Nous ne sommes toujours pas candidats à la qualification

Dans cet entretien exclusif accordé au site de la CAF, le technicien congolais revient sur le parcours impressionnant de son club soudanais, Al Hilal, qui mène le premier groupe avec 9 points, en Ligue des champions africaine, Total Energies, et parle également de son agenda comme un entraîneur pour une équipe confrontée aux difficultés de la guerre au Soudan.
*Al-Hilal du Soudan a remporté ses premiers matches en phase de groupes de la Ligue africaine des champions, Total Energies. Quelles sont les clés de cette réussite dans ce contexte difficile ?
-Nous avons décidé cette année que nous devions faire mieux que l’année dernière, malgré les circonstances. Dès le début, nous avions fixé notre objectif, qui était de nous qualifier pour les quarts de finale. Nous avons travaillé pour y parvenir. C’est un peu plus que ce que nous aurions pu imaginer.
Nous avons gagné les trois matches, mais en gardant la même idée que le travail n’était pas encore accompli. Pour l’instant, l’objectif est de se qualifier pour continuer à concourir.
Le Soudan traverse une période de guerre. Comment ce contexte a-t-il affecté vos préparations et vos déplacements pour les matches ?
-Cela a eu un impact énorme, surtout l’année dernière. Cette année, c’est beaucoup moins compliqué, car nous sommes en Mauritanie. Nous remercions le Président de la Fédération Mauritanienne de Football, Ahmed Yahya, pour son invitation à participer à leur tournoi. Nous logeons dans un hôtel et ce n’est pas une situation normale. Il est normal d’être dans son pays. Mais au moins, nous pouvons jouer un tournoi et être plus compétitifs. Je pense que cela explique aussi nos bons résultats en Ligue des Champions de la CAF, Total Energies.
Quelles stratégies avez-vous adoptées pour garder les joueurs motivés malgré les difficultés extérieures ?
Nous avons convenu de ne pas confondre ce qui se passe à l’extérieur et à l’intérieur du terrain. Une fois sur le terrain, il faut se donner à 200%. C’est ce qu’on fait, on travaille dur, très dur. En plus, on écoute les joueurs, et on joue auprès d’eux un rôle de père et de mère. C’est une équipe exceptionnelle car, malgré ce qu’ils traversent, ils restent concentrés, alertes et donnent le meilleur d’eux-mêmes lorsqu’ils sont sur le terrain.

*Pensez-vous que le contexte difficile a renforcé le moral et la solidarité des joueurs de l’équipe ?
-complètement! Nous avons fait appel à un psychologue pendant les préparatifs et il a été très utile. Nous appliquons encore certaines des techniques qu’il nous a enseignées et elles nous aident beaucoup.
Quel a été l’impact de votre expérience de coach au Soudan sur le plan pédagogique et personnel ?
-Sur le plan personnel, je le répète toujours, ce dont je me souviendrai à ma retraite, ce sont les relations humaines. Ce ne sont pas les coupes que j’ai gagnées qui sont les plus importantes, mais plutôt les expériences et aventures partagées que nous avons vécues ensemble. Ici, je vis une toute autre aventure, où on ne fait pas que jouer au football.
Nous apprenons chaque jour à faire face à des circonstances exceptionnelles. Le travail a aussi besoin d’ajustements, car la dynamique est différente de l’année dernière, où nous n’avions pas de tournoi. L’objectif est de garder les joueurs compétitifs. Nous modifions donc un peu les méthodes de formation. C’est une expérience d’apprentissage très bénéfique.

Quel message souhaiteriez-vous adresser au peuple soudanais qui soutient le club malgré l’adversité ?
-Je voudrais leur dire que nous pensons constamment à eux. Il ne se passe pas un jour sans que nous leur consacrions une partie de nos pensées, car la situation est encore très difficile.
La plupart des familles des joueurs de l’équipe se trouvent au Soudan et nous recevons quotidiennement des nouvelles d’eux. Cela nous affecte grandement. Par exemple, récemment, un joueur a appris que ses deux frères avaient été arrêtés. Dans ces moments-là, c’est difficile de continuer. Mais cela favorise également la solidarité au sein de l’équipe, puisque chacun soutient la personne concernée.
Le club d’Al Hilal en Ligue des champions africaine, Total Energies et le football soudanais se portent également bien avec leur qualification
L’équipe soudanaise de la Coupe d’Afrique des nations, Total Energies, est arrivée en tête de son groupe lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Comment expliquez-vous cela ?
La force du football soudanais repose principalement sur deux piliers, Al-Hilal et Al-Merreikh. Ils sont tous les deux compétitifs. Au niveau de l’équipe nationale, cette communication se manifeste par une harmonie rapide, car l’équipe nationale est en grande partie composée de joueurs de ces deux clubs. Ainsi, le travail effectué au sein de ces deux équipes se répercute naturellement sur la dynamique de l’équipe nationale, favorisant une continuité positive.

Après cette performance exceptionnelle en phase de groupes, quels sont vos objectifs pour la suite de la compétition ?
La priorité est de se qualifier en premier. Une fois cet objectif atteint, nous avançons étape par étape. Au début, nous ne faisions pas partie des candidats et nous le sommes toujours. Mais nous avons réussi à figurer parmi les 16 dernières équipes. Désormais, l’ambition est de rejoindre les 8 derniers clubs de la compétition. A ce stade, les matchs se jouent en aller-retour, et chaque match devient décisif. Il faut gagner pour avancer. L’objectif à court terme est clair : atteindre les quarts de finale.