown (1976), lauréat du prix Pulitzer en 2020, aux rythmes durs et marqués proches du rap, et l’Américain naturalisé vietnamien Ocean Vuong (1988), ouvertement homosexuel, qui traite des thèmes de l’abandon, de la douleur, de l’identité, dans lesquels surgit sans cesse la souffrance pour la mort de la mère.

À ce stade, une réflexion semble s’imposer. Au XXe siècle, l’ars poetica a souvent représenté l’une des réponses rares et non contaminées aux tragédies de l’histoire. Lieu d’atterrissage du salut avant les instincts les plus bestiaux de l’être humain. Bouclier moral face à la crise des différentes sociétés. A toutes les époques donc, la poésie s’est offerte comme un nectar, la médecine salvatrice pour retrouver le sens des choses, se réapproprier la mémoire et la préserver, jouer un rôle dans la dimension existentielle. Incontestablement aujourd’hui, au seuil de la troisième guerre mondiale, comme ou plus qu’hier, écrire et lire de la poésie signifie encore liberté, éthique, savoir.

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La série en kiosque à partir du 21 mars


La série en 25 volumes, éditée par Daniele Piccini, s’intitule La Poesia di tutti, et sera en kiosque avec Corriere della Sera tous les mardis à partir du 21 mars, Journée mondiale de la poésie (chaque livre coûte 3,90 € plus le prix du journal) . Le premier numéro propose une sélection de poèmes du prix Nobel chilien Pablo Neruda (1904-1973). Le second consacré à la polonaise Wisława Szymborska (1923-2012), Nobel en 1996. Parmi les autres protagonistes de la série : Costantino Kavafis (1863-1933), Alda Merini (1931-2009), mais aussi de nouvelles voix comme Jericho Brown (1976) et Ocean Vuong (1988)

17 mars 2023 (changement 17 mars 2023 | 19:03)

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