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Nous, complices du désastre de la planète

Nous, complices du désastre de la planète

2023-05-17 09:27:48

Le bien qui apparaît comme beau porte en lui la raison pour laquelle il doit être fait. C’est la première pensée qui m’est venue à l’esprit à la lecture de ce beau dialogue entre Carlo Petrini, que je connais et respecte depuis des années, gastronome et militant connu dans le monde entier, et Gaël Giraud, économiste jésuite dont j’ai apprécié les diverses contributions dans civilisation catholique(…).

Pourquoi ce lien ? Car la lecture de ce texte a généré en moi un vrai “goût” du beau et du bon, c’est-à-dire un goût d’espoir, d’authenticité, d’avenir. Ce que les deux auteurs mènent dans cet échange est une sorte de « récit critique » à l’égard de la situation mondiale : d’une part ils développent une analyse raisonnée et rigoureuse du modèle économico-alimentaire dans lequel nous sommes plongés qui, pour se référer à la célèbre définition d’un écrivain, « il connaît le prix de tout et la valeur de rien » ; d’autre part, ils offrent plusieurs exemples constructifs, des expériences établies, des événements singuliers de souci du bien commun et des communs qui ouvrent le lecteur à un regard de bien et de confiance sur notre temps. Critique de ce qui ne va pas, histoire de situations positives : l’une avec l’autre, pas l’une sans l’autre.

J’aime souligner un fait significatif : le fait que dans ces pages Petrini et Giraud, l’un septuagénaire militant, l’autre cinquantenaire professeur d’économie, ou deux adultes, trouvent des motifs établis de confiance et d’espoir dans les nouvelles générations. Habituellement, nous, les adultes, nous plaignons des jeunes, en effet nous répétons que les temps “passés” étaient certainement meilleurs, et que ceux qui viennent après nous gaspillent nos conquêtes. Et au lieu de cela, nous devons sincèrement admettre que ce sont les jeunes qui incarnent personnellement le changement dont nous avons tous objectivement besoin. Ce sont eux qui nous demandent, dans diverses parties du monde, de changer. Changer notre mode de vie, si prédateur envers l’environnement. (…) Et non seulement ils nous demandent, ils le font : descendre dans la rue, manifester leur désaccord avec un système économique injuste pour les pauvres et ennemi de l’environnement. Et ils le font dès le quotidien : ils font des choix responsables en matière d’alimentation, de transport et de consommation.

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Les jeunes nous éduquent à ce sujet ! Ils choisissent de moins consommer et de vivre davantage de relations interpersonnelles ; (…). Pour moi, voir que ces comportements se répandent au point de devenir des pratiques courantes est une source de consolation et de confiance. Petrini et Giraud font souvent référence à des mouvements de jeunesse qui mettent en avant les revendications de justice climatique et de justice sociale : les deux aspects doivent toujours rester solidaires.

Les deux auteurs indiquent des voies opératoires pour un développement économique durable et critiquent le concept de base de bien-être qui est aujourd’hui le plus populaire. Celle selon laquelle le PIB est une idole à laquelle il faut sacrifier tous les aspects de la vie commune : respect de l’environnement, respect des droits, respect de la dignité humaine. J’ai été très frappé par la reconstitution par Gaël Giraud de la manière historique dont le PIB s’est imposé comme le seul paramètre permettant de juger de la santé de l’économie d’un pays. Il dit que cela s’est passé à l’époque nazie et que le point de référence était représenté par l’industrie de l’armement : le PIB a une origine « de guerre », pourrait-on dire. A tel point que pour cette raison le travail des ménagères n’a jamais été compté : parce que leur engagement ne sert pas la guerre. Encore une preuve de l’urgence de se débarrasser de cette perspective économiste qui semble mépriser le côté humain de l’économie, le sacrifiant sur l’autel du profit comme étalon absolu.

