Obésité infantile et insécurité alimentaire : une question de justice sociale | Nourrir avec la science

2024-10-03 06:19:00

Il y a quelques jours, les résultats de l’étude ALADINO (Alimentation, activité physique, développement de l’enfant et obésité) préparée par le ministère espagnol des Droits sociaux, de la Consommation et de l’Agenda 2030, avec l’agence AESAN (Agence espagnole pour la sécurité alimentaire et la nutrition) ont été publiés.

L’étude ALADINO a débuté en 2011 dans le cadre de l’Initiative de surveillance de l’obésité infantile (COSI), promue par le bureau européen de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), dans le cadre d’une stratégie de lutte contre l’obésité. Son objectif est de connaître la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les écoliers entre 6 et 9 ans, d’analyser l’évolution des indicateurs et comment ceux-ci sont associés à des facteurs socio-économiques liés au milieu scolaire et familial.

Cette année, les données ont chuté de 4,5 points par rapport à 2019, où le taux d’obésité était de 40,6 %. En 2023, il est tombé à 36,1 %. Dans le détail, une réduction de 3,1 % du surpoids et de 1,4 % de l’obésité a été obtenue chez les garçons et les filles âgés de 6 à 9 ans. Cependant, dans les milieux les plus vulnérables, le taux n’a pratiquement pas évolué, et les familles dont les revenus sont inférieurs à 18 000 € bruts par an sont les plus touchées.

La réalité est que le taux de surpoids et d’obésité dans ce groupe d’âge est le double dans les familles à faible revenu (23,6 %), comparativement aux familles à revenus plus élevés (10,9 %).

Les filles et les garçons issus de familles ayant moins de ressources économiques participent deux heures de moins aux activités extrascolaires (64,2 %) par rapport aux écoliers issus de familles plus riches (88,1 %). Cela se traduit également par une plus grande sédentarité, puisque les enfants issus de foyers moins favorisés ont tendance à passer plus de temps devant les écrans. 30 % des enfants de ces familles sont exposés à plus de deux heures de temps d’écran par jour, tandis que dans les familles à faible revenu, ce chiffre s’élève à 41 %.

Les aliments de base ont connu une hausse constante, avec une augmentation du panier de courses de 21 % entre 2023 et 2024. Les produits de base comme l’huile d’olive ont augmenté jusqu’à 70 %. Selon l’OCU, il s’agit de la plus forte augmentation depuis 34 ans, touchant également des produits tels que les produits laitiers, les pâtes, le poulet et le riz. Il suffit de parcourir le marché pour constater que les prix des fruits et légumes sont hors de portée pour de nombreuses familles. Selon l’étude ALADINO, seuls 45,3 % des enfants en situation économique défavorable consomment quotidiennement un fruit, et la consommation de légumes diminue de moitié, puisque seulement 23,8 % en consomment quotidiennement. Les filles et les garçons devraient consommer au moins deux portions de fruits et légumes par jour, ce qui semble inaccessible pour de nombreuses familles moins fortunées.

Un autre point inquiétant que met en avant l’étude est le petit-déjeuner. Dans les familles ayant moins de ressources, de nombreux écoliers prennent seulement un verre avant d’aller à l’école.

Selon une étude publiée par la Croix-Rouge en juin 2024, en collaboration avec l’Université Carlos III, seulement 32 % des familles préparent quotidiennement des repas avec des aliments frais, et 80,5 % privilégient les aliments moins nutritifs, mais moins chers.

Le choix d’aliments de moindre qualité nutritionnelle n’est pas tant dû à l’ignorance qu’à la nécessité d’utiliser au maximum les ressources pour nourrir la famille pendant plusieurs jours. Malheureusement, cette situation devient de plus en plus courante. Ce n’est pas que les familles ne veulent pas donner à leurs filles et à leurs fils une alimentation plus saine, mais que, financièrement, elles n’en ont pas les moyens.

L’insécurité alimentaire touche 6 millions de personnes (13,3% de la population), les femmes étant les plus touchées, car elles se privent généralement de nourriture au profit de leur famille. La FAO définit l’insécurité alimentaire comme la situation dans laquelle une personne n’a pas régulièrement accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive pour mener une vie active et saine. Cela peut être dû au manque de ressources.

Ce n’est pas surprenant, car les travailleurs espagnols gagnent six euros de moins par heure travaillée que la moyenne européenne, malgré l’approbation récente de l’augmentation du SMI (salaire minimum interprofessionnel). Les frais de logement représentent entre 40 et 60 % du salaire, ce qui laisse peu de place aux autres dépenses, qui servent souvent à payer les fournitures. Ce qui reste, en fait, c’est de continuer à vivre, ou plutôt de survivre.

Il est évident que les conditions socio-économiques sont cruciales pour assurer une nutrition complète et un développement adéquat des plus petits. Malheureusement, l’affirmation reste vraie : « Le code postal influence davantage la santé que le code génétique. »

Il est essentiel que les politiques publiques se concentrent sur la promotion de saines habitudes alimentaires, sans se concentrer sur pesocentristeet que l’accès à une alimentation nutritive soit garanti à toutes les familles, quelle que soit leur situation économique.

Lutter contre l’insécurité alimentaire afin qu’elle cesse de toucher les plus vulnérables, filles et garçons, est non seulement une question de santé publique, mais aussi de justice sociale.



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