Je vais m’exprimer dans le même sens que la majorité de mes collègues ici aujourd’hui et, à cet égard, je suis sûr que je ne dirai rien que vous n’attendiez.
Les efforts de la Russie pour saper l’intégrité de l’OIAC au cours de la dernière décennie sont presque aussi flagrants que son propre usage répété d’armes chimiques.
Personne n’est dupe de la mascarade d’aujourd’hui. Votre choix de briefers, votre déni de l’utilisation répétée d’armes chimiques par le régime syrien, vos attaques contre le travail de l’OIAC, votre refus récent de participer aux réunions du Conseil sur les armes chimiques syriennes, tout cela a mis à nu votre cynisme dans l’organisation d’un événement qui prétend aborder « la diminution de l’autorité de l’OIAC ».
La grande majorité de la communauté internationale comprend que c’est vous qui avez œuvré pour saper l’OIAC.
Chers collègues, la Convention sur les armes chimiques et le travail de l’OIAC sont trop importants pour nous pour permettre à la Fédération de Russie de réussir.
En 1988, huit ans après le début des négociations diplomatiques sur la Convention, l’armée irakienne de Saddam Hussein a mené une attaque à l’arme chimique contre le village de Halabja, qui a tué entre 3 000 et 5 000 personnes. L’horreur de la mort de ces milliers de civils a renforcé l’urgence des efforts visant à obtenir un engagement des États à ne jamais, en aucune circonstance, développer, produire, acquérir, stocker, transférer ou utiliser des armes chimiques.
Vingt ans après l’ouverture à la signature de la Convention à Paris, le régime d’Assad a libéré l’agent neurotoxique Sarin dans le quartier de la Ghouta à Damas, tuant plus de 1400 personnes, dont de nombreux enfants. Malgré l’adoption par consensus en 2013 de la résolution 2118, le régime syrien n’a pas détruit ses stocks d’armes chimiques et le Conseil continue de discuter des lacunes et des incohérences de la déclaration initiale de la Syrie. Nous savons que le régime d’Assad a utilisé des armes chimiques à de nombreuses reprises, notamment à Douma en 2018.
Et il convient de rappeler que l’attaque de Douma a eu lieu un mois après que trois ressortissants russes, Alexander Petrov, Ruslan Boshirov et Sergey Fedotov aient été impliqués dans une tentative d’assassinat à l’aide d’un agent neurotoxique Novichok au Royaume-Uni. Un agent neurotoxique Novichok similaire a été utilisé par le Service fédéral de sécurité russe pour tenter d’assassiner Alexei Navalny.
En réponse à ces attaques répétées aux armes chimiques, des États du monde entier – d’Asie, d’Afrique, d’Europe, d’Amérique latine – ont travaillé ensemble pour renforcer l’OIAC. Après que la Russie a utilisé son veto pour bloquer une enquête conjointe ONU-OIAC sur les responsables des attaques à l’arme chimique en Syrie, les États parties ont voté pour donner à l’OIAC des pouvoirs d’attribution. L’OIAC IIT a par la suite trouvé le régime syrien responsable de 5 attaques CW.
Et j’encourage tous les collègues, mon collègue brésilien en particulier, à lire en détail le dernier rapport de l’IIT sur l’attentat de Douma. M. Aaron Maté a fait diverses revendications aujourd’hui lors de cette réunion. L’un d’entre eux, sur lequel il s’est longuement concentré, était la question de la mousse dans la bouche et si elle pouvait être causée par le chlore. Il a dit très clairement que l’IIT n’aborde pas cette question dans son rapport. Ce n’est tout simplement pas vrai. Il le fait directement à la page 43 du rapport sous la section six point 106. Je vous encourage à regarder également en ligne, à regarder les tentatives réussies très claires qui ont été faites pour contrer l’affirmation que M. Maté continue de faire.
Chers collègues, soyons clairs, ce n’est pas la diminution de l’autorité de l’OIAC qui concerne la Russie. Plutôt l’inverse. C’est le renforcement de l’autorité de l’OIAC que redoute la Russie.
Il y a un point dans la note conceptuelle de cet événement avec lequel nous sommes tout à fait d’accord. La RevCon de mai est un moment important. Nous devons l’utiliser pour continuer à renforcer la mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques. Et avec l’appui continu du Conseil de sécurité, nous devons collectivement nous attaquer au problème des programmes non déclarés, qui a été mis en évidence par l’utilisation répétée d’armes chimiques par la Syrie et la Russie ces dernières années.