La nature de ce livre est aussi doublement intéressante. D’abord parce qu’il se déroule sous la forme d’un dialogue. C’est un fait qu’il me semble important de souligner.(…) C’est la conversation qui devient une opportunité de croissance, et non l’intégrisme qui bloque la voie vers la nouveauté. C’est le débat où nous mûrissons, pas la certitude hermétique que nous avons toujours ” raison “. Même et surtout quand on parle de recherche de la vérité. Le bienheureux Pierre Claverie, évêque d’Oran, martyr, affirmait : “On ne possède pas la vérité, et j’ai besoin de la vérité des autres”. Permettez-moi d’ajouter : le chrétien sait qu’il ne vainc pas la vérité, mais c’est avant tout celui qui est « vaincu » par la Vérité, qui est le Christ lui-même. C’est pourquoi je crois fermement que la pratique du dialogue, de la confrontation et de la rencontre est aujourd’hui la chose la plus urgente à enseigner aux nouvelles générations, à commencer par les enfants, afin de ne pas favoriser la construction de personnalités à double verrouillage dans l’étroitesse de ses convictions.

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Deuxièmement, les deux interlocuteurs – sagement stimulés par l’éditeur – représentent des points de vue et des origines culturelles différents : Petrini, qui se définit comme agnostique et avec qui j’ai déjà eu la joie de converser pour un autre texte ; Giraud, jésuite. Mais ce fait objectif ne les empêche pas de mener une conversation constructive qui devient le manifeste d’un avenir plausible pour notre société et notre planète elle-même, tant menacées par les conséquences néfastes d’une approche destructrice, colonialiste et dominatrice de la création. Un croyant et un agnostique dialoguent et se rencontrent sur divers aspects que notre société doit faire sien pour que l’avenir du monde soit encore possible : cela me semble quelque chose de beau ! Et cela d’autant plus que, en comparaison, ressort clairement la conviction de l’importance décisive de la seule parole de Jésus, rapportée par le Actes des Apôtres, absent des Evangiles : “Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir”. Oui, car lorsque les deux interlocuteurs trouvent le mal de la contemporanéité dans la consommation poussée à l’excès et le gaspillage érigé en système, et identifient dans l’altruisme et la fraternité les véritables conditions d’un vivre ensemble durable et apaisé, ils prouvent que la perspective de Jésus est fructueux et lieu de vie pour tous les hommes et toutes les femmes. Pour ceux qui ont un horizon de foi et pour ceux qui n’en ont pas. Fraternité humaine et amitié sociale, dimensions anthropologiques auxquelles j’ai consacré ma dernière encyclique Frères tousdoit devenir de plus en plus la base concrète de nos relations, au niveau personnel, communautaire et politique.

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L’horizon d’inquiétude sur lequel Petrini et Giraud portent leur attention est la situation environnementale critique dans laquelle nous nous trouvons, fille de cette “économie qui tue” et qui a provoqué le cri de souffrance de la Terre et le cri angoissé et angoissé de la pauvres du monde. Face aux nouvelles qui nous parviennent – sécheresse, catastrophes environnementales, migrations forcées dues au climat – nous ne pouvons rester indifférents : nous serions complices de la destruction de la beauté que Dieu a voulu nous donner dans la création qui nous entoure. D’autant plus qu’ainsi ce “très bon” don que le Créateur a forgé avec l’eau et la poussière, homme et femme, périt. Avouons-le : le développement économique inconsidéré auquel nous nous sommes inclinés provoque des déséquilibres climatiques qui pèsent sur les épaules des plus pauvres, notamment en Afrique subsaharienne. Comment pouvons-nous fermer les portes à ceux qui fuient, et fuiront, des situations environnementales non durables, conséquences directes de notre consommation démesurée ?

Je crois que ce livre est un cadeau précieux, car il nous montre un chemin et la possibilité concrète de le suivre, au niveau individuel, communautaire et institutionnel : la transition écologique peut représenter un domaine dans lequel chacun, en tant que frères et sœurs, prend soin du foyer commun, pariant sur le fait qu’en consommant moins et en ayant plus de relations personnelles nous franchirons la porte de notre bonheur. Cité du Vatican, 11 avril 2023



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