«Nous appelons cela un nettoyage social», quotidien Junge Welt, 28 août 2024.

Comment la ville de Paris s’est-elle préparée au grand spectacle des Jeux Olympiques ?

Entre autres, les personnes vivant dans des espaces de vie informels tels que bidonvilles, squats, camps, cabanes, etc. ont été expulsées de Paris et des communes proches de la Seine-Saint-Denis. C’est moins une question de ressources financières limitées que de situation de logement précaire. Partout où il y avait des sites olympiques, qu’il s’agisse simplement de sites de transit ou de sites destinés aux touristes et aux médias, il y avait ce que nous appelons un nettoyage social. Au total, environ 15 000 personnes ont été touchées. Environ 5 600 personnes ont été envoyées en bus vers des villes éloignées de Paris. D’autres ont été poussés vers les limites de la ville sans aucune autre possibilité de logement. À la dernière minute avant les Jeux, environ 1 000 personnes vivant dans des camps très visibles au bord des canaux de Seine, de Saint-Denis et de l’Ourcq ont été temporairement hébergées dans des abris d’urgence en juillet.

Ces personnes en ressentent-elles encore aujourd’hui les séquelles ?

La plupart d’entre eux ne disposent pas de solutions alternatives d’hébergement et se retrouvent dispersés et isolés. Caché quelque part en ville, dans des parkings, dans des stations de métro, en banlieue ou ailleurs loin de Paris. Ils n’ont souvent pas accès à l’aide alimentaire et aux soins. Ils souffrent de solitude sociale, de la perte de leur emploi et de l’éducation de leurs enfants.

Les Jeux Paralympiques débutent ce mercredi à Paris. Qu’est-ce que cela signifie pour les déplacés ?

Tous les camps, squats et espaces de vie informels ont déjà été évacués et les gens ont été déplacés. Pourtant, il y a encore des centaines de personnes dans les rues de Paris et de Saint-Denis. Cependant, la fin des hébergements temporaires, par exemple dans les gymnases, entraîne avec la reprise du fonctionnement des écoles le risque que ces personnes se retrouvent également directement à la rue pendant les Jeux Paralympiques.

Que disent les citadins résidents permanents de ce que vous appelez le « nettoyage social » ?

La question des sans-abri ne suscite pas beaucoup d’intérêt. Nous n’avons jamais eu de grande démo là-dessus. Certains Parisiens se réjouissent de sa disparition, tandis que d’autres peuvent s’indigner.

Quelle a été la réaction face à cette misère sociale ?

Même si elles ont été soulevées à plusieurs reprises dans le débat public, les préoccupations sociales entourant les jeux de Paris ont été peu défendues politiquement. Compte tenu de l’absence de majorité à l’Assemblée nationale, on ne s’attend pas à des changements radicaux à court terme, même avec un gouvernement de gauche. La « politique sociale » du président Emmanuel Macron nous rend pessimistes.

Quel est le travail de votre initiative en la matière ?

Nous sommes explicitement un collectif qui rassemble plus de 100 organisations qui travaillent chaque jour auprès de personnes en situation de vie précaire. Nous nous soucions des personnes vulnérables dans l’espace public, des sans-abri, des migrants sans toit, des travailleuses du sexe, des toxicomanes ou des personnes qui dépendent de l’aide alimentaire et de l’accès à des soins de santé gratuits.

Nous faisons connaître publiquement notre présence. Dans notre rapport « Une année de nettoyage social », le philosophe Barret Bertelloni décrit : Dans la nuit du 29 octobre 2023, à Aubervilliers, le message a été projeté sur la façade du siège du Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP). ) : « Paris 2024 : le revers de la médaille. » Une lettre ouverte a été distribuée aux autorités compétentes et aux organisateurs. Avec ce cri d’alarme, nous avons attiré l’attention sur le fait que les populations les plus vulnérables et les plus précaires sont affectées par le déplacement et l’invisibilité et dépendent des autres. Surtout lors de tels méga-événements sportifs à l’impact mondial.