2024-08-11 13:29:23
L’un des favoris aux Jeux olympiques était le ballon de feu qui s’élevait dans le ciel chaque soir. Le fait que tout le monde soit tombé amoureux de la pièce a même surpris son créateur. On espère désormais faire du ballon un nouveau symbole de Paris.
Le 1er décembre 1783, Benjamin Franklin assiste à un spectacle légendaire à Paris. “Jamais auparavant une expérience philosophique n’avait été mise en pratique d’une manière aussi magnifique”, a écrit l’ambassadeur des États-Unis, impressionné. Sous ses yeux et ceux de 400 000 autres spectateurs, le scientifique français Jacques Charles et l’ingénieure Marie-Noël Robert se sont envolés dans le ciel à bord d’un ballon gonflé à gaz, haut de 500 mètres, depuis les Tuileries à Paris. Les frères Montgolfière avaient récemment volé la vedette, mais le ballon de Charles était techniquement plus avancé et le vol était plus impressionnant. « Tout Paris était debout, aux Tuileries, sur les bords de Seine, sur les ponts, dans les champs, dans les rues, aux fenêtres, sur les toits des maisons », notait alors Franklin. .
C’était un déjà vu historique : ces dernières semaines, soir après soir, des milliers de personnes se sont rassemblées dans les rues autour des Tuileries pour voir la flamme olympique, qui techniquement n’en est pas une, s’élever dans le ciel. Franklin a parlé d’une expérience philosophique. Près de 250 ans plus tard, il faut parler d’une expérience poétique. Les Parisiens ont pris la montgolfière « à cœur », comme le dit la maire Anne Hidalgo. Elle a déjà écrit une lettre au président français Emmanuel Macron pour demander que le ballon soit stationné en permanence aux Tuileries.
Difficile de dire pourquoi l’Olympia Montgolfière enchante autant les gens. «Le premier sentiment spontané qui l’a déclenchée a été la fierté», dit Mathieu Lehanneurle concepteur de l’œuvre. Cela est peut-être dû à l’effet de surprise à la fin de la cérémonie d’ouverture, à la beauté de l’objet volant, mais aussi à la prouesse technique qui se cache derrière, car il s’agit de la première flamme sans CO2. Une chose est sûre : le ballon doré dans le ciel nocturne de Paris crée un sentiment que partagent tous ceux qui le voient. C’est un véhicule de convivialité. Les gens regardent le ciel sans voix, comme si quelque chose de surnaturel planait au-dessus d’eux.
“Votre engin peut-il vraiment voler ?”, a demandé à Lehanneur un ingénieur du fournisseur d’électricité français EDF, où ils travaillent sur une flamme sans flamme depuis plusieurs années. Au cours des premiers jours, certains courtiers se sont plaints du fait qu’il n’y avait pas de véritable incendie sous le ballon. Le fait est que créer l’illusion avec le brouillard d’eau et la lumière est une prouesse technique. Il y a de puissantes lumières LED dans le panier qui éclairent le brouillard d’eau provenant des grands atomiseurs. Le mouvement crée l’illusion de flammes flamboyantes.
Une anecdote prouve à quel point leur réalité est trompeuse. Pour garder le secret avant la cérémonie, Lehanneur et son équipe n’ont pas pu tester le vol en montgolfière à Paris ni dans son intégralité. Il a fallu décomposer le projet en plusieurs parties et les tester loin de la capitale. “Nous étions au milieu de nulle part, le brasero était accroché à une grue, quand nous avons entendu des sirènes”, raconte en riant Lehanneur à un petit groupe de journalistes. Les pompiers sur place étaient toujours sûrs qu’il y avait de vraies flammes et que la grue brûlait.
Lehanneur, 49 ans, déjà une star avant cette commande, avait bien sûr en tête la scène de 1783 qui lui a donné l’idée du feu volant. Le vol en montgolfière de Charles a provoqué une « ballomanie » dans les arts et l’artisanat à l’époque. Pendules, dossiers de chaises, assiettes en porcelaine, papier peint : les ballons étaient partout, même les jupes et les coiffures des femmes étaient basées sur le miracle du ballon. Nous pouvons désormais parler à nouveau de « ballononomie ». Lehanneur lui-même est honnêtement surpris du succès de son idée. « Cela éveille un sentiment de liberté, de poésie. En revanche, c’est ancré dans son époque, c’est un OVNI, presque une rencontre du troisième type. Mais je suis bien heureux qu’on n’ait glissé ni dans une idée romantique de liberté ni dans la science-fiction. C’est ce contraste qui me rend fier et qui explique peut-être notre succès », déclare Lehanneur.
Que signifie le ballon
En concevant le flambeau, le chaudron et le brasero, Lehanneur avait en tête la devise républicaine de liberté, d’égalité et de fraternité. La torche représente l’égalité grâce à son design totalement symétrique. “Pour la première fois, il y a parité et il y a autant d’athlètes féminines que d’athlètes masculins”, a déclaré Lehanneur. Dans son concept, le chaudron reflète la fraternité car les gens se rassemblent autour de lui, le brasero avec le ballon reflète la liberté.
La flamme décarbonée représente l’ambition de Paris d’accueillir des jeux durables. Lehanneur est convaincu que les prochains matchs ne permettront plus à une grande flamme de brûler avant deux semaines. « Pour obtenir une vraie flamme très jaune et très brillante, il faut brûler une quantité complètement insensée de gaz. Sur d’anciennes photos du chaudron à feu prises pendant la journée, on peut voir de la suie noire s’élever.
Le président n’a pas encore répondu à la demande du maire. Les Tuileries font partie du Louvre, qui ne veut pas craindre de devenir un nouveau pôle d’attraction touristique. Après tout, 10 000 curieux admiraient chaque jour la vasque de lumière sur le sol, même s’ils devaient s’inscrire et que les places étaient prises en un rien de temps. On a également calculé que la « flamme » une fois dans le ciel consommerait 25 kilowatts d’électricité par heure, ce qui équivaut au fonctionnement d’autant de fours. EDF souligne que l’électricité est « 100 % non fossile », sans doute parce que les Français comptent dans ce chiffre la part importante de leurs centrales nucléaires. A cela s’ajoutent deux à trois mètres cubes d’eau par heure, soit un peu plus dans le ciel la nuit que sur terre le jour, ce qui coûte à lui seul 184 euros par jour. Il faut donc que quelqu’un prenne en charge le budget annuel de 64 000 euros. Mais la Tour Eiffel, qui devait être démolie après l’Exposition universelle, est toujours debout. Ce serait dommage si la liberté ne planait plus dans le ciel parisien.
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