Nouvelle inculpation contre l’ex-président du Pérou

Lima. L’ancien président emprisonné du Pérou, Pedro Castillo, a été accusé de promotions illégales dans l’armée et la police. Plus précisément, lui et d’autres coaccusés sont accusés d’abus de pouvoir, d’influence illégale et de corruption. Il s’agit du troisième acte d’accusation contre Castillo et il a été prononcé par la procureure générale controversée Patricia Benavides.

L’ancien commandant en chef de l’armée péruvienne, José Vizcarra, a déclaré avoir subi des pressions de la part de membres du gouvernement pour promouvoir les officiers Carlos Sánchez Cahuancama et Ciro Bocanegra Loayza. Tous deux étaient des connaissances personnelles de Castillo. Vizcarra soutient qu’ils n’étaient pas qualifiés pour des postes plus élevés.

“J’ai reçu des demandes de renseignements. Il y avait des recommandations pour des promotions à différents niveaux”, avait rapporté Vizcarra aux médias en novembre 2021, peu après les incidents. “Le secrétaire à la Défense m’a convoqué dans son bureau et m’a expliqué pourquoi les candidats recommandés n’avaient pas encore été promus.” Après cela, il a subi de nouvelles pressions de la part des confidents du président pour qu’il procède aux promotions. Finalement, Vizcarra a été démis de ses fonctions de commandant en chef.

Des promotions illégales auraient également eu lieu dans l’armée de l’air et la police. Outre le président, les allégations sont également dirigées contre l’ancien secrétaire à la Défense Walter Ayala et Bruno Pacheco, conseiller du président. Ce dernier avait été arrêté pendant le mandat de Castillo pour des pots-de-vin présumés.

L’ancien président Castillo est détenu à la prison de Barbadillo à Lima depuis décembre 2022 pour tentative de coup d’État. Une autre accusation de direction présumée d’une organisation criminelle a été ajoutée en mars.

La procureure générale Patricia Benavides, qui dirige l’enquête sur Castillo, a été critiquée à plusieurs reprises pour avoir politisé son bureau. L’avocat José Carlos Llerena la voit comme un prolongement de l’interventionnisme américain au Pérou et l’accuse d’avoir participé à un coup d’État ciblé contre Castillo. Selon Llerena, dans la perspective de la destitution du président de gauche, le procureur a rencontré à plusieurs reprises l’ambassadrice américaine au Pérou, Lisa Kenna.

En outre, l’intégrité de Benavides a été remise en question dans le passé alors que sa sœur, la juge Emma Benavides, fait l’objet d’une enquête dans le cadre du scandale de corruption des «cols blancs». Dans le cadre d’un réseau de corruption, les jugements des tribunaux auraient été littéralement achetés. Benavides avait à plusieurs reprises utilisé son influence pour protéger sa sœur de l’enquête. En conséquence, elle-même est devenue la cible d’enquêtes, qu’elle rejette comme motivées “idéologiquement et politiquement”. Jeudi, elle a déposé une requête auprès de la Cour constitutionnelle pour qu’elle abandonne l’enquête à son encontre.