2024-11-21 02:00:00
L’entreprise alimentaire suisse Nestlé est habituée aux critiques. Depuis de nombreuses années, il exploite les ressources en eau, commercialise de manière agressive des aliments pour bébés dans les pays du Sud, viole les droits de l’homme, profite du travail des enfants dans ses chaînes d’approvisionnement, pollue l’environnement, s’implique dans la fixation des prix et s’engage dans une lutte antisyndicale. C’est désagréable, mais il faut parvenir d’une manière ou d’une autre à un chiffre d’affaires annuel de 93 milliards de francs suisses (2023).
Cette fois-ci, Nestlé n’a pas à faire face à des écologistes ou à des syndicats, mais à des chiffres économiques décevants et à une chute des cours de ses actions. On parlait déjà d’une évolution de type crise sur le marché boursier au cours de l’été de cette année, et le journal professionnel l’a déclaré il y a quelques jours. Finances et économieil faut désormais « une série de résultats étonnamment bons pour reconquérir les investisseurs ». Parler de crise semble cependant un peu radical, car les bénéfices ne sont que légèrement inférieurs aux prévisions : le rendement du dividende s’élève toujours à un impressionnant 4 pour cent.
Les salariés paient la facture
Au vu de sombres prévisions, le groupe a étonnamment changé de direction il y a quelques mois. Après huit ans à la tête de l’entreprise, Mark Schneider a quitté son poste de PDG et Laurent Freixe a pris la relève le 1er septembre. On sait peu de choses sur cet économiste d’entreprise, qui a commencé à travailler dans le marketing et les ventes chez Nestlé à l’âge de 24 ans. Hier mercredi, il a présenté sa stratégie qui devrait ramener le cours de l’action Nestlé aux sommets souhaités.
« Forward to Basics » est le slogan que Freixe a présenté en collaboration avec le président du conseil d’administration, Paul Bulcke. Grâce à un marketing fort, à une orientation client et à une reconquête de parts de marché, Nestlé devrait retrouver sa force d’antan. Derrière ces phrases se cache une stratégie solide : premièrement, une réduction totale des coûts de 2,5 milliards de francs suisses ; deuxièmement, augmenter le budget marketing à 9 % des ventes ; troisièmement, le transfert du secteur de l’eau vers un secteur d’activité indépendant.
Cela semble inoffensif, mais ce n’est pas le cas. Le plan de licenciements de Freixe suggère des suppressions d’emplois et de pires conditions de travail. Un schéma bien connu : lorsque les objectifs de rendement ne sont pas atteints, lorsqu’il faut apaiser les investisseurs ou en attirer de nouveaux, les salariés en paient le prix. Augmentation de la valeur ajoutée pour Nestlé, baisses de salaires ou suppressions d’emplois pour les travailleurs. Un projet de loi qui pourrait frapper particulièrement durement les nombreux sites de production du Sud.
Magnifique et éblouissant
L’augmentation du budget marketing, en revanche, est un exemple clair du fait que des entreprises comme Nestlé ne cherchent pas à améliorer la valeur d’usage réelle de leurs produits, mais uniquement à maximiser leur valeur d’échange. Nestlé l’a bien compris : l’eau n’est pas que de l’eau. Privatisé, mis en bouteille et intelligemment commercialisé, vous pouvez réaliser de gros profits.
Avec la scission annoncée du secteur de l’eau, l’entreprise alimentaire souhaite se donner plus de marge de manœuvre pour les décisions commerciales futures. Les unités commerciales autonomes sont plus faciles à gérer. L’isolement du secteur de l’eau, très critiqué, protège également la marque Nestlé.
Freixe a révisé la marge bénéficiaire attendue à 17 pour cent, de 17,5 à 18,5. Immédiatement auparavant, les investisseurs avaient réagi avec scepticisme face à la dégradation des prévisions et à la restructuration annoncée. Le cours de l’action a encore baissé mardi. Mais à moyen et long terme, les investisseurs doivent être rassurés : toute la stratégie du nouveau patron de Nestlé vise évidemment à répondre à leurs attentes.
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