Malgré les vidéos moqueuses publiées sur les réseaux sociaux et les critiques acerbes du chef de l’opposition, le maire de Québec, Bruno Marchand, a vigoureusement défendu la décision de procéder à une opération de déneigement, lundi soir, même en l’absence de chutes de neige significatives au sol.
«Nous n’avons aucun intérêt à gaspiller l’argent des contribuables. Les raisons qui ont motivé cette opération hier [lundi] sont liées aux prévisions de 10 centimètres de neige pour demain [mercredi]. Des problèmes de gel et des soucis avec les égouts étaient également en jeu. Il était nécessaire d’effectuer le déneigement», a assuré M. Marchand, mardi matin lors d’une rencontre avec la presse.
Insistant sur le caractère administratif de la décision de déclencher l’opération de déneigement, le maire a souligné l’importance d’agir rapidement dès lundi.
«Les gens voient simplement une charrue passer, mais oublient que cette charrue a pour mission de dégeler si nécessaire et de répandre des abrasifs. Il y a plusieurs tâches associées à une charrue», a-t-il rappelé.
Moqueries de Villeneuve
Ces explications n’ont pas convaincu le chef de l’opposition, Claude Villeneuve, qui a tourné en dérision le fait de «déneiger quand il n’y avait pas de neige».
«Je suis abasourdi. Je ne comprends pas pourquoi une telle intervention a été menée hier [lundi]. Je ne comprends pas pourquoi des centaines, voire des milliers de citoyens ont dû payer pour un stationnement nocturne», a-t-il critiqué, rappelant que le coût d’une opération de déneigement était estimé à 1 million de dollars avant la pandémie.
«C’est clairement de l’argent jeté par les fenêtres. Nous aurions pu déneiger après les 10 centimètres attendus pour mercredi. Cela aurait été plus efficace… Nous pourrions nous demander si le maire ne cherchait pas à occuper les cols bleus avant une grève imminente», s’est-il moqué. «Nous considérons que c’est une mauvaise plaisanterie coûteuse.»
De son côté, Patrick Paquet, chef d’Équipe priorité Québec (EPQ), a qualifié de «complètement ridicule» la décision de déneiger lundi soir.
«Une erreur coûteuse», a-t-il regretté. «Cela signifie que lorsque c’est le moment de sortir, nous ne le faisons pas, et lorsque ce n’est pas le moment de sortir, nous le faisons. Hier [lundi], nous avons cassé la machine en premier lieu, entraînant des coûts. C’est ce que nous avons fait.»
«Gestion des risques»
La question du déneigement a continué de susciter des réactions lors du conseil municipal en soirée.
«Monsieur le président, j’ai déjà entendu cela ici comme une blague : “on peut toujours ne pas ramasser la neige avant qu’elle tombe.” Mais hier [lundi], c’est précisément ce que nous avons fait et je me suis demandé si la Ville de Québec cherchait à se retrouver dans l’émission Infoman en heures de grande écoute», a ironisé la conseillère de Québec d’abord, Anne Corriveau.
Pierre-Luc Lachance, responsable de l’entretien des voies de circulation au comité exécutif, a tenté d’apporter des explications.
Il a souligné que les directeurs en charge du déneigement analysent les informations reçues sur le terrain pour prendre des décisions.
Dans ce cas précis, il s’agissait d’une «opération de gestion des risques en fonction des prévisions météorologiques», a-t-il justifié.
La Ville avait reçu une vingtaine de centimètres de neige durant le week-end, dont une partie non fondue s’était accumulée en bordure de rue. Cette neige mouillée pouvait rapidement se transformer en glace avec la baisse des températures, a-t-il expliqué.
«Le défi dans ces opérations est que 98% de la rue est en bon état, mais notre préoccupation concerne les 2% où des accumulations sont présentes, nécessitant une intervention», a-t-il précisé.
«Cela signifie que nous devons “allumer nos clignotants” pour laisser de l’espace à la machinerie.»
Il y avait également des travaux à réaliser pour déboucher les grilles d’égout en prévision de la fonte, selon lui.
— Avec la collaboration de Dominique Lelièvre