Niger, les putschistes rassemblent des preuves contre Bazoum : accusé de haute trahison

Niger, les putschistes rassemblent des preuves contre Bazoum : accusé de haute trahison

2023-08-14 14:45:27

TUNIS – Les putschistes au Niger jouent avec le feu dans la gestion de la crise, exploitant sans cesse une bonne dose d’ambiguïté. Le week-end, le général Abdourahamane Tiani, le nouvel homme fort de Niamey, s’était dit pour la première fois ouvert “à la diplomatie et à la paix”, lors d’une rencontre avec un groupe de chefs religieux arrivés du Nigeria voisin. Mais déjà dans la nuit la junte a retrouvé son ton dur et intransigeant : elle a annoncé son intention de poursuivre le président déchu Mohamed Bazoum “pour haute trahison et menace à la sécurité intérieure et extérieure du Niger”.

Les militaires le feront devant les tribunaux nationaux mais aussi internationaux. Ils assurent avoir des preuves de ce qu’ils disent, y compris des échanges de toutes sortes entre Bazoum et des chefs d’État étrangers et des chefs d’organisations internationales. Pendant ce temps, l’homme politique reste, avec sa femme et son fils, prisonnier des putschistes dans la résidence présidentielle.

Ils y sont enfermés depuis le 26 juillet, dans des conditions de plus en plus dures. Ils n’ont plus d’électricité, plus d’eau courante et seulement des pâtes et du riz à manger. Les militaires aimeraient qu’il signe sa démission, mais Bazoum, élu démocratiquement il y a deux ans, continue de résister. Il a été vu par son médecin personnel samedi matin qui a déclaré: “Dans l’ensemble, son moral est élevé.” Mais combien de temps pourra-t-il résister ?

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La CEDEAO, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, a décidé le 10 août de préparer une force militaire à utiliser pour une intervention au Niger, si la médiation avec les putschistes échoue. L’organisation demande la libération immédiate de Bazoum, mais aussi son retour au pouvoir.

Auparavant, la Cédéao avait déjà lancé, le 30 juillet, des sanctions économiques, commerciales et financières contre le Niger, qui provoquent une forte hausse du coût de la vie et des coupures permanentes d’électricité (70% était approvisionné depuis le Nigéria, qui a fermé les robinets ) : ils incriminent la population contre la Cédéao. Dans la nuit, la junte nigérienne a qualifié ces sanctions “d’illégales, d’inhumaines et d’humiliantes”. Et aujourd’hui le nouveau premier ministre du Niger, recherché par les putschistes, Mahaman Lamine Zeinea qualifié les sanctions de “défi injuste”, précisant toutefois que “nous les surmonterons”.

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Le raidissement de Tiani et de ses partisans intervient après que le général eut paru conciliant devant la délégation de chefs religieux venus du Nigeria (et fortement sollicités par Boule Tinubule président de ce pays, qui avec ses 215 millions d’habitants et sa puissance économique est le géant de la région et un acteur clé dans la recherche d’une solution à la crise actuelle).

Entre-temps, il est apparu qu’hier six soldats nigériens et dix jihadistes ont été tués dans l’ouest du pays (et ce n’est qu’un bilan provisoire). Les militaires ont pourchassé les jihadistes présumés et sont tombés dans une embuscade, à une vingtaine de kilomètres de Sanam, dans la région de Tillabéri, aussi appelée “les trois frontières”, aux confins avec le Mali et le Burkina Faso. Non loin de là, le 9 août, cinq soldats nigériens ont été tués dans une autre attaque.

Les infiltrations djihadistes sont le gros problème du Niger, comme des autres pays du Sahel. Tiani a motivé son coup précisément pour la “dégradation de la sécurité”, mise sur le dos bossu des Français, qui disposent de 1 500 soldats au Niger, précisément dans l’intention de combattre le djihadisme. Ils ont été transférés dans le pays l’année dernière depuis le Mali voisin, après qu’une junte militaire fortement anti-française a pris le pouvoir à Bamako.

Plus tard, le Mali est tombé dans l’orbite russe et plus de 1500 mercenaires de Wagner y sont arrivés. Mais ils ne se sont pas révélés meilleurs que les Français et leurs alliés pour résoudre le problème (en fait, ils seraient apparemment plus inefficaces). 50% du territoire national (comme celui du Burkina Faso, autre pays aux mains des putschistes) serait aujourd’hui contrôlé par des djihadistes.



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