2024-05-14 01:00:00
Les chaînes de télévision kurdes Stêrk TV et Medya Haber TV en Belgique ont été perquisitionnées par la police fin avril. Quelle en était la raison ?
Dans la nuit du 23 avril, la police belge, en collaboration avec des unités dites antiterroristes, a effectué une descente au siège de Stêrk TV et Medya Haber TV. À ce moment-là, il n’y avait aucune autre personne sur place autre que les employés chargés de la sécurité de l’immeuble. Lors de la perquisition, les locaux du studio et les voies d’accès de la petite ville de Denderleeuw ont été bouclées. Lorsque les employés de la station ont découvert l’opération, ils ont tenté de se rendre aux studios. Mais les forces de sécurité ont clairement indiqué qu’elles ne permettraient à personne de s’approcher d’elles. Même les responsables de la station se sont vu refuser l’accès. Lorsqu’ils ont voulu connaître la raison de la perquisition dans les studios, les policiers leur ont fait savoir verbalement qu’il y avait un mandat de perquisition. Ils n’ont rien reçu par écrit.
L’infrastructure de la station a-t-elle été endommagée ?
Après le raid, nous avons constaté que toutes les pièces fermées à clé avaient été cambriolées. Il s’agit de salles dans lesquelles sont hébergées des technologies sensibles et les archives des diffuseurs. Les clés de ces portes se trouvaient dans la chambre du gardien de sécurité. Mais les policiers n’étaient probablement pas intéressés à ouvrir les portes avec les clés. En outre, la police a coupé le courant dans les studios, ce qui a entraîné une interruption de la diffusion. Des caméras et autres équipements de studio ont également été endommagés.
Y a-t-il eu des raids similaires dans le passé ?
Oui. Malheureusement, des recherches similaires ont eu lieu dans le passé sur les chaînes kurdes diffusant depuis l’Europe. Par exemple, en 1996 à la première chaîne de télévision kurde Med TV ou en 2010 à Roj TV. Dans les deux cas, il a été indiqué que des enquêtes judiciaires avaient été ouvertes contre les radiodiffuseurs. Mais les radiodiffuseurs ont finalement obtenu gain de cause devant les tribunaux. Nous ne savons pas encore en détail quel est le contexte de l’enquête et les allégations portées contre nous. Mais nos avocats tentent de clarifier les choses.
Comment l’action de la police a-t-elle été justifiée ?
Nos avocats n’ont pour l’instant pu nous dire que que ces perquisitions sont le résultat d’une enquête menée par le parquet français de Marseille. En conséquence, le parquet belge d’Anvers a ordonné la perquisition. Nous ne savons pas à ce stade sur quoi porte cette enquête.
L’action de la police a-t-elle provoqué des protestations ?
Le raid a été particulièrement critiqué par la société kurde d’Europe et du Kurdistan. De nombreux responsables politiques kurdes ont condamné les actions des autorités sécuritaires et judiciaires. Certains hommes politiques belges ont également émis des critiques à ce sujet. Il est important que nos collègues européens prennent position contre les actions contre les chaînes de télévision kurdes dans l’intérêt de la liberté de la presse. La Fédération européenne des journalistes (FEJ) et son organisation membre belge, l’Association flamande des journalistes (VVJ), ont publié des déclarations. Par ailleurs, des membres du Syndicat belge de la presse se sont rendus dans nos studios après les perquisitions et ont fait une déclaration de solidarité.
Envisagez-vous de faire appel ?
Peu de temps après les perquisitions, nos avocats ont documenté les dégâts causés par les forces de sécurité et ont intenté une action en justice contre les perquisitions. Nous ferons tout notre possible pour obtenir justice. Cette action contre nos chaînes de télévision n’est pas seulement une attaque contre la population kurde, mais aussi contre la liberté de la presse et la liberté d’expression en Belgique et en Europe en général.
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